breath me out

Le jour tombait sur Luanera, cédant la place à ces soirées froides et impitoyables. Il revenait tout juste des terres du Nord, ayant pris cette habitude de venir même quand Meruem ne le faisait pas. Depuis quelques temps, lui-même n'avait pas pu s'y rendre. Les bouleversements de leur monde l'en avaient empêché, et il avait encore des souvenirs amers sur la langue, sans compter ce poids sur le cœur. Ces tourments s'évaporent légèrement quand il aperçoit la silhouette massive de son mentor. « Meruem. Content de te voir. » Combien de temps, déjà ? Il avait l'impression que ça faisait une éternité, alors que ça ne faisait que quelques semaines en réalité. Il inspira profondément, ayant bien remarqué que ses flancs avaient désenflé depuis la dernière fois. « Félicitations. » commenta l'entier alezan avec sincérité.

« Avec plaisir. » Gaara n'avait jamais vraiment côtoyé d'enfants, à part quand il en était lui-même un. Pas qu'il était franchement nerveux, mais il se demandait bien avec quels yeux il pourrait voir les juvéniles, aujourd'hui. Il s'avança de quelques pas maintenant que la glace était brisée, sa démarche bien moins boitillante que lors de sa convalescence. Sa cicatrice était encore fraîche, au niveau de la pointe de son épaule. Une trace qu'il gardera sans doute à vie désormais. « Comment se porte ton clan ? » Par les temps qui courent, il avait saisi la situation pour tous sauf pour les ergiens, qui demeuraient franchement discrets.

Il entend les grondements perceptibles, et la connaît assez pour ressentir la tension qui l'habite. « Les humains, justement. » lâcha-t-il d'une voix blanche. La cicatrice de son impuissance était pourtant plus profonde, au fond de son âme. Il avait échoué pour dissuader Filao. Désormais, Hope était inconsolable et d'autant plus malade, contrainte de vivre recluse au camp. Là d'où il avait tant bataillé pour l'en sortir. « Ils possèdent des instruments qui découpent la chaire et y laissent une brûlure indélébile. J'ai courus deux jours pour atteindre la cabane de Niylah. » Il résume très succinctement, ne laissant pas la place aux sentiments qui l'accablaient. « Evite les terres de l'Ouest. » conclut-il finalement, soufflant un air tiède sur la crinière de Meruem, penchée sur sa blessure. Comme pour lui dire qu'il tenait à ce qu'elle ne se mette pas en danger. Pas comme les autres.

il esquisse un hochement de la tête, satisfait de la voir réagir de telle façon. la connaissant assez pour imaginer ce qui pouvait trotter dans son esprit, il glisse quelques mots bien choisis. « pour le moment il n'y a pas grand chose d'autre à faire, en effet. préserve ton fils. » une façon plus ou moins détournée de lui suggérer de ne rien entreprendre seule. de lui rappeler qu'elle, elle avait quelqu'un à protéger, à aimer. lui aussi, sans doute, mais son sang ne coulait en aucunes autres veines que les siennes. volontairement, il n'évoqua pas les desseins qu'ils servaient avec faucon et probablement d'autres. il ne doutait pas que tôt ou tard, elle en entendra parler. après tout ce n'était pas un secret, d'aucune façon. « j'ai survécu à pire. » il coula un sourire complice vers elle, lui donnant un petit coup d'épaule, en référence aux entraînements qu'elle avait pu lui apporter. « la maternité t'aurait-elle attendrie ? » il continue sur la même lancée taquine, pour mieux voir disparaître l'étincelle d'inquiétude qu'il devine au fond de ses iris d'onyx.

c'était bien ce qui l'inquiétait, qu'elle s'en mêle. il avait un mauvais pressentiment, et la détermination de la noiraude ne lui disait rien qui vaille. soit, il espérait se tromper, et se dit qu'il lui faudra être vigilant. il se dérida à sa seconde phrase. « mais non, voyons, je n'ai jamais dis ça ! » il émet un rire bref et léger, avant de se redresser. « qu'est-ce que tu as encore à m'apprendre ? » retour aux choses sérieuses, c'était leur rituel.