La traque. - H

( J'vous le pique )

Déjà deux jours que Njörd et Filao ne sont pas rentrés au camp. Un mauvais pressentiment s'est emparé de Myosotis qui, depuis la veille, tourne en rond dans le camp. Elle essaie de se rassurer comme elle le peut ; ils vont forcément revenir. Njörd est simplement allé chercher Filao. Et s'ils étaient tombés sur une meute de loups ? Ou sur un autre danger ? L'angoisse noue l'estomac de la reine. Elle n'arrive plus à rester calme. Elle ne peut vraiment pas rester au camp. Elle devrait pourtant. Au moins pour maintenir l'ordre et le calme. Sur un coup de tête, elle missionne Absinthe pour prendre sa place et gérer le clan en son absence.
- Je reviens au plus vite Absinthe, je te le promets. Prends soin de ton frère et de tes sœurs, souffle-t-elle à la palomino avant de quitter rapidement le camp.
Heureusement, la piste de Njörd n'est pas difficile à suivre. Le beau temps y est pour beaucoup. Il ne lui faut pas plus d'une heure pour arriver sur les terres de l'Ouest. Myosotis repasse au trot puis au pas lorsqu'elle arrive dans une immense plaine fleurie qui lui fait penser à la clairière d'Iris.
- Njörd ? Filao ? Les appelle-t-elle, dans l'espoir qu'ils lui réponde.
Elle est d'ailleurs tellement concentrée sur ses recherches qu'elle ne remarque même pas les deux humains qui suivent pourtant sa piste depuis son arrivée dans la plaine Abequa.

Plus elle avance et plus son cœur bat fort. L'odeur de Filao s'est jointe à celle de Njörd et elles sont de plus en plus fortes. Signe que Myosotis est sur la bonne piste, ce qui ne la réjouie qu'à moitié. Elle aurait préféré les savoir ailleurs qu'ici. Parce que maintenant elle en est certaine ; elle a également sentie l'odeur des Hommes. Et elle sait que leur présence ici est forcément de mauvaise augure. Elle les connait. Elle sait qu'ils ont mauvais fond, surtout lorsqu'ils s'en prennent aux chevaux. Et savoir que Njörd et Filao sont très certainement leurs prisonniers lui retourne le cœur et les tripes. Nauséeuse, elle ne prend conscience que très tard qu'elle est entrain de marcher vers deux humains. La dorée s'arrête brusquement, pétrifiée par la présence des Hommes qui la replonge dans de vieux souvenirs loin d'être agréables.

Le cœur de Myosotis bat à tout rompre. Elle ressent ses puissants battements dans chaque partie de son corps. Un bourdonnement désagréable la rend sourde. Son instinct lui hurle de fuir mais son corps tout entier est paralysé par la peur ; elle est incapable de bouger. Même lorsqu'elle les voit s'approcher d'elle. La dorée esquisse malgré tout un geste de fuite lorsque le lasso s'élève au dessus d'elle, en vain. Elle sent la corde glisser le long de son encolure et se resserrer lentement au fur et à mesure qu'elle cherche à lutter contre. Myosotis se met à trembler de façon incontrôlable. Et pourtant, malgré sa peur, elle ne cherche même pas à fuir.