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 abyssus abyssum invocat ~

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Faucon
Faucon


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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeMar 3 Nov 2020 - 19:16


Les silences étouffants. Le rapace a failli à son devoir de protéger son camp. Son camp est vide. Désert, ou presque. Trop d'absents, comme autant de blessures venues s'ouvrir là au fond de lui. La nuit est tombée. Sur le monde, sur lui, sur son coeur. Ses yeux semblent injectés de sang, rongés par les insomnies, par l'impuissance. Son oeil-lune parait encore plus dérangeant, comme ça. Mais il ne peut plus attendre. Attendre quoi ? Un miracle ? Qu'elles reviennent soudainement ? La liste est trop longue et les noms, trop importants. Foudre, Cristal, Astrée... Son coeur se serre un peu plus. Hirondelle. Il finit de se craqueler. Boréale. Il aurait dû les suivre, partout ! Être là pour les défendre. Mais t'étais où, Faucon ? À faire les rondes, à courir en tous sens pour tenter d'être partout ? Nulle part, il avait été, Faucon. Et la culpabilité lui grignote la gorge depuis trop de nuits déjà.

Il observe, près d'un corral, n'osant pas toucher la barrière. Les odeurs le rassurent autant qu'elles l'inquiètent ; elles y sont toutes, là. Dans l'air, présentes. Il ne sait pas s'il doit être soulagé ou angoissé. Il s'apprête à pousser un hennissement pour appeler, l'une d'elle, peu importe, leur dire qu'il les fera sortir, s'assurer qu'elles vont bien, toutes. Il a toujours promis de les protéger, chacune d'elles. Aujourd'hui, il est là pour honorer sa promesse. Un cri étouffé lui fait tourner la tête. Il longe la barrière du corral, sa vision perçante tentant de démêler les ombres qui s'agitent - devant lui, et dans sa tête, aussi.
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Abysse
Abysse


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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeMer 4 Nov 2020 - 11:59

Agonie silencieuse. Souffle saccadé. Gémissements étouffés. Boréale s'épuise mais puise dans ses dernières forces et sa combativité pour tenter de donner la vie sans se faire remarquer.
Elle est dans un corral isolé, depuis son arrivée. Combien de lune était ce ? Elle en a perdu le fil. Elle refuse de s'alimenter et boire, même si cela la met en danger, les met en danger, elle ne peut tout simplement pas se résoudre à accepter quoi que ce soit qui viennent des bipèdes. Ils lui avaient dérobé ce à quoi elle tenait le plus au monde : sa liberté. Même si elle était en partie responsable. Cela avait été au dessus de ses forces que de rester cloîtrée au rocher tandis que son peuple était en danger. La corde de sa capture était toujours jonchée autour de son encolure et commençait à lui entamer la chair, elle ne les avait pas laisser l’approcher pour lui enlever, même ce petit humain qui passait des heures à l'observer patiemment.

Les contractions avaient commencé à la tombée du jour. C'était trop tôt, son enfant aurait dû passer plus de temps dans son ventre, mais à croire qu'il avait compris que pour sa survie, c'était maintenant qu'il devait venir au monde. Cela promettait déjà un être valeureux. Cependant le combat pour donner la vie était rude et fastidieux, des heures qu'elle s'accordait aux contractions en poussant en vain. La douleur était insupportable, bien plus vive et décuplée qu'à sa première mise bas. Mais à force cela avait fini comme par l’anesthésier, et à présent elle poussait sans ne plus savoir si c'était le bon moment ou pas, ce qui devait être un événement heureux se transformait peu à peu en instant tragique. Ni elle ni son enfant ne passerait la nuit, Allie devait affronter la réalité. Mais elle ne pourrait le faire sans se battre jusqu'à son dernier souffle.
Et comme si elle ne souffrait pas assez, voilà son esprit qui lui joue un sale coup bas. L'odeur musquée et tant aimée de Faucon se faufile jusqu'à elle. Boréale prend conscience qu'elle ne le reverra jamais, qu'il ne connaîtrait pas cet enfant qu'il n'avait eut de cesse de lui dire qu'il l'aimait déjà tant. Elle se laisse distraire par son souvenir, par ses baisers, ses caresses, ses mots, son regard… Une larme lui échappe, puis un cri, strident, perçant, horrifiant. La douleur est fulgurante, la transperce. Elle a l’impression que l’enfant la déchire de l’intérieur et lui broie les os. Quelque chose ne se déroule vraiment pas normalement. Son corps est trempé de sueur, dans un pénible effort, elle se redresse pour essayer d’apercevoir son arrière main,puis se recouche de tout son long en serrant les dents. L'enfant arrive en siège.
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Hirondelle
Hirondelle


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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeMer 4 Nov 2020 - 16:06

Le soleil s'en est allé, une fois de plus. Blottie contre Foudre, Hirondelle a suivi la course de l'astre de feu dans le ciel. En quelques minutes à peine, l'obscurité de la nuit a tout dévoré sur son passage et Hirondelle a senti son cœur se serrer douloureusement dans son poitrail. Papa... Où est-tu ? Se demande-t-elle pour la énième fois en glissant ses yeux vers le ciel. Ce ciel qu'il doit voir, lui aussi, peu importe l'endroit où il se trouve.
Ses naseaux glissent sous la crinière de la jument noire. Heureusement qu'elle est là. Sa présence rassure Hirondelle mais ne l'empêche pas d'être victime d'insomnie. Impossible de fermer l'œil et elle peine à rester statique. La silver s'efforce pourtant de fermer les yeux et parvient même à s'apaiser quand, soudainement, un cri effroyable s'élève. Hirondelle se relève immédiatement et son regard parcourt nerveusement les alentours. Cette voix, pourtant déformée par la douleur, elle la reconnaitrait entre mille autres. Son sang ne fait qu'un tour et elle s'élance au galop vers la barrière sans réfléchir. Elle freine juste
à temps pour ne pas la percuter et piétine devant, frustrée de ne pas pouvoir la franchir. D'autant plus qu'elle sent maintenant la présence de Faucon, toute proche. Hirondelle renâcle et cherche une faille pour se faufiler à l'extérieur. C'est d'ailleurs à ce moment qu'elle aperçoit Boréale au loin, piégée dans un autre enclos et visiblement en souffrance. Le sang de la nayati ne fait qu'un tour. Il faut qu'elle aille aider sa mère ! Et vite. Parce qu'au fond d'elle, elle sent que c'est urgent. Que Boréale est en danger. Alors sans réfléchir davantage et sans prêter attention à Foudre qui l'a peut-être rejoint depuis, elle choisit l'endroit où les deux planches sont le plus écartées l'une de l'autre et use de toute sa puissance pour glisser dans ce minuscule passage, se fichant bien de se blesser au passage. De toutes manières elle est incapable de ressentir la douleur en cet instant précis. Tout ce qui compte pour elle, c'est de rejoindre Boréale.
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Faucon
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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeMer 4 Nov 2020 - 21:10


