furet

Postée à l'orée de la forêt, pour ainsi dire à l'exact opposé du bai, je profite de la fraîcheur qu'offre le couvert des arbres. Et s'il semble ne pas avoir remarqué ma présence - visiblement par la faute de la lumière trop vive du jour - je ne fais rien pour m'annoncer. Au contraire, je choisis même de tourner les talons pour m'enfoncer de nouveau dans les bois. Loin de lui.

Sans même me retourner, je comprends rapidement qu'il est sur mes pas. Je décide alors de faire mine de ne pas l'avoir remarqué et poursuis ma route. Peut-être qu'ainsi il finira par abandonner l'idée de me rejoindre.

Je me fige un peu malgré moi lorsque j'entends sa voix. Je lève les yeux au ciel et me maudis intérieurement. Bravo Absinthe, maintenant tu ne peux plus vraiment jouer la carte de celle qui ne s'est rendu compte de rien. Malgré tout, je ne me retourne pas et ne lui réponds pas non plus. Je me contente de l'attendre comme une idiote, en me demandant comment je vais bien pouvoir me sortir de ce moment fort peu agréable.

- Qu'est-ce que tu veux Aël ? Je lui demande en glissant mon regard azuré sur lui.
Qu'est-ce qui le pousse à venir vers moi, après presque deux ans à m'avoir pour ainsi dire pratiquement évitée ? Dans tous les cas, qu'importe ce qu'il veut, j'ai juste hâte de me débarrasser de lui. Il n'est qu'un des nombreux fantôme de mon passé apocalyptique.

L'enfant ? Une bouffée de chaleur m'envahit. Je couche brusquement mes oreilles contre ma nuque. Voilà un Draggan numéro deux, uniquement intéressé par le fruit de ses entrailles. La colère fait pulser le sang dans mes veines.
- Il n'y a pas d'enfant, je réponds sèchement.
Et petit scoop ; même si j'avais donné naissance à sa progéniture, je ne l'aurais pas averti. Parce que c'est bien trop facile d'arriver comme une fleur, bien des mois après avoir couché, et surtout après m'avoir lâchement abandonnée. Et qu'il me prenne pour une poule, c'est la cerise sur le gâteau. Qu'il aille se faire voir.

Je reste un long moment bouche-bée devant son culot. Décidément, je ne me suis pas fait d'idées en me disant que c'était vraiment qu'un gros con.
- Et tu viens me trouver que maintenant ? Je rétorque en levant les yeux au ciel avant de reprendre le pas. Va te faire foutre Aël.

Je m'arrête finalement quelques mètres plus loin, dos à lui.
- Franchement tu sais quoi ? Après tout ce temps qui est passé depuis, c'est tout comme, je siffle, excédée par ses arguments sans poids.
Et puis, au final, c'était bien le cas. J'avais assumé ma gestation seule, sans aide ni même un simple accompagnement. Que ce soit lui ou Draggan, ils s'étaient bien foutu de ma gueule. Et même si Draggan avait assumé son rôle de père, il n'avait pas assumé grand chose d'autre. Je le détestais pour ça.
- J'en ai rien à foutre que tu sois là alors que tu n'as même pas été foutu d'être présent après m'avoir baisée. De toutes façons, pourquoi le faire ? Des meufs il y en a tellement ici, c'est pas ce qu'il manque. Des trous pour y fourrer sa bite, c'est certain qu'ils se ressemblent tous.