la nuit du feu

Phoenix avait été contrainte à restée au camp, même si elle aurait préféré pouvoir les accompagner, les observer dans l'ombre pour intervenir si quelque chose dégénérait. Ils avaient tous préférés qu'elle reste au camp pour qu'elle soit en sécurité et elle avait fini par les écouter, non sans être de mauvaise humeur. Elle avait passé son temps dans la pyramide, avec Fiona, à discuter avec elle pour essayer de se changer les esprits un peu, en vain. Elle était nerveuse, vraiment. Comme si elle avait eu la sensation que quelque chose allait mal tourner.
Au moindre bruit, la rousse se levait et allait voir dehors, jusqu'à ce que ce soit vraiment les Tsoldur qui rentrent au camp. Bryséis marchait en avant et elle s'approcha de cette dernière, sans réel succès. Elle l'observa rentrer au camp, un peu abasourdie. Nyvèen était ici ? Son poil s'hérissa un peu, elle ne s'attendait pas à ça. Elle retourna son attention sur les deux appaloosas, une lueur inquiète dansant déjà dans son regard. Son pouls s'emballa en voyant leurs airs frustrés. Quelque chose n'était pas allé comme prévu. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Rapidement, ses prunelles cherchèrent derrière eux la présence de sa fille. Son sang ne fait qu'un tour. Où est notre fille ? Cette fois, elle s'était tournée vers Hooker, la panique pointant dans sa voix et dans ses yeux. Elle tremblait déjà, retenait ses larmes aussi, à l'attente de la nouvelle, s'attendant au pire.

Le retour se déroule en silence. Les trois fraternels se mettent indirectement d’accord pour qu’aucun ne lâche le moindre mot. Tous savent que le sujet est sensible et que la situation est grave. Ils sont tous les trois sous tension. L’atmosphère est pénible à vivre, car cette déchirure touchent les trois Tsöldurs avec beaucoup d’intensité. Asmund étouffe sous la colère que dégagent Hook et Bryséis. Son frère et sa sœur lui en veulent terriblement. En temps général, il aurait été tenté d’apaiser les tensions. Mais il devine qu’actuellement, rien ne pourrait calmer les deux redoutables guerriers. Pas même lui.

Hook traîne Nyveèn sans la ménager. Asmund se demande même s’il ne fait pas exprès de la faire violemment glisser sur des pierres et des morceaux de bois qui gisent ici et là, potentiels créateurs d’égratignures profondes. Cette idée ne le surprendrait pas. M’enfin, ce n’est pas lui qui empêcherait son frère d’abîmer un peu l’araignée, au contraire. Mais l’appaloosa ne reste pas trop loin de la prisonnière, guettant du coin de l’œil sa sœur qui, par une brutale montée de colère, pourrait se retourner et se jeter à la gorge de la noiraude, mettant fin à ses jours. Hook n’en serait pas incapable non plus.

Les trois Tsöldurs avaient pris soin de bander les yeux de Nyveèn et de ligoter antérieurs et postérieurs. Même s’ils étaient certains de pouvoir la maîtriser à trois, ils ne souhaitaient pas perdre davantage de temps à cause d’un imprévu. De plus, il était plus simple de la transporter de cette manière. Et le plus important restait avant tout qu’elle n’ait aucune idée de la manière dont elle allait se retrouver là où le peuple de l’Erg comptait l’enfermer.

L’ambiance du trajet atteint son apogée lors de l’arrivée au camp : Hook, Bry et As ne prennent pas le temps de se concerter ni de faire le point sur la situation avant de rejoindre les autres. Sans surprise, d’après le jaguar, bien que cela aurait été plus sage pour ne pas répandre une peur panique et un chaos de colère parmi tous les Ergiens.

Bryséis rentre la première, pleine balle et le pas lourd. Elle n’échange mot avec presque personne. C’est peut-être mieux comme ça finalement. C’est lorsque Phoenix rejoint immédiatement Hook qu’Asmund comprend que le pire reste à venir. Que la fureur Tsöldur qu’il avait tenté de calmer sur place n’était rien à côté de celle qui allait bientôt se mélanger à celle d’une mère comme Phoenix et à celle du reste du camp. Oh oui, le pire reste à venir.

Asmund est rapidement rejoint par Fiona, dans les yeux de laquelle il lit toute l’inquiétude du monde. Il aimerait lui dire que tout s’est bien passé, que le plan s’est déroulé à merveille. Malheureusement, les contes de fée n’existent pas. Et toutes les armées subissent un jour une défaite. Même la meilleure des armées. « Il y a eu un imprévu, mais personne n’est mort. Gardez bien ça à l’esprit, personne n’est mort. » Il tente de rassurer la jument comme il peut, de sa voix ferme et posée. Pendant le trajet, Asmund a eu le temps de réfléchir. Ils ne doivent pas se laisser submerger par les émotions. Ils ne doivent pas s’avouer vaincus en se perdant dans la panique. Sinon, tout est perdu.