Les odeurs sont là. Palpables. Il les sent, comme doté d'un sixième sens. Mais Faucon a beau plisser les yeux, le seul qui fonctionne ne perce pas les ténèbres qui l'entourent. Et si ses sens lui mentaient, pour la première fois de sa vie ? Et si aucune odeur n'était là, que son cerveau lui faisait sentir ce qu'il voulait sentir ? Pas de place pour le doute chez le rapace - et pourtant, il a émit l'éventualité. Qui sait donc jusqu'à quel cynisme peut aller l'esprit sournois ? Faucon n'estimera jamais savoir ça. Il déglutit, sa salive est douloureuse, comme si sa gorge s'était rétractée. La déception laisse place à l'espoir et il tourne même les talons.
C'est là que le cri retentit. Il vient vriller les tympans ultra sensibles de l'entier, le traverse comme un courant électrique - et lui perfore le coeur. Si certains doutent qu'il en a un, le mâle le sent pourtant cracher un sang angoissé à cet instant. Il se rue contre la barrière, apercevant plus loin une forme, couchée au sol. Boréale ? crie-t-il pour tenter de savoir si c'est un rocher ou si c'est elle. La prunelle de ses yeux. Le lien indéfectible. Pourtant, ils avaient réussi à les séparer. Tant qu'on est ensemble, il ne pourra rien nous arriver. Faux, ça aussi. Il n'a pas pu ignorer la douleur entendue dans le cri. Est-ce que le petit arrive ? Déjà ? Non, le temps n'a pas pu passer si vite. Il tente de faire le calcul dans sa tête, rapidement. Non. Cela serait impossible. Invivable ? Une autre ombre semble se jeter vers la carcasse de celle qu'il aime plus que sa propre vie. L'odeur se mélange rapidement à celle de la cheffe Nayati. Faucon pousse un puissant hennissement, sans plus s'occuper de rester discret. Il s'agite contre la barrière en bois, solide. Hirondelle, c'est toi ? Il parle fort, volontairement, pour qu'elles l'entendent. Si elles sont ensemble, s'il les a retrouvées, c'est bon signe, non ? Je suis là, je suis venue vous sortir de là... qu'il aimerait dire. Mais l'urgence qu'il sent plâner dans l'air tend chacun de ses muscles. Il passe l'encolure de l'autre côté de la barrière, la tend le plus qu'il le peut - mais sa vue, défectueuse, ne peut pas lui apporter plus d'indice que son odorat ne lui donne déjà. Il sent une autre odeur se mêler à celle de sa bien aimée et de sa fille. Son coeur se serre un peu. Je vais te sortir de là aussi, Foudre. Peu importe leurs différends, peu importe leur dispute plus violente que les précédentes. Il est là aussi pour elle. Il ronflote, agacé d'être si loin d'elle, de si mal distinguer ce qu'il se passe. Hiron.. Hirondelle, dis-moi ce qu'il se passe. Je vais vous sortir de là, je vais... Il se tait. Enclenche plutôt son cerveau mais la panique le prend de court, lui si habitué à avoir le contrôle sur tout.
Et cette nuit, peut-être pour la première fois de toute sa vie, Faucon n'en aura aucun et sur rien.
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Abysse
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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeMer 4 Nov 2020 - 21:53



Elle pousse encore plus fort, mais chaque poussée est une nouvelle dose insupportable de torture. Allie ne parvient pas, plus, à retenir ses râles de douleur, mais elle donne tout ce qu'elle a, tout le peu qui lui reste, pour libérer son enfant de son corps qui devient au fil des minutes qui passent sa macabre prison. Elle n'a pas la lucidité nécessaire pour laisser ses sens lui donner des informations qui lui sont pourtant capitales, vitales même. Après avoir poussé encore une fois en criant telle une guerrière se jetant en pleine guerre, elle ferme les yeux en essayant de reprendre son souffle, ses flancs se soulevant rapidement, trop rapidement. Elle serre les dents quand une nouvelle contraction lui déchire les entrailles et qu'elle n'a pas eut la force de pousser à l'unisson. Contre tout attente, l'espoir la quitte peu à peu, il s'amenuise, sur le point de disparaître... Quand sa voix retentie. Forte, angoissée. Et en même temps tellement rassurante. Faucon ? Faucon ? Elle l'appelle, de sa voix faible et tremblante, peinant à y croire. Péniblement, Boréale lève la tête pour tenter de l'apercevoir dans la pénombre. Faucon … Elle l'implore presque d'apparaître. Est ce encore son esprit ? Les larmes tracent des sillons sur ses joues salient par la poussière. Et alors qu'elle espère toujours voir son âme sœur apparaître comme par magie, c'est soudain Hirondelle qui arrive en trombe près d'elle. Sa présence se répercute dans tout son être. Ce n'est pas le fruit de son imagination, sa fille est bien là. Rony, oh Rony, tu … Tu vas bien ? Peine t-elle à demander, mais elle doit savoir, elle a besoin de savoir, cela surpasse son propre état. Avec difficulté elle tend le visage vers elle, pour la sentir, pour la toucher, pour se rassurer. Ses sens reprennent un peu leur rôle, et le parfum de Foudre s'insinue dans ses naseaux. Fou...Foudre ? L'appelle t-elle, mais son appel n'est qu'un murmure qui se meurt. Une nouvelle contraction qu'elle loupe et elle sert les dents en gémissant et jetant sa tête en arrière, rompant brutalement le contact avec Hirondelle. C'est alors qu'elle le voit, au travers de la clôture, luttant en vain pour les rejoindre. Mon amour … Il ne peut réaliser comment sa présence impacte son corps et son cœur. Son regard, si unique, il lui redonne la force nécessaire de mener son combat à bien. Celui pour la vie, mais pas la sienne. Celle de leur enfant. Il ou elle doit vivre, coûte que coûte. Il est.. Il est bloqué. Elle lève les yeux vers Hirondelle, n'arrive pas à distinguer avec la pénombre si Foudre est là également. Le.. le sortir. Vi.. Vite. L'enfant est engagé depuis longtemps, certainement trop longtemps. Boréale sent une nouvelle contraction venir et tourne son visage vers Faucon, pour trouver la force de se battre jusqu'au bout. Ses yeux dans les siens, elle est contrainte de rompre un instant le contact visuel en ne pouvant contenir un hurlement douloureux lorsqu'elle pousse une nouvelle fois, espérant que l'une des filles essayera de trouver une solution pour libérer son bébé. Elle ne tiendrait plus très longtemps.
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Foudre
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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeMer 4 Nov 2020 - 22:30



