J'ai carressé le creux de ton dos.

Le dominant rodait par la, aussi silencieux, aussi souple - aussi futée - qu'un renard. Il avançait a longues enjambées, tapis près du sol, aux aguets, repérant tout bruissement, tout chant d'oiseau. La foret, de nuit, était sombre & mystérieuse, et Huracán aimait ça. Dans la pénombre, ses yeux bleus, aussi vifs et vigilants que ceux d'un animal sauvage, analysaient chaque parcelle ... et s'arrêtèrent sur une en particulier. Dans tout ce noir, il n'y avait pas que du noir. Une liste. Une liste, fine et discrète, l'avait trahie, si elle cherchait a se cacher. Le pie s'arrêta, observant la jument, dont les courbes rebondies se détachaient clairement a présent des alentours. Un silence, puis il ronflotta des naseaux, laissant l'inconnue le découvrir a sa guise.

Elle était toute proche maintenant. Même si par moments, il la perdait de vue a cause de sa robe, il la sentait a présent, sa chaleur, son parfum. Huracán se tourna, son regard bleu se posant dans celui de la noire. Mais il ne s'y attarda pas. Elle était bien bâtie, svelte et fine, mais tout en courbes appétissantes. Le tricolore se surpris a rougir, intérieurement. Il n'avait jamais pensé apprécier le physique d'une jument d'une telle sorte. Il secoua son encolure musclée, ses yeux océans retrouvant les siens, d'ambre. « Bonsoir. » Sa voix était douce, rauque et envoutante. Le mâle renacla, laissant son regard sur la demoiselle, appréciant un reflet de lune qui vint, mais seulement pendant un instant, éclairer ses yeux.

Huracán était, de même, assez silencieux, préférant privilégier les actions et les gestes plutôt que les mots et les paroles. Cependant, on avait besoin parfois de délier sa langue pour pouvoir communiquer a bon escient. « Ah oui ? » Il enclencha le pas, tournant sereinement autour d'elle, sans la quitter des yeux. « Je connais votre nom ? » Peut-être avait-il du mal a la reconnaitre a cause de la pénombre.

Lorsqu'elle quitta le cercle qu'il lui avait imposé, le pie s'immobilisa, la laissant venir a lui, sans la quitter des yeux. Un frisson étrange, mais agréable le parcouru. La laissant venir a ses cotés, le mâle ferma a son tour ses yeux, bien qu'il n'en avait pas besoin, pour se plonger dans un noir le plus total. Privé de la vue, il devait se reposer sur les quatre autres sens qu'il lui restait : L'Ouie, l'Odorat, le Gout, et, le plus important, le Toucher. Aux mots de la noire, un nouveau frisson parcouru l'échine du dominant. Ses mots roulaient sur sa langue, dans cette douce voix voluptueuse. Décidément, s'il était aveugle, le monde serait très diffèrent. « Si vous me considérez comme un personnage hors du commun, alors, soit. » fit-il, se délectant de ses propres mots.

« Ce n'est pas a moi d'en décider, mais a vous de trancher. » lui murmura-t-il. Sentant ses naseaux contre la peau tendue de son encolure, Huracán se raidit un instant, puis l'imita, frôlant son garrot du bout des naseaux. Même a travers ce contact bref, il percevait chaque mouvement du corps de la louve. Remontant, tout doucement, la ligne de son encolure, lorsqu'il la sentit près de son poitrail, le mâle répondit : « Seulement le dominant. »

« Balsamine ... » Il murmura son nom, le faisant résonner dans la pénombre, un seul et unique mot roulant sur sa langue, un mot dont il se délecterait a chaque fois. Pendant un court instant, il reposa ses naseaux sur son encolure, soufflant, ses yeux ouverts, fixant le vide derrière elle, serein et sobre. Puis, son " ivresse " reprit, ses yeux bleus clos, et ses lèvres parcourant a nouveau son encolure, se glissant souplement jusqu'à sa jugulaire, d'ou il pouvait sentir, entendre, gouter le délicieux battement de son coeur. « Pardonne moi, mais j'en doute. » riposta-t-il, appuyant avec plus de force sur cet endroit délicat, a mi chemin entre un baiser et une morsure.

Se retrouvant sans emprise, mais refusant d'ouvrir ses yeux, Huracán fit un pas en avant, a tâtons dans le noir. La noire s'était déplacé, mais il ne le savait pas. Posant ses naseau la ou il pensait atteindre son épaule, le pie sentit une surface plus souple sous son emprise. Sans le savoir, le dominant frôlait a présent sa croupe. Alors, innocent, il s'avança, cessant ses caresses seulement lorsqu'il rencontra la base de sa queue. « Tu désires réellement rattacher mon être a un nom ? » Pour sa part, il ne bougea plus, sentant a son tour, Balsamine s'approcher de son arrière main.