Un rapide coup d’œil autour de lui suffit à l’étalon pour comprendre que le peuple Ergien commence à s’amasser dans l’antre principale. Il doit faire vite avant que la panique ne gagne tous les esprits. Si ce n’est pas déjà fait. Vu l’état mental de Bryséis et de Hook, il ne prend pas le risque de compter sur eux pour la suite. Du moins, pas pour ce qu’il compte faire. Même si son frère semble encore dans un état second, Asmund lui intime calmement de lui confier Nyveèn. L’entier profite de l’inconscience de la jument pour la mener au plus profond de la pyramide. Mais il doit faire vite car la panique va bientôt gagner tous les esprits. Mais avant, il doit isoler la vile créature afin qu’elle n’ait connaissance de rien et surtout, qu’elle ne puisse pas s’échapper. Il galope à travers les couloirs, écrase un peu le corps de l’araignée et manque de trébucher. La pièce dans laquelle il la laisse est minuscule, presque étouffante enfaite. Mais ça suffira pour le moment. L’important est qu’elle soit sûre et que Nyveèn n’ait aucun moyen d’en sortir. De toute façon, ce n’est pas le luxe qu’elle mérite. Asmund s’assure que les noeuds sont encore bien serrés et que le bandeau recouvre toujours les yeux de la jument. Une fois cela fait, il referme précautionneusement la pièce grâce à la manière secrète dont il est, pour le moment, le seul connaisseur.

Il se précipite vers l’entrée principale pour rejoindre tous les autres. La sueur gagne bientôt ses tempes. Enfaite, l’inquiétude commence également à le gagner. Mais les raisons ne sont pas les mêmes. Il a peur pour son peuple. Terriblement. Avec la fatigue, Asmund manque d’équilibre et ses épaules heurtent sauvagement les parois étroites des couloirs égyptiens. Pourtant, il ne lui semble même pas ressentir la douleur. Rien n’importe plus que son peuple, que sa famille.

(je vous laisse pimenter un peu les choses si vous en avez envie, j’ai hésité à faire tout d’une traite etc (ptit discours tout ça) mais je vais laisser un peu de temps si jamais vous avez un projet en tête, je ré-interviendrai après <3)

H O O K E R

Le trajet pour retourner à la pyramide c'est fait dans le silence et la tension. La colère, l'amertume, la frustration, ces sentiments, ces émotions, ils font tous partis de son quotidien depuis sa tendre enfance. Mais ce n'est pas des choses qu'il a l'habitude de partager envers les siens, et surtout pas envers sa fratrie, mais aussi de ressentir ça d'eux envers lui. Et cela le ronge et le frustre d'autant plus, créant un malaise étrange au cœur de ses entrailles. Il jette un coup d'oeil au corps de Nyvèen qu'il malmène sans ménagement en la traînant derrière lui, sans se soucier des obstacles qu'elle rencontre. Tout ça c'était encore à cause de cette salope.

Ils arrivent enfin, après ce qui lui a semblé être une éternité. Il s'immobilise un instant, un long frisson d'effroi lui parcourant l'échine. Rentrer au camp sans sa fille lui est insupportable. Machinalement, il tourne la tête en arrière, comme si d'un coup elle allait apparaître à l'horizon. Mais il a beau attendre et espérer, Aulia ne vient pas, toujours captive. Comment allait-il le dire à Phoenix ?

Bryséis et Asmund l'ont devancé et sont rentrés avant lui, l'un des deux à embarquer l'araignée, ce qui n'est pas pour lui déplaire, l'envie de lui éclater le crâne commençait à un peu trop le démanger. Il soupire, les muscles tendus, avant de pénétrer enfin dans la pyramide et rejoindre la pièce principale, où pas mal de monde s'était déjà amassé. Le nom de Nyvèen et d'Aulia sont sur pas mal de lèvres, tout le monde s'interrogent sans que personne ne leur offre pour le moment de réponse. Bryséis est près du feu, bouillonnante. Asmund n'est pas là, la meurtrière non plus. Certainement est-il parti l'enfermé avant qu'elle ne se réveille. Phoenix déboule devant lui, et il n'a pas besoin de poser son regard dans le sien pour sentir son inquiétude et sa peur, il les ressent tant ils sont virulents. L'adrénaline du combat contre Hekâ retombe, et chaque infime partie de son corps le fait souffrir, des plaies sont vraiment moches et salissent de son sang le sol poussiéreux. Il serre la mâchoire, avant d'enfin tourner le visage vers Phoenix. Elle a été enlevé. Par le fils de Nyvèen. Il a du mal à parler, sa voix est rauque. Il est avare en détail, Hooker en est conscient, mais ça fait tellement mal. Elle se battait avec eux, et l'instant d'après, elle n'était plus là. Elle est leur monnaie d'échange contre cette.... Tant qu'on ne la tue pas, Aulia reste en vie ... Ses dents, rougies par le sang, celui d'Hekâ et le sien, se sont dévoilés l'espace d'un instant. La fureur incendie son regard sombre. Il ne peut pas rassurer Phoenix, c'est impossible puisqu'il ne parvient pas à l'être lui même. PUTAIN ! lâche t-il dans un cri ressemblant plus à un grognement de rage, avant que l'un de ses sabots ne viennent frapper le mur le plus proche, laissant une décharge douloureuse dans son corps affaiblit. Il ne peut pas rester ici, il étouffe, il va exploser. Alors il les plante tous là, même Phoenix, et sort dehors où la nuit règne encore, et prend une grande inspiration.