    - FOUDRE - La nuit était calme sur le campement. C'est une nuit obscure, sans étoiles et sans lune. La vallée est plongée dans un épais brouillard. Foudre ne dormait qu'à moitié, la tête posé sur le dos d'Hirondelle, elle somnole. Hirondelle à le sommeil agité, sa respiration est rapide et saccadée, comment réussir à se reposer ici alors qu'il faut être sans cesse sur ses gardes ? La noiraude souffle doucement dans les crins de la Silver pour tenter de l'apaiser, en vain, Hirondelle est nerveuse. La jument s'efforce de fermer les paupières pour se relaxer quelques instants, mais un cri effrayant retentit dans la nuit noire. Boréale ? Foudre et Hirondelle redressent la tête aussitôt, leurs regards se croisent brièvement, avant qu'Hirondelle détale vers la barrière du pré. Foudre la suit aussitôt, les oreilles dirigées dans toutes les directions pour capter la provenance du bruit. Hirondelle force la barrière, et sa fine ossature lui permet de s'immiscer dans le corral. Foudre tente de passer à sa suite, mais elle est trop large pour réussir à s'infiltrer. La noiraude piétine le sol, complètement paniquée, ses naseaux vrombissent, elle se retient d'hennir pour ne pas prendre le risque d'ameuter les hommes. C'est alors que ses naseaux captent une effluve connue, celle de Faucon. La jument plisse les yeux et aperçoit la silhouette de l'étalon à travers la brume, elle s'élance à sa rencontre et s'écrase dans la barrière sans prendre le temps de ralentir avant l'impact. " Faucon ! C'est Boréale... " gémit elle d'une voix terrifiée. " Elle est entrain de mettre bas.. elle ... elle... " Un nouvel hennissement sonore retentit dans la nuit et lui glace le sang. " Tu dois la rejoindre, vite ! " Sans attendre, Foudre agite la tête pour convaincre l'étalon de la suivre, elle a repéré une barrière abimée dans le corral, elle n'est pas assez forte pour la briser mais peut-être que l'étalon y parviendra. Foudre revient ensuite sur ses pas pour retourner au chevet de Boréale, elle passe ses naseaux à travers la barrière pour tenter de la toucher. Une odeur de sang imprègne la robe bicolore de la pie, beaucoup trop intense, ce n'est pas normal. Elle plisse les yeux pour essayer de distinguer les postérieurs de la jument et constate que le poulain est engagé dans le bassin... par le siège. Ils doivent agir vite sinon ni la mère ni le petit ne survivront. Foudre jette un coup d'oeil vers Faucon, toujours occupée à détruire la barrière, ils n'ont plus le temps de l'attendre. " Hirondelle ! " hurle t elle en s'époumonant pour capter l'attention de la silver. " Tu dois l'aider, tu dois attraper le petit. " s'exclame t elle en forçant un peu plus sur la barrière de bois pour effleurer les flancs de Boréale du bout du nez. " Lorsqu'elle pousse, tire sur le petit. " Foudre souffle doucement sur ses flancs pour tenter de tranquilliser la pie. " On est là... ça va aller. Tiens le coup. Faucon est là. Il arrive. " murmure t elle, les lèvres tremblantes pour encourage Boréale. Foudre est angoissée d'être aussi impuissante, de là où elle est, elle ne peut rien faire pour les aider. Foudre jette un coup d'oeil à Hirondelle, elle a confiance en elle, elle y arrivera. Ensemble, elles guettent la prochaine contraction et quand le ventre de la jument se contracte, Foudre ordonne " Maintenant ! "  

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Faucon
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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeJeu 5 Nov 2020 - 11:15


