flou

perchée sur la rive au bord du lac, naphtaline ferme les yeux, un sourire paisible étirant ses lèvres d'onyx. elle adorait le vent, il était - probablement - son plus fidèle ami et allié. elle le connaissait par coeur, avait su l'apprivoiser, avoir su s'en amuser, avait su l'apprécier. rien de comparable à la sensation du zéphyr emmêlant  ses longs crins d'un souffle irrégulier. ce qu'elle aimait sans doute, c'était sa capacité physique à lutter contre la force violente et impétueuse de l'air mécontent, et la résistance frileuse de sa peau sombre. elle aimait jouer avec ses limites, elle aimait se tester, elle aimait ressentir chaque muscles de son être se bander pour contrer l'assaut d'une force de la nature aussi incontrôlable que le mistral.

mdr j'aime pas bien ce ton moqueur dis donc è_é

bercée par le sifflement du vent qui l'assourdit presque, la ponette ne prête d'abord pas attention au doux bruit qu'émet l'étalon bicolore, tant son hennissement se mêle aux cris des bourrasques. et puis elle ouvre les yeux, dardant son regard lunaire sur la silhouette - bien plus massive qu'elle, comme toujours - qui la regarde avec curiosité. elle cligne des yeux plusieurs fois dans un moment de flou, puis adresse un sourire énigmatique à l'étalon, pointant ses oreilles vers lui en guise de bonne foi. elle penche la tête et dit doucement : salut

moué ¬¬

il s'approche d'un pas un peu trop pressé mais elle ne bronche pas, redressant sa tête lorsqu'il arrive à sa hauteur - enfin, c'est vite dit, il était clairement bien plus grand qu'elle secouant d'un air négligé son long toupet qui tombe en travers de ses yeux, elle observe le massif étalon, comparant brièvement sa carrure à la sienne, se demandant s'il était de ceux qui la regardait avec supériorité, pensait que leur taille était un gage de leur valeur. à sa question, elle lui adressa un nouveau sourire énigmatique, pfoulala que de mystèèèère je jouais à résister au vent, avoua-t-elle finalement en toute honnêteté. et toi, qu'est-ce que tu fais là?

je ... elle remballe les premiers mots qui lui vient en bouche, et enchaîne sur une réponse qui lui semble plus adaptée : je ne me suis pas envolée, alors j'imagine que oui à sa réponse, elle est un peu déçue... elle aurait imaginé une histoire un peu incroyable, une envie irrépressible, presque surnaturelle, l'aurait guidé ici, pour la retrouver elle, car ils étaient supposés se rencontrer. elle ne peut s'empêcher de sourire à cette pensée naïve, avant de se réaliser qu'elle s'était perdue un peu trop longtemps dans ses pensées. je suis peut-être aussi ennuyeuse que ton ennui, souffle-t-elle en haussant les épaules même si les chevaux ils peuvent pas faire ça on est sur GS non lol bref.

bizarrement, cette pensée des plus logiques n'avait pas effleuré l'esprit de la petite noiraude et de moi non plus elle hoche la tête à sa réponse, peut-être un peu flattée, et s'attarde sur son drôle de sourire : du peu qu'ils avaient échangé, la façon d'être de l'étalon ne semblait pas faire de lui un danger. il semblait être une personne tout à fait lambda, pourtant, certaines de ses attitudes intriguaient la jeune ponette.
alors qu'il se penchait sur les fleurs grises, se rapprochant inexorablement d'elle, naphtaline retint un mouvement de recul et porta son attention sur les petites plumes pâles qui s'envolaient en tourbillonnant. on dirait des petits parachutes, fit-elle observer, avant de revenir au sujet de la conversation :tu as fait le tien ? dit-elle avec un sourire un peu narquois.

je ne suis pas vraiment du genre superstitieuse, confesse-t-elle avec un sourire presque gêné, comme si elle s'excusait, puis elle laisse son regard vagabonder sur les petits parachutes venus se noyer dans le lac. idiots. comment tu t'appelles ? questionne-t-elle, sans reporter son attention sur lui.

son nom sonne comme un couperet aux oreilles de la ponette, qui tourne brusquement la tête vers lui. pourtant son attitude n'a pas changé, et il la regarde sans malveillance. mahem. son nom résonne comme un soupir. mahem, répète-t-elle, laissant glisser les syllabes sur sa langue en souriant, d'où viens-tu ? questionne-t-elle, ignorant - comme à son habitude - les questions la concernant. elle y répondrait plus tard, découvrir son interlocuteur était pour l'instant bien plus intéressant.