(il est pas out mais pour le moment il est plus dans la pièce principale)

X A N D E R

X était couché dans un coin avec Enja, à attendre le retour de quatre Tsöldurs à être parti traquer Nyvèen. Le pie ne savait pas si c'était réellement la bonne solution, si cela n’engendrerait pas d'autres problèmes. Mais il comprenait leur désir brûlant de vouloir venger Gaya. Cela semblait être un cercle vicieux sans fin. Une vengeance en engendrerait une autre, et ainsi de suite. Instinctivement, son regard glisse vers Azsio, vers d'autres problèmes se profilant à l'horizon. Il ne peut retenir un soupire avant d'embrasser Enja sur la tempe.

Il avait commencé à s'endormir quand des bruits de pas l'éveillent brusquement. Bryséis rentre en trombe, on sent sa colère émaner d'elle telle des vapeurs chaudes s'échappant des bains thermales. Il fronce légèrement les sourcils. Puis Asmund arrive, embarque rapidement … Nyvèen. X se redresse d'un bond, et recule, si il avait pu disparaître à travers le mur, il l'aurait fait. Pourquoi est-elle ici ? Terriblement mal à l'aise en sa présence, il reste terré dans son coin jusqu'à ce que son père face à son tour son entrée et crache difficilement le morceau. Aulia était retenue prisonnière. Xander a du mal à comprendre pourquoi ils n'ont pas abandonné l'idée de s'en prendre à l'araignée à partir du moment où la vie d'Aulia était en danger ? Mais il n'a pas le temps de poser la moindre question qu'Hooker disparaît.
Les gens s'affolent, les murmures deviennent paroles et bientôt un brouhaha assourdissant emplit la pièce. Reste avec ta mère, je vais chercher Asmund. souffle t-il à Enja, avant de s'engouffrer là où était parti son oncle. Il le trouve au bout de quelques instants, l'épaule en sang, à bout de souffle. La panique gagne le clan, Hooker a dit qu'Aulia était prisonnière et il a explosé et est parti. Bryséis semble pas en état de dire quoi que ce soit... Mais si tu ne t'en sens pas capable je peux essayer de les faire patienter ... souffle t-il, s'inquiétant pour l'état physique et mentale des trois membres de la fratrie.