Il dresse ses oreilles. L'urgence lui serre le coeur ; la panique vient se resserrer autour de son cerveau, comme un étau cruel. Si son maître mot a toujours été le contrôle, Faucon n'en a déjà plus aucun. Dans son armure si bien ficelée, l'eau s'infiltre, sournoise, acide. Il fallait choisir une route, alors on a choisi la pluie ; acide à s'en brûler le coeur. Il transpire déjà, appuyé contre la barrière pour tenter, vainement, de se rapprocher. Il entend sa voix. L'appelle-t-elle ? N'est-il pas en train d'imaginer ? Férocement réaliste, le rapace se demande pourtant s'il n'est pas en train de se faire avoir par son propre subconscient. Mais soudainement, son regard le transperce comme s'il était tout près d'elle. Peu importe la distance. Ils ne font qu'un. Sa douleur, il la ressent comme si elle était sienne. Il se met à frapper dans la barrière avec tant de véhémence qu'il n'entend pas Foudre arriver. Il sursaute, lui adresse un regard hagard, déboussolé. Lirait-on de la peur, pour la première fois, dans les yeux de l'entier ? Les émotions, brutes et véhémentes, se libèrent. S'affichent, pour la première fois. Mettre bas ? Mais.. Mais Foudre... Attends ! Il s'élance le long de la barrière inaccessible. Il galope en parallèle avec elle, remarque la faille dans ce qui semble être une muraille l'empêchant de les rejoindre. La jument noire s'esquive, l'étalon lève les yeux. Ici, il est plus près, peut mieux cerner ses contours avachis à même le sol. Pourtant, quelque chose cloche. Sa position ? Plus que ça encore. Les cris de douleur qui s'échappent de sa gorge ? Et plus encore ? Sa vue trouble. Il ne peut forcer la netteté à venir, comme si pour son bien psychologique, son cerveau monopolisait même le contrôle de sa vue, la lui soustrayant dans un pari inégal. Peu importe. Il va aller la rejoindre. Il sera là. Là pour la soulager, l'aider, l'aimer. La sauver ?
Avec rage, l'étalon se jette sur la barrière. Les planches craquent, cèdent un peu. Il essaie de s'y engouffrer ; le bois pénètre sa chair, l'écorche, le griffe au sang. Mais Faucon ne sent rien. Ni la douleur, ni l'épée de Damoclès qu'il sent pendre pourtant au-dessus de sa tête. J'arrive, Boréale, j'arrive ! lui promet-il, le souffle court. Les planches ne veulent pas céder, ses épaules et son encolure se couvrent d'un sang noirci par la nuit mais il ne le voit même pas. Ne sent pas l'odeur métallique goutter au sol. Acharné, il pousse un cri de rage, presque coincé entre les pans de barrière à moitié détruite. Il essaie de se calmer, reste là pris en étau en observant la scène. Il faut que.. que vous l'aidiez... Aidez-la.. Il parle tout bas, presque pour lui-même. Faucon ne redoute pas la mort. Il la connait bien. Il sait la sentir, la déceler, la donner. Et ce qui l'effraie le plus, à cet instant, c'est qu'il la sent. Elle est , autour d'eux, déjà. Elle guette. Attend le moment pour frapper. Non... grogne-t-il dans sa barbe avant de reprendre ses efforts, créant toujours plus de blessures. Celles-ci cicatriseront. Faucon redoute celles qui ne guériront jamais. À cet instant, il préfèrerait bien évidemment qu'elle survivre et que leur enfant meure. Ils s'en remettront, n'est-ce pas ? Parce qu'ils seront encore ensemble. Ils n'auront qu'à en faire un autre ! Mais l'inverse.. l'inverse.. Non, il se refuse à y penser. Ne pourrait pas contenir la panique, la colère. Maintenant ! qu'elle crie, Foudre. Il lève la tête brusquement, le regard perdu. Pourquoi tout est si flou ? Je suis là, Boréale ! crie-t-il pour l'encourager. Lui donner tout ce qu'il peut, à distance - sa force, son amour, son courage. Tu vas y arriver, tu es forte ! Je crois en toi ! On entend les sanglots dans sa voix, pourtant. Lui étreindre la gorge, déjà.
Faucon n'est pas idiot, même si la situation le plonge dans un déni qu'il n'a jamais connu. D'ici, il voit mal. Certes. Mais il sent le sang. Il sent la douleur. Il sent l'anormalité de la naissance. Il sent la mort.
Inutile de chercher des paroles de réconfort,
de lui raconter qu'elle va s'en sortir.
Elle n'est pas stupide. (hunger games)
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Hirondelle
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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeJeu 5 Nov 2020 - 14:37

Un grognement de rage lui échappe alors qu'elle se débat comme un diable pour faire passer le reste de son corps. Le bois lui entaille la peau mais qu'importe... La forte odeur du sang la fait paniquer. Elle n'est assurément plus au contrôle ; c'est son instinct qui lui dicte la marche à suivre. A peine libérée, elle bondit vers Boréale pour la rejoindre. L'odeur du sang est omniprésente. Il y en a partout. Au sol, sur la robe pie de Boréale... Le cœur d'Hirondelle se met à battre tambour battant et ses pensées deviennent de plus en plus floues. Elle se sent perdue et impuissante face à la souffrance de sa mère. La voix de son père finit par la faire revenir à elle et son regard glisse vers la barrière lointaine pour tomber sur une ombre. Son père.
- Papa... Souffle-t-elle d'une voix cassée, brisée par un sanglot qu'elle ravale.
Elle aurait aimé qu'il puisse les rejoindre mais elle sait pertinemment qu'il ne le pourra pas. Elle le sait. C'est joué d'avance. Alors, à contre cœur, elle détourne son regard de lui, pour se concentrer sur la véritable urgence. Lentement, elle approche ses naseaux du visage de sa mère pour y souffler un air chaud qui se veut réconfortant.
- Oui maman... Je suis là... Et... Je... Je te promets que tu iras bien, toi aussi, lui murmure-t-elle d'une voix étranglée.
Ses naseaux duveteux caressent le chanfrein humide de la pie et les larmes lui montent aux yeux. Elle est capable de ressentir toute sa douleur et toute sa peine mais elle n'a pas le temps de se laisser aller à ses émotions. Leur contact prend fin lorsqu'une contraction s'empare de la pie et le cœur de la silver se contracte douloureusement. Sortir le bébé ? Mais... Comment ? Hirondelle est jeune, inexpérimentée. Elle ne connait rien de tout ça. Déboussolée, elle cherche Foudre du regard et se tétanise lorsqu'elle réalise que l'espionne est encore bloquée dans la pâture.
- Je... Qu'est-ce que... Qu'est-ce que je dois faire ? Balbutie-t-elle.
Malgré l'obscurité de la nuit, elle voit l'arrière-main de l'enfant et une sueur froide l'étreint. Ce n'est pas comme ça qu'un enfant vient au monde... C'est donc ça, le soucis ?
- Le bébé il... Il est dans le mauvais sens, gémit Hirondelle.
Elle ne sait même pas comment l'attraper. Est-ce qu'elle prend le risque de tirer sur la base de sa queue, au risque d'abimer les vertèbres du petit ? Elle n'a pas le choix. C'est sa seule prise. Elle attrape donc la base de la queue du petit être avec une délicatesse infinie et se prépare à tirer lorsqu'elle en recevra l'ordre. Et lorsqu'il est donné, elle se met à tirer, aussi fort qu'elle le peut, en prenant soin d'abimer le moins que possible l'enfant qu'elle s'efforce d'aider. Même si les gémissements de Boréale lui retourne le cœur et lui embrume l'esprit. Elle n'a pas le choix. Elle ne peut pas laisser mourir et sa mère et son petit frère ou petite sœur...
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Abysse
Abysse


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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeVen 6 Nov 2020 - 18:41


