Lake of fire ▬ P

Le nez presque au sol, Pandia arrive sur de nouvelles terres. Elle hume chacune des fragrances que peut porter la terre ou même l'air. Elle ne cherche rien pourtant, elle imite simplement son père. Il a beau être discret, elle l'a déjà vu la traquer. Et il est diablement bon à ce jeu là, si bien qu'elle ne lui échappe jamais bien longtemps.
Du coup mademoiselle Pandia profite de l'absence de son père pour découvrir le lac thermal. Elle s'approche, curieuse de voir un léger voile de fumée s'élever à sa surface. Il ne ressemble pas à la source de cristal, c'est certain. Et lorsqu'elle ose y plonger un sabot, elle le retire aussitôt. Outch, c'était chaud ça. Et puisqu'elle est terriblement obstinée, elle va un peu plus loin et teste une seconde fois.

Pour la seconde fois, Pandia se brûle avec l'eau chaude du lac et retire donc son sabot à la hâte. Quelques gouttelettes volent dans les airs, éclaboussant principalement le sol. Le regard de la petite baie tombe sur la silhouette d'un autre poulain. Il semble un peu plus vieux qu'elle. Comme la majorité des autres poulains de sa génération, à vrai dire. Et s'il ne sait pas comment se comporter en société, c'est un peu le cas de Pandia également. C'est pour cette raison qu'elle se contente de l'observer silencieusement.

Pandia ne ressent aucune gêne, elle. Pourtant elle le fixe intensément depuis qu'elle l'a repéré. Il l'intrigue de par sa timidité. Un peu plus et il pourrait disparaître tant il semble effacé. C'est peut-être son super pouvoir d'ailleurs. De disparaître.
- Tu rigoles, elle est brûlante, j'ai pas envie de finir ébouillantée ! S'exclame-t-elle.
Ceux qui réussissent à entrer là-dedans sont prêts pour faire un petit voyage dans les Enfers. De son côté, Pandia est un poil douillette.
- Non, lance-t-elle d'une voix ferme. Rapproches toi, rajoute-t-elle ensuite d'une voix plus souple, plus douce.
Parce que, contrairement à lui, elle sait ce qu'elle veut, la jolie Pandia.

Pour Pandia, c'est plutôt les attroupements qui représentent une gêne pour elle. Elle se sent vite étouffée au milieu des autres. La raison de cette anxiété lui est pour le moment inconnue. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle préfère les petits groupes. Les très petits groupes même. Trois personnes d'un coup, c'est sans doute son maximum. Pandia ne l'a toujours pas quitté du regard. Sa robe rousse prend vie sous les rayons du soleil. On dirait des flammes.
- Tu t'appelles comment déjà ? Demande-t-elle en l'examinant plus attentivement.
Elle n'hésite pas à se déplacer pour l'observer sous toutes les coutures. C'est comme si c'était instinctif. Elle a besoin de se renseigner.

Le parfum du rouquin pénètre ses naseaux dilatés. Il n'a pas de parfum particulier et pourtant quelque chose dans cette fragrance lui plait. Gaara. Elle retient le son nom en même temps que son accent. Il est chantant, mélodieux. Il a quelque chose d'envoûtant, quelque part. Peut-être parce qu'il lui est étranger.
- Il vient d'où ton accent ?
Elle s'arrête face à lui et plonge son regard dans le sien. L'autre jour, il n'a pas spécialement attiré son regard vu qu'il n'était pas dans son équipe. Et elle avait cherché à se faire discrète.
- Je m'appelle Pandia, souffle-t-elle.
Elle profite de ces derniers moments où elle peut se permettre d'utiliser ce nom. Puisque, bientôt, elle sera renommée. Elle n'en a pourtant pas envie... Son nom, c'est sa mère qui lui a donné. Et stupidement, elle aurait aimé garder ça d'elle.

Pandia est à double facette. Ce côté frontal voir presque brutal est toujours présent. Il est simplement atténué lorsqu'elle se retrouve dans une situation peu agréable pour elle. Comme par exemple en plein milieu d'un attroupement de poulains. Pourtant la dernière fois, elle n'a pas perdu son côté froid, direct et directif. Au contraire, elle s'est immédiatement placée en meneuse. Et aujourd'hui, seule face à Gaara, elle est capable d'atténuer son côté froid pour paraître plus accessible. Plus amicale.
- Loin ça ne répond pas à ma question, lui fait-elle remarquer avec intransigeance.
Pandia aime la franchise et la précision. Sans doute qu'elle est trop maniaque, trop portée sur le contrôle. Même en étant si jeune. Sans doute parce qu'elle voit comment son père se comporte et qu'instinctivement, elle cherche à faire comme lui.
- Elle s'appelle comment ta mère ? Toujours plus de questions.
La pouliche brune note qu'il n'a pas parlé de son père. Est-ce qu'il n'en a pas ? Elle réserve cette question pour plus tard. Précieusement.
- J'ai un accent moi aussi ? Demande-t-elle finalement, partagée entre la surprise et le scepticisme.

L'entendre formuler des phrases entières l'étonne presque. Jusqu'à présent, il s'était contenté de répondre très brièvement à ses questions. Serait-il entrain de se détendre ?
- Pour me l'imaginer. Visualiser, répond-elle avec calme.
Pour satisfaire sa curiosité aussi. Et voyager en restant les sabots fermement encrés ici. Ce qu'il ne peut pas forcément comprendre, lui qui a voyagé. R'Ayna. Encore un nom particulier. De nouveau, elle décide de garder cette information dans un coin de sa tête. Ne rien laisser au hasard. Jamais.
- Il est moins beau que le tien en tout cas, réplique-t-elle en s'accordant enfin le droit de lui sourire.

Si Pandia n'avait pas l'habitude de vivre avec des individus froids, peut-être qu'elle se serait inquiétée du comportement peu enjoué du petit alezan. Mais pour le coup, elle le trouve bien plus timide que froid. Et ça ne la perturbe pas plus que ça. Peut-être parce qu'elle manque d'empathie, pour l'instant.
- Quel intérêt ? Demande-t-elle alors, en plantant ses iris vairons sur lui.
Oui, parce qu'elle est comme ça. Elle cherche toujours un bénéfice derrière une action.