« Brûlons ensemble de cette braise nommé l'amour

les pâles premiers rayons du soleil vinrent réveiller la pouliche. l'épais feuillage qui la protégeait autrefois n'était plus ; seules quelques feuilles demeuraient accrochées aux branches. romie étira ses jambes ankylosées après une nuit entière de sommeil et se leva péniblement, grimaçant de flemmardise. les bourrasques de vent vinrent fouettés sont visage quand elle passa sa fine tête hors de l'abri de fortune : elle se fraya péniblement un chemin entre tous ces rochers ou quelques rares serpents venaient se faire doré les jours de chaleur. lasse, peut-être mélancolique, elle marchait d'un pas mort. elle s'arrêta après plusieurs minutes qui lui paraissaient être des heures et elle leva sa tête vers la toison argentée. elle ne brillait pas. il faisait jour et elle se sentait comme une étrangère sur ces terres qu'elle avait quitté quelques lunes au paravent.
le bruit de ses sabots contre la pierre devenait entêtant. sa fine queue panachée, le port de tête relevé, elle avait presque l'allure d'une princesse. son corps fin et élancé était souple et gracieux, et ses frêles membres pouvaient l'amener plus loin qu'un oiseau. elle soupira. elle n'avait pas l'air d'une princesse, mais plus d'une enfant perdue et délaissée. peut-être y avait-il deux angles pour la voir ? sûrement : sa finesse pouvait être belle comme pitoyable. ses crins soyeux pouvaient sembler emmêlés ; ses fins membres semblaient à peine plus rigide qu'une branche face au vent.
un vent froid vint lui glacer le sang ; au milieu de ces arbres, elle semblait toute petite. les muscles bandés, les oreilles pointées vers l'avant, elle s'approcha à pas feutrés de l'endroit. un bruit sourd la fit sursauter et elle se retourna d'un bon, prête à combattre s'il le fallait. mais avant qu'elle n'ai pu faire le moindre mouvement, elle se retrouva plaquée au sol si brutalement qu'elle poussa un petit hennissement à fendre le coeur des plus durs.

abasourdie et quelque peu sonnée, elle mit du temps à réagir. elle accepta l'aide du bai pour se relever gracieusement. elle le remercia d'un sourire d'ange avant de s'ébrouer, chassant la poussière de sa robe brillante. « ce n'est rien » lui assura t-elle d'une voix douce, tandis que son regard noisette était planté dans celui du - beau - bai. « vous êtes ? » le port de tête gracieux, la queue finement panachée, elle sourit gentiment à l'étalon avant de chasser un brin d'herbe de sa crinière.