Leurs voix ne sont que un amas de bourdonnement dans son esprit embrouillé, elle les entend sans parvenir à exactement identifier les mots qu'ils prononcent, qu'ils se disent entre eux, qu'ils lui soufflent. Sa vision est trouble, imparfaite, inexacte. Boréale s'efforce de garder les yeux ouverts, mais ça c'est un effort qui lui coûte. Sa respiration est trop rapide à cause de la douleur, mais elle ne parvient plus à se concentrer mais maitriser le tout. Elle veut juste libérer l'enfant. Les larmes ne coulent plus sur ses joues, elle n'en a plus. Allie sent le contact de Foudre, elle pose son regard dépareillé sur elle mais sans pour autant réellement la voir, elle lui offre malgré tout un petit sourire pour essayer de donner le change. Mais personne ici est stupide. La mort rôde, imposant son froid glacial tout autour d'eux tous, il n'est pas difficile de le sentir. Elle a tant de choses à leur dire et si peu de forces pour le faire. A Foudre, elle aimerai lui dire d'avoir confiance en elle, de croire en ses capacités et de continuer à défendre avec férocité ses valeurs. A Hirondelle, elle aimerait lui dire qu'elle a été fière d'être sa mère, qu'elle aurait continué à l'aider à façonner ce joyau qu'elle devient. A Faucon … Faucon. Amant, amour, âme sœur. Si complexe, si évident. Il n'y aurait pas assez de minutes dans toute une vie pour lui dire tout ce qu'elle avait à lui dire, alors avec le si peu de temps qui lui reste … Ses pensées se dispersent lorsqu'une nouvelle contraction la transperce. Elle pousse, sent Hirondelle les aider, elle et l'enfant, comme elle le peut. Cela fonctionne, elle sent dans son étroit bassin qu'il y a eut une avancée. Il faudrait qu'elle donne tout ce qu'elle a, tout ce qui lui reste, à la prochaine poussée.
Allie se sent faiblir à une vitesse affolante. Ses paupières sont de plus en plus lourdes. Mais elle se sent sereine. Elle sent que son enfant vivra, et que ça ira pour lui, entourré d'eux trois. Allie comprend alors ce qu'a ressenti sa mère, lors de ce maudit jour … Et Boréale prend conscience que sa rancoeur envers Aszio et Azara était injustifiée depuis le début. La douleur avait pris le pas sur la lucidité. Elle regrettait, sans pour autant se jeter la pierre, cela avait été une véritable épreuve que de perdre sa mère. La pie lâche un long soupire, elle pardonne même à Aszio son acte infâme. Elle pardonne à Australe d'être cet enfant maudit qu'elle avait tant rejeté. Elle pardonne à sa mère d'être morte, elle s'en va la rejoindre. Elle aimerait exprimer son seul souhait, sa dernière volonté, de faire sortir coûte que coûte d'ici cet enfant, mais elle est incapable de prononcer le moindre mot, ses lèvres bougent très lentement dans le vide sans qu'aucun son en sorte. Mais Faucon saura, il savait tout d'elle, notamment le fait que sa liberté était son bien le plus précieux. Elle lève son regard vers lui, le distingue difficilement, elle le devine bloqué par la cloture. Elle tend son visage vers lui, comme elle le peut. Le toucher, une dernière fois … Mais elle est interrompu dans ce dernier élan de force par l'arrivée d'une nouvelle violente contraction. Maintenant ! Elle pousse, pousse, crie d'une voix rauque et cassée pour se donner l'ultime courage, sent Hirondelle tirer elle aussi. Tout se pousse, se déchire et se broie d'avantage. Et à l'instant où enfin l'enfant quitte brutalement son corps, la vie la quitte tout aussi brutalement. Sans préambule, sans adieux. L'adage une vie pour une vie qu'elle aimait tant prenait tout son sens aujourd'hui. Ses flancs ont cessé de s'agiter frénétiquement, son cœur a interrompu sa folle cavalcade, ses yeux sont restés ouverts sur Faucon mais sans qu'ils ne soient plus jamais capables de dessiner les contours de son visage, sa bouche est restée entrouverte pour laisser s'échapper son ultime souffle. La vie n'est plus en Boréale.
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Faucon
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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeVen 6 Nov 2020 - 20:01

( song )


