apocalypse

(L.)

Allez, approche. Ses dents son serrées. Son regard, aussi acéré qu'une lame tranchante. Noir, comme une abysse sans fond. L'abysse appelle l'abysse. Le loup la fixe et, finalement, tourne les talons pour s'enfuir dans la nuit. Son appel brise le silence une seconde plus tard et la lionne, affamée de pensées dérisoires, attend patiemment. Il va revenir. Mieux armé. Plus entouré. Elle l'attend, comme persuadée qu'elle s'apprête à affronter tous ses démons.

Mais Lov n'a jamais cru aux contes de fées. Peut-être parce que les fées elles-mêmes ne sont que de vilains fantômes nuisibles. Elle adresse un sourire acéré à l'akhal. Bien longtemps qu'elle ne l'a pas croisée. Oui. Tu veux que je t'apprenne, peut-être ? fait-elle sur le même ton, amusée.

Elle avait oublié l'arrogance de la noiraude. Pour autant, Lövojka ne s'y arrête pas, peu touchée par ce genre de comportement. Elle fixe seulement ses iris noirs dans ceux de l'akhal, avec puissance et neutralité. Rien qui puisse t'apprendre quelque chose de plus, lâche-t-elle alors avec un sourire acéré, d'une voix grave un peu amusée. Elle s'ébroue, un hurlement fait tourner son oreille valide vers sa source mais elle s'en détourne. Les loups ne s'approcheront plus, maintenant. Et puis, elle n'a plus envie de les affronter. Il suffisait que son fils lui parle de Nyveèn pour que celle-ci lui apparaisse soudainement alors que bien des mois - ou des années ? - les ont laissé l'une loin de l'autre. Mais elle ne dit rien sur ça. Pas maintenant, du moins. Et toi, y a-t-il quelque chose que tu puisses m'apprendre ?

Elle hausse les épaules. Les critiques de l'araignée ne lui font ni chaud ni froid. Lov préfère qu'elle la voie comme une ermite sans se douter de l'animal qui dort. De nouveau ? La lionne n'est, de toute façon, pas au courant d'un quelconque premier meurtre par la noiraude. Sûrement quelqu'un, donc, qu'elle ne connaissait ni d'ève ni d'adam. Immédiatement, elle pense à X. Avec ce qu'il lui a fait... elle ne doute pas qu'elle veuille le tuer. Mais pourquoi la Tribu se joindrait à ça ? Elle garde un calme froid et menaçant. T'as peur de ne pas y arriver toute seule ?

Mais ces dents-là n'écorchent pas la lionne, qui reste impassible. Elle ne réagit pas au comportement hautain et provocateur de la jument, dont elle avait gardé un souvenir bien moins immature. Mais soit. C'est elle qui veut raconter, visiblement. Lov ne l'a en rien forcée. Je suis ravie de l'apprendre, raille-t-elle dans un soupir lassé. En quoi ça me concerne ?

Mais elle non plus ne comprend pas. Lov n'a jamais cherché à la faire parler, c'est elle qui vient lui raconter sa vie et lui montrer, comme toujours, qu'elle est plus forte qu'elle et que tout le monde d'ailleurs. Je ne veux rien. Toi, par contre, tu veux visiblement quelque chose. Va droit au but, Nyveèn. Tu brûles de me dire qui tu te prépares à tuer. A moins qu'elle n'aie besoin d'elle ? Non, sûrement pas, vu qu'elle n'a besoin de personne et qu'elle n'a peur de rien.

Som comportement purement hautain et sûre d'elle ne touche pas la lionne, qui hausse les épaules sans répondre. Elle a juste l'impression de se trouver face à une pouliche capricieuse qui n'a pas ce qu'elle veut. Demande moi ce que tu veux savoir, dans ce cas, Nyveèn. Je ne vois aucune raison de te raconter toute ma vie, tu n'es rien pour moi. Et si tu as l'habitude de batifoler avec des inconnus, soit. Bien heureusement, tout le monde n'est pas comme toi. Elle lui adresse un sourire dédaigneux quand soudain, une grande noire débarque comme une furie. L'unique oreille valide de Lövojka se couche en arrière mais elle reconnait sa nièce. Combien d'années cela fait-il qu'elle ne l'a pas vue ?
Les mots de Bryséis lui ôtent toute envie de la questionner futilement. La lionne se raidit, son coeur s'affole. Et s'il était mort ? Elle se détourne aisément de l'araignée, elle y reviendra plus tard. Où est-il ? Red, son pilier, le premier, l'unique.