Combat ?

La petite Keren trottinait sur la falaise la queue en panache. Non, elle ne savait pas où elle était et n'associait pas du tout sa mésaventure de la veille avec cet endroit. Les oreilles dressées, elle s'arrêta derrière un grand bai qu'elle avait déjà rencontré quelque part. Mais vu la mémoire de la jument, il allait être difficile de savoir quand et où.
Elle recula quand il se cabra et le qualifia tout de suite de GH. Il avait l'air trop méprisant pour être malheureux.
Elle attendit donc qu'il ait reposé ces antérieurs par terre et s'approcha de lui, au pas.

< Bonjour. >

< Il me semble qu'on s'est déjà vu. >

Dit-elle en fronçant les sourcils. Ouais, c'était sur maintenant. Elle le connaissait, mais surement de vue.

< Je me demandais juste où. Mais puisque vous semblez n'avoir aucune autre chose à faire dans votre vie que vous éternisez à montrer au mondevotre supériorité je comprends que vous vous en foutiez completement. >

Tirer cette phrase quasiment incompréensible l'avait un peu épuisée mais elle gardait la tête haute et son regard légerement méprisant.

< Je ne vous ai jamais demandé votre prénom. >

Keren se foutait pas mal de savoir s'il s'appelait Hubert de La Chenaie ou Chiasse de Pigeon. Les gens heureux l'épuisaient vraiment trop. Quoique celui là n'avait pas l'air heureux, il avait l'air d'ignorer le monde entier.

< Je ne vois pas en quoi ça peux êtrer bénéfique pour moi. >

N'attendant aucune, réponse, Keren s'avança vers le ravin. Elle ne regardait pas le trou mais l'horizon et la vue qui s'offraient à elle. Il ne manquait qu'une seule chose et cette chose était impossible à ressuciter.

Alors Keren baissa la tête vers le fond du ravin. Des ossements par dizaines étaient entassés, certains cadavres n'avaient même pas fini de se décomposer. Et elle comprit tout. Elle n'était pas sur une simple montagne. Ce devait être un lieu de combat très réputé ici. Voilà la raison de l'humeur de l'étalon. Curieuse, elle se retourna.

< Vous êtes venu vous battre ? >

< Je vois. >

Quand elle n'était pas prise par surprise, Keren était d'une agilité remarquable et pouvait très bien faire le poids face à un étalon pareil. A vrai dire, Kookaï l'avait beaucoup aidée, en se battant avec elle quotidiennement. La baie se demanda si elle pourrait se mesurer à l'étalon avec les blessures que lui infligé le noir la veille. Temps qu'elle protégerait sa gorge, tout irait bien.

< Mais vous allez surement dire qu'il vous faut un adversaire de taille. >