    did we create a modern myth ?
Appuyé contre la barrière, l'épaule en sang, Faucon murmure son nom comme une sonnerie à répétition. Boréale, Boréale... Et encore, et encore. Son esprit s'est déconnecté, ses yeux ne veulent plus faire assez de clarté. Qu'a-t-il fait pour mériter ça ? Est-ce le prix à payer pour prendre une vie ?
Des vies, n'en a-t-il pas pris trois, dans sa vie ? Celle de Bailey. Celle du bourreau de Kira. Celle de Séléné. Et aujourd'hui, une main de fer venait récupérer son dû. Trois vies de prises. Trois vies retirées. Et, soudain, ça fait sens dans le crâne du Rapace. Mygale. Toundra. Il en manquait une troisième. Une troisième vie, une troisième âme. La panique s'incruste là où il reste encore de la place, entre la peur et l'urgence. NON ! crie-t-il, comme s'il venait de comprendre. Comme s'il venait de réaliser. Elles vont le sauver, n'est-ce pas ? Il va.. il va l'emmener chez une guérisseuse. Oui, t'aurais pu l'emmener à Séléné, si tu l'avais pas achevée. T'aurais pu l'emmener à ta mère si elle aussi n'avait pas été prise par cette faucheuse cruelle mais juste. L'angoisse grandit ses yeux, les distord, les étire.
    did we imagine half of it ?
Le silence est persécuté par les cris, la douleur qu'il ressent dans sa voix comme si elle était sienne. Il souffre comme elle, à cet instant. Ils partageront tout, qu'ils disaient, n'est-ce pas ? Tout, sauf la mort. Ses yeux le brûlent soudain et il secoue la tête, sans s'être rendu compte qu'il pleure. Les larmes brouillent cette vue inutile, devenue obsolète. Tu peux pas me laisser ! Allie ! Sa voix est vibrante, déchirée par les sanglots qu'il refuse pourtant de laisser venir comme ils le devraient. Oeil pour oeil. Vie pour vie. La folie s'empare lentement de son cerveau, le contamine comme un cancer. Son regard fou se lève vers les trois silhouettes floues qu'il devine, entassées, deux au-dessus d'une. ALLIE ! Son cri résonne dans la nuit.
    so don't forget to breath tonight
Faucon est traversé par une multitude de choses qu'il ne peut gérer. Des flashs, des hoquets, des émotions trop fortes, même pour lui.
    Ma mère est morte en mettant au monde les jumeaux. Ils l'ont tuée, un jour, je les tuerai.
 Il vit une nouvelle fois les scènes, la fureur de Boréale, sa peine aussi. Peut-elle mourir comme sa mère, en donnant la vie ? Faucon n'a pas connu celle que l'on appelait la Lionne mais Boréale lui en a parfois parlé. Alors ? Est-ce que sa famille est maudite ? La sienne, ou celle de Faucon ? Les deux ? Encastré dans la barrière, il semble à moitié mort, perdu, absent, projeté à des années lumières du moment présent. Pour le protéger, peut-être, son cerveau le déconnecte. 
    Tu sais que ma mère devait rejoindre la Tribu ? - Ah bon ? Je l'ignorais. - Oui. Elle a été pleine de moi lorsqu'elle était la captive de mon père. À ma naissance, il lui a proposé d'intégrer la Tribu en temps que vrai membre et non plus de captive. Mais l'arrivée de ta mère au sein des Nayati lui a fait changer d'avis. Dire qu'on aurait pu vivre au moins un peu ensemble... Faucon soupira, sans savoir vraiment quoi lui répondre. Elle était séparée de sa mère à cause de la sienne ? Deux familles bien trop opposées. - Elle avait même déjà trouvé son nom ! Tu sais ce que c'était ? Il secoua la tête. Comment aurait-il pu le savoir ? Allie s'était approché de lui, l'avait embrassé au coin des lèvres. - Elle devait s'appelait Abysse. Cela lui serait si bien allé..
 Le souffle lui manque. Il ne parvient plus à garder pied dans la réalité, sans cesse rejeté des années en arrière. Il se revoit, enfant. Déjà à lui courir après. Déjà dans ses jambes, déjà à la flatter. Il n'avait jamais dit l'aimer. Ce qu'il ressentait pour elle était bien au-dessus de ça.
    tonight's the last to say goodbye
Et d'un seul coup, le lien est rompu.
En un seul instant, quelque chose a changé.
Boréale n'est plus et Faucon le sent jusqu'au plus profond de son âme car elle a pris avec elle un morceau de lui. Il chancèle, se tape contre la barrière. Les yeux dans le vide, il hoquète, le souffle coupé, le coeur aussi. Non, non, c'est impossible... Allie ? ose-t-il espérer. Il pousse encore vers l'avant mais le bois fracassé lui entre si profondément dans l'épaule qu'il se met à hurler de douleur. Et ne s'arrête pas. Il reste là, s'infligeant ce châtiment comme pour se punir. Il aurait voulu la toucher, lui dire au revoir, l'embrasser encore et encore jusqu'à son dernier souffle. Mais elle est morte dans la douleur, sans qu'il ne puisse la soulager de rien. Il ne s'était jamais rendu compte comme leur lien si solide était palpable au fond de lui. À cet instant pourtant, son absence est frappante. Comme s'il lui manquait un organe entier. Il essaie de concentrer sa vision droite, mais il ne parvient pas à la voir clairement. Il lui semble qu'elle le regarde, le visage déjà figé dans la mort, mais est-ce que son esprit ne lui jouerait pas des tours ?
Une forme s'approche mais Faucon ne la quitte pas des yeux. Allie... Allie, on rentre... murmure-t-il, perdu, déconnecté. Il tourne la tête. Croise le regard de Foudre, qu'il reconnait à peine à cet instant. La dévisage lentement, comme effrayé. Elle a mené avec elle une autre forme. Plus petite. Encore humide. Faucon sent ses oreilles s'aplatir sur sa nuque. Il ignore son amie et sa fille, qu'il n'a même pas regardée. Il ne peut pas. Le coeur en mille morceaux, il reprend sa valse tragique. ALLIE ! ALLIE ! Il crie plusieurs fois, jusqu'à ne plus avoir de voix. Jusqu'à comprendre qu'elle ne lui répondra plus jamais.
Jusqu'à comprendre qu'elle est partie et ne reviendra jamais.
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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeVen 6 Nov 2020 - 22:32