Chaque regard qu'elle croisait ne servaient qu'à accroître l'inquiétude qui prenait place dans ses entrailles. Leur silence ne l'aidait pas non plus, elle commençait à sentir son sang battre ses tempes, dans un mélange d'impuissance et d'angoisse. Elle tourna la tête vers Asmund, les yeux interrogateurs. Un imprévu ? Ça ne l'éclairait pas pour autant, mais elle n'était pas stupide. Elle savait que cela confirmait que quelque chose était arrivé à sa fille. Sa fille qui avait accepté de jouer l'appât pour que leur plan fonctionne, sa fille qui voulait tant donner à sa famille. Son sang ne fit qu'un tour, attendant les explications qui prirent un bon moment à arriver et encore là, elles étaient à peine suffisantes. Phoenix eut brutalement l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds et qu'on lui coupait le souffle avec une violence qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Ses yeux se posèrent distraitement sur le corps de Nyveèn, toujours en vie, qu'Asmund amène quelque part. Elle avait la sensation qu'on lui avait arraché le coeur, une partie d'elle-même. Sa fille était quelque part, séquestrée par le fils de cette putain de vipère qui leur avait déjà tant pris. Sa réaction ne fut pas immédiate, gardant un silence qui n'était pas bon signe venant d'elle pendant un petit moment. Mais sa douce Enja, si innocente, si positive, fut la goutte qui fit déborder le vase. D'un coup, elle ressentit une vague déferlante de rage brûlante monter, si bien que ses oreilles se couchèrent sur sa nuque pour s'enfouir dans sa crinière. Ta soeur, Enja. Il a enlevé ta petite soeur. Toi plus que n'importe qui connait l'enfer qu'on a convaincu toi et moi quand on s'est faites enlevées devrais savoir que ce n'est pas quelque chose que je vais laisser passer en me taisant. rétorqua-t-elle, la voix vibrante de haine. Que personne ne lui dise de se calmer ou elle lui arrachera les yeux. La colère sourde, noire, qui montait n'avait rien à voir avec ce qu'elle avait un jour pu connaître, ou du moins, rien à voir avec les autres colères que les Tsoldurs avaient pu voir d'elle. Rien ne se comparait à la puissance de l'instinct de protection d'une mère envers son enfant. Elle sentait sa peau devenir brûlante de rage, comme si elle s'enflammait. Elle s'écarta légèrement de sa fille, pour faire face aux autres, bien que la plupart n'étaient pas dans la pièce principale. Mais elle savait qu'ils l'entendraient pareil. C'est une putain de blague ! Elle tapa du pied. Elle aurait tellement envie d'étriper l'akhal, de la faire souffrir comme elle les avait tous faits souffert. Ma fille, mon enfant, s'est faite enlever ! Et c'est cette connasse de Nyveèn qui est ici ! Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi c'est pas mon bébé que vous avez ramené ?! Elle crachait ses mots, les criait presque même. Aulia n'est pas qu'une putain de marionnette que l'on peut échanger comme ça ! C'est une personne vivante, MA FILLE ! ET C'EST PAS ELLE QUE VOUS AVEZ RAMENÉ MERDE ! Elle semblait à deux doigts d'exploser et pourtant elle était à deux doigts de s'effondrer. Vous avez intérêt à trouver une solution à ce bordel parce que sinon j'attendrai pas bien longtemps avant d'aller la chercher moi-même, quitte à échanger ma place avec elle ! Ses yeux noirs parcouraient la pièce, prête à affronter n'importe qui qui lui dirait de se calmer ou juste qui oserait la contredire. Elle était en colère contre le monde entier en fait. Contre elle-même, de pas avoir pu empêcher ça. Contre eux tous, d'avoir laisser Horus partir avec sa petite fille. Contre Nyveèn, de lui faire subir ça. Pourquoi est-ce que la vie pouvait pas arrêter de les faire chier au moins une petite minute ?

Sur le retour, Asmund croise son neveu, Xander. Sa présence, ses mots et son calme soulagent légèrement l'appaloosa. Il est inquiet, bien sûr, comme tout le monde ; mais il ne laisse pas la peur prendre le dessus sur lui. L'entier le remercie d'un signe de tête. « Ça va aller. Reste fort, c'est tout ce que je te demande. » Asmund prend une grande bouffée d'air avant de reprendre le pas vers l'entrée principale, accompagné du tacheté. En avant.

La pièce est un véritable brasier. Les cris, les grondements et la colère percutent violemment les parois de la pyramide. On sent toute la tension qui émane du corps de l'arabe rousse. Elle brûle d'indignation, révoltée comme Asmund ne l'a jamais vue. L'étalon observe les alentours ; aucune trace de Hooker. Son frère a du s'isoler, et il a probablement bien fait. Il se connait mieux que personne et il a du prévoir l'explosion de sa bien-aimée. As' se demande s'il aurait tenté de la calmer ou s'ils auraient uni leur colère. Finalement, il préfère ne pas le savoir. Hook doit se douter que calmer un phénix dans cet état relève de l'impossible.

En réalité, Asmund ressent la peine de Phoenix comme un couteau qui déchire ses entrailles. S'il était arrivé malheur à l'un de ses enfants, l'appaloosa ne l'aurait jamais pardonné. Et malgré son sang-froid, il aurait totalement vrillé. Les enfants sont la faiblesse des parents. La pire faiblesse. Bien qu'ils soient aussi leur force. L'appaloosa peine à contenir l'émotion qui le gagne lorsqu'il voit la détermination de la vaillante mère qu'est Phoenix.

Mais cette détermination, sortie tout droit du cœur, sortie tout droit d'un amour inconditionnel, pousse le jaguar à prendre une décision. Il se glisse jusqu'au centre de la salle et annonce, d'une voix forte, le regard planté dans celui de sa belle-sœur. « Tu n'échangeras pas ta place avec elle, Phoenix. Car nous irons la récupérer. Tous ensemble, nous allons nous battre pour anéantir ceux qui cherchent à nous détruire depuis trop longtemps. Ils nous ont déclaré la guerre alors ils goûteront à la défaite. »