    - FOUDRE - La jument trépigne sur place, frustrée à son paroxysme de ne pas pouvoir intervenir. Elle doit assister à la scène, impuissante, c'est insoutenable. Dans la confusion, Foudre réussi à croiser le regard d'Hirondelle et s'y accroche. La panique se lit dans les yeux de la Silver, elle semble complètement paralysée. " Hirondelle. Hirondelle écoute moi. " souffle t elle en plantant son regard dans le sien avec insistance. " Tu vas y arriver, j'ai confiance en toi. " Elle ne dit rien de plus, son regard en dit long. Tu vas y arriver... Tu vas y arriver... répète t elle inlassablement dans son esprit pour tenter de convaincre Hirondelle, mais aussi pour se convaincre un peu elle même. La première contraction n'est pas la bonne, le petit progresse mais ce n'est pas suffisant. Combien de temps Boréale sera t elle capable de tenir ? Foudre force sur la barrière et enfonce un peu plus son épaule dans le bout de bois tranchant, sa mâchoire se crispe en sentant le sang chaud glisser le long de son poitrail. L'adrénaline efface la douleur, tout ce qui compte est d'être prêt de Boréale. Elle réussi à lui effleurer la tempe du bout du nez et lui embrasse le front. " Tu vas y arriver ma belle... tiens bon. " souffle t elle d'une voix tremblante. L'odeur du sang lui empli les naseaux, elle est beaucoup trop marqué. Un souffle glacial s'immisce dans son échine, et pourtant il n'y a pas de vent. Un mauvais présage. Foudre reconnait sans mal l'approche doucereuse de la faucheuse. Non.. C'est impossible. La noiraude jette un regard vers les flancs de la jument, une grosse flaque pourpre se dégage de ses postérieurs, dégoulinant sur le sol si intensément que le sable ne suffit pas à l'éponger. Elle est perdue... Foudre titube légèrement, ébranlée, elle chancèle et s'adosse un peu plus fort sur la barrière tranchante. Boréale ne survivra pas. Son regard se relève fébrilement, elle remarque de Hirondelle continue de tirer désespérément sur l'enfant qui ne demande qu'à naitre. Peut-être que... Peut-être n'est-il pas trop tard pour lui. La noiraude se ressaisit, galvanisée par le maigre espoir, elle s'y accroche férocement. Ses lèvres embrassent une nouvelle fois la tempe brulante Boréale. " Tu vas y arriver. Tu vas le mettre au monde. Je t'en prie. Accroches toi. " C'est la dernière contraction, Foudre le sens. L'enfer est bientôt fini. Ou plutôt s'apprête à commencer. Lorsque le ventre de la jument se raidit, Foudre colle ses lèvres contre le front de Boréale, intensément, pour l'accompagner dans la douleur jusqu'au bout, jusqu'à son dernier souffle. Après de longues secondes interminables, le petit glisse enfin entre les postérieurs de la jument, et à ce même moment, le corps de Boréale retombe inerte, inanimé. Foudre ferme les yeux quelques instants, laissant un torrent de larmes dévaler ses ganaches. Elle s'approche de la défunte dont le corps est encore chaud et lui ferme délicatement les yeux, par respect. Reposes en paix pour l'éternité... murmure t elle intérieurement, le coeur brisé. Elle se détourne ensuite vers la petite chose encore trempée, c'est une pouliche, et elle est vivante. " Lèches là. Vite. " ordonne t elle à Hirondelle. Il est important de la réchauffer avant que la morsure glacée de la nuit ne l'emporte elle aussi. Soudain, des bruits venant du campement retentissent, les humains ont dû être réveillés par les gémissements de la jument. Elles doivent agir vite. Hirondelle semble complètement hagard, elle lèche la pouliche par automatisme sans réaliser ce qui se passe autour d'elle. Sans réfléchir, Foudre saisit la pouliche et l'écarte des postérieurs de sa défunte mère. Elle se contorsionne et la tire, usant de toutes ses forces pour la ramener à elle. Ils ne doivent pas la prendre. jure t elle en entendant les bruits des hommes s'intensifier. Dans quelques minutes, ils seront là. Foudre regarde l'enfant, une petite chose si vulnérable. Je te promets que je te protégerais. souffle t elle en l'attrapant avec précaution par l'encolure pour la tirer jusqu'à la barrière de bois où se trouve Faucon. Ce dernier continue de s'agiter avec hargne, hurlant follement sa colère et son désespoir. La noiraude dépose l'enfant prêt de lui, loin de ses pieds de peur que ce dernier le piétine, il semble tellement égaré. " Faucon.. " murmure t elle en tentant de capter son regard, en vain. L'étalon s'agite, piétine le sol, et Foudre entend les hommes qui se rapprochent, une sorte de chronomètre se déclenche dans sa tête... tic.. tac.. tic.. tac.. Plus que quelques secondes. " FAUCON ! " hurle t elle, sa voix déraille, accablée elle aussi par l'émotion. Elle colle son front au sien, exerçant une pression constante pour accaparer son attention. " C'est fini Faucon. C'est fini.. " souffle t elle d'une voix brisée, les ganaches noyées dans un torrent de larmes inépuisables. Son regard se pose ensuite sur la petite, qui grelotte dans le froid. " Tu dois l'emmener. Si elle reste là, elle ne survivra pas. " Malgré tout ses efforts, Faucon semble toujours aussi désorienté, refusant obstinément de lâcher Boréale du regard. Il ne partira pas sans elle. Foudre jette un regard en arrière, les premières torches s'approchent du corral, elle fait aussitôt fait volte face et pousse un hennissement furieux pour intimer aux indiens de reculer. Furibonde, elle claque sa mâchoire devant le loquet du corral pour les empêcher d'entrer puis, d'un geste vif, récupère une mèche de crins de la défunte. Elle retourne vers Faucon et lui dépose le présent devant ses sabots pour qu'il puisse humer une dernière fois son parfum. " Pour tu gardes éternellement un souvenir d'elle. " Ce souvenir lui permettra peut-être de faire son deuil, car Foudre sait que Boréale n'aura jamais de sépulture. " Pars maintenant. Protèges là. Je te promets de te ramener Hirondelle. " implore t elle, le coeur battant. Un claquement familier résonne dans son dos, les hommes viennent de déverrouiller le corral, Foudre se résigne à abandonner Faucon pour venir faire barrage aux humains. Elle doit attirer l'attention, suffisamment de temps pour permettre à Faucon de prendre la fuite, et à Hirondelle de dire aurevoir à sa mère.

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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeSam 7 Nov 2020 - 10:46

    Il y a un instant où la mort a toutes les cartes et où elle abat d'un seul coup les quatre as sur la table.
Il entend son nom crié maintes fois par Foudre mais semble ne pas y réagir. Ses iris blanchâtres sont rivés sur le corps de Boréale. Elle ne peut pas l'abandonner, n'est-ce pas ? Pourtant, il le sent au plus profond de lui. Il le sent dans son corps et dans son âme. Elle est déjà partie. Sans qu'il n'ait pu lui dire au revoir.
Sans qu'il n'ait pu lui dire ô combien son amour pour elle était grand, indécent, entier. D'une pureté maladive. Mais elle le savait, n'est-ce pas ? Il doit s'en convaincre pour se détacher de ce souvenir qui, déjà, promet de hanter ses nuits pour le restant de ses jours. Le chanfrein de son amie vient brusquement se coller au sien et c'est à cet instant-là que ses yeux se détachent du corps sans vie - et, en même temps, que son coeur se détache et se referme, sans doute pour toujours. Il la fixe sans vraiment la voir et son corps reprend peu à peu contact avec la réalité. La douleur s'instille dans son cerveau et il recule brusquement, arrachant encore un peu de peau et de chair de son épaule où s'était installée si confortablement les pieux de bois. Le sang commence à couler avec plus d'abandonance. Il secoue la tête. Il tente de lutter, encore. Non.. Non, elle ne peut pas.. Foudre, elle ne peut pas. Comme un ordre. Comme si la noire pouvait y changer quelque chose. Torpillé par la douleur, il baisse les yeux vers l'ombre bicolore qui git à ses pieds. Faucon la considère avec un mélange d'effroi et d'instabilité. N'aurait-il pas envie de la tuer, comme Boréale a voulu tuer ses frères et soeurs il y a longtemps ? Son odeur sent la mort et la vie en même temps. Sa gorge se serre. Elle aurait dû s'appeler Abysse. Les mots de Boréale résonnent encore dans sa voix. N'est-ce pas le plus bel hommage qu'il puisse lui laisser ? Abysse, souffle-t-il comme pour lui-même, comme pour la petite, comme pour eux seulement. Il n'a pas remarqué l'absence de Foudre qu'elle est déjà de retour. Les yeux de Faucon fixent ce qu'elle dépose sous la barrière mais il ne voit pas ce que c'est. Il tend son encolure blessée, le temps est suspendu. L'odeur d'Allie l'enivre tandis qu'il hume l'étrange présent que son amie de toujours, malgré les guerres livrées entre eux, lui offre. Les larmes emplissent ses yeux comme l'eau viendrait envahir la coque percée d'un bateau qui ne coulera pourtant pas. Elles ne glissent pas sur ses joues, restent là piégée dans les cumulus de ses prunelles. Il voudrait la remercier - aucun son ne sort de sa gorge. Il n'entend même pas les hommes, ne comprend pas l'urgence, ne veut pas les laisser. La raison se refuse à lui, lui offrant un déni inédit pour l'entier. Jamais il n'a pu autant se détacher de la réalité qu'à cet instant-là. Foudre ! crie-t-il alors qu'il la sent sur le point de s'échapper. Il s'approche de la barrière, colle son front au sien une dernière fois. Son regard saisissant s'accroche à celui, d'un noir profond, de la jument. Je viendrai vous chercher. Je viendrai vous sauver. Protège Hirondelle. J'ai confiance en toi. Aie confiance en moi, lui demande-t-il comme une supplique. 

Le mâle attrape le bouquet de crins blonds à ses pieds puis attrape sans douceur le corps de la pouliche qui grelotte, mordue par le froid. D'un mouvement brusque, il la dépose sur son dos. Accroche-toi. Je te ramène à la maison, Abysse. Comme si la petite, à peine née, pouvait l'écouter. Peut-elle seulement l'entendre ? Faucon n'en sait rien. Mais cela n'a pas d'importance à cet instant. Après un dernier regard sur les silhouettes imprécises de Foudre et d'Hirondelle, il tourne les talons et détale, laissant derrière-lui une trainée de sang frais.
Laissant derrière-lui la disparition qui prendra le pas sur sa raison, sur ces codes qui désormais, ne voudront plus rien dire. À cet instant, Faucon se promet de ne plus jamais faillir à protéger les siens, tout autant qu'ils sont. La moindre menace sera traitée sans pitié. N'importe que leur survie à eux, peu importe si son âme doit être damnée pour l'éternité.
    On peut donner bien des choses à ceux que l'on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m'as donné le plus précieux de tout : le manque. Il m'était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais, tu me manquais encore. Ma maison mentale, ma maison de coeur était fermée à double-tour. Tu as cassé les vitres et depuis l'air s'y engouffre, le glacé, le brûlant, et toutes sortes de clarté.
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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeSam 7 Nov 2020 - 14:56

Le temps s'étire. Hirondelle ignore depuis combien de temps elle tire mais ça lui semble long. Beaucoup trop long. Elle reste pourtant concentrée sur sa tâche en écoutant les directives de Foudre. Plusieurs fois, elle pense abandonner. Rien n'avance et Boréale souffre le martyr. Heureusement qu'elle peut compter sur la noiraude pour lui redonner confiance en elle. Une nouvelle fois, la silver se met à tirer. C'est la dernière fois. Le corps de l'enfant glisse au sol, dans une marre de sang. Celui d'Hirondelle se glace. Tout ce sang, ce n'est pas normal. Elle refuse d'y croire. Ce n'est pas le sang de Boréale. Autour d'elle, le monde se coupe. Elle devient sourde et aveugle et c'est uniquement par automatisme qu'elle commence à lécher la pouliche. Hirondelle ne s'arrête que lorsque Foudre s'empare de la nouvelle-née et elle revient à la réalité. Brutalement, sans préambule. Son regard dépareillé glisse sur le corps sans vie de sa mère et enfin, ses émotions prennent le dessus. Un sanglot lui échappe et elle se laisse tomber à genoux pour pouvoir enfouir son visage dans les crins poussiéreux de la pie.
- Tu me manques déjà... Murmure-t-elle contre sa peau déjà tiède.
Quelques minutes plus tard, les indiens arrivent, sans doute alertés par leurs hennissements et gémissements. Lorsqu'ils s'approchent d'elle, Hirondelle se redresse et couche ses oreilles contre sa nuque. Elle se place devant le corps de Boréale et refuse qu'ils s'en approchent.
- Dégagez ! DEGAGEZ ! Hurle-t-elle en se cabrant, folle de chagrin et de colère.
Ses blessures l'empêchent de résister longtemps et après quelques minutes de lutte, elle abdique et quitte à contrecœur la dépouille de celle qu'elle a aimé comme sa mère de sang.

Au revoir maman... Tu brilleras dans l'obscurité de la nuit, désormais.

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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeSam 7 Nov 2020 - 21:55



    - FOUDRE -  L'agitation est à son maximum, Foudre envoi sa mâchoire claquer à travers la barrière pour ralentir la progression des indiens. Elle mord et frappe tout ce qui passe à sa portée. La colère qui inonde son âme la rend plus dévastatrice qu'une tornade. La noiraude est alimentée par la rage, ses pupilles sont tellement dilatées par la colère et par l'obscurité qu'on ne distingue même plus ses iris, juste deux billes noires. Les humains arrivent finalement en masse, Hirondelle est emmenée loin du corral. Certains indiens tentent d'attraper Foudre, en vain. Ils se résignent à la laisser dans la pâture. Le calme revient. Un silence morbide. Même les chouettes ont cessé d'hululer.

    La jument noire retourne au bord de la clôture, elle regarde avec tristesse la dépouille de sa défunte amie. Le clair de lune illumine le corps doré de la jument. Elle semble baignée par la lumière céleste. Un spectacle triste mais beau à la fois. Foudre laisse échapper une petite larme. Boréale semble soulagée, comme endormie. Les traits de son visage ne sont plus tirés par la douleur, et son corps est complètement détendue. " Tu es mieux là où tu es maintenant... " soupire la noiraude. Elle l'a veillera jusqu'au petit matin, pour lui rendre hommage. Ce n'est qu'à l'aube que les indiens déplaceront son corps pour le brûler dans un grand brasier. La noiraude n'a jamais vu ce genre de pratique, mais peut-être atteindra-t-elle plus rapidement les cieux ? Foudre se fait une promesse ce matin là. Elle ne laissera pas tomber Faucon, ni Hirondelle, ni Australe, et encore moins Abysse. Ils seront sa famille. Et ce, même s'ils ne partagent pas le même sang. Mais surtout, elle n'oubliera jamais Boréale. abyssus abyssum invocat ~ 4210004060  

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abyssus abyssum invocat ~ Icon_minitimeSam 7 Nov 2020 - 22:26

abyssus abyssum invocat ~ 258324 abyssus abyssum invocat ~ 258324 abyssus abyssum invocat ~ 258324 abyssus abyssum invocat ~ 258324 
on peut pleurer maintenant ? abyssus abyssum invocat ~ 1197653561
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