Un passé trop présent.

La pie errait telle une âme sans but, ses pensées encore et toujours tournées vers une seule et même personne. Faire une croix sur celui qu'elle connaissait depuis une ou deux années, sur celui dont elle portait l'enfant, aurait été trop facile, trop rapide. Cet endroit en était devenu presque un lieu culte, pour elle, tant elle y avait vécu de choses avec son meilleur ami. Incapable de se retenir plus longtemps, elle se jeta à terre, les larmes jaillissants de ses yeux bleutés, son masque inexpressif se brisant. De lourds sanglots l'agitaient, et elle se laissait aller comme à chaque fois qu'elle se croyait seule.

Invité

Mon regard se posa sur la pie avec distance. J'avais du mal à ne pas être rempli de compassion en voyant cela mais je savais, oh oui je savais, que la compassion elle s'en foutait bien, comme tout le monde dans ce cas là, pris en flagrant délit de folie, de perte de pied... Je ne cessais de penser à Jess dans ces moments, à la voir à la place de la jument lors de mon absence. Peut-être qu'au fond elle n'avait jamais versé de larmes pour moi mais je savais, dans son regard, que mes absences avaient cassés un morceau de sa confiance, un morceau d'elle au fond... Je m'approche alors, mes naseaux frolant le sol du désert, élevant un fin brouillard sablonneux... - Hey! -

Une voix grave la fit sursauter. Ses oreilles virevoltèrent d'avant en arrière, alors que Vala hésitait pour la conduite envers cet inconnu qui venait de la découvrir dans cette situation peu flatteuse. Elle se releva, se tourna vers le bai. Inutile de faire comme si de rien n'était, ses yeux d'un bleu polaire étaient inondé de larmes, et celles-ci avaient tracé des sillons humides sur ses joues creuses et crasseuses. La pie ne sourit pas, se contentant de braquer ses prunelles pâles, inexpressives sur l'étalon. -Bonjour. Ânonna Val, la voix brisée par l'émotion.

Invité

Je la regardais longuement, silencieusement, mon regard s'était posé dans le sien, profond et intense. Je ronflais doucement des naseaux, mon coeur se mit à battre si fort, c'est comme si je prenais conscience de la peine que j'avais pu occasionner. J'avalais difficilement ma salive et me détourna d'elle, gêné. Relevant vivement la tête, je toussai, me reprenant. - La vie est parfois doucement injuste... - Dis-je doucement, ma voix vibrant de mystère. Je savais de quoi je parlais, j'en avais commis des injustes, comme j'en ai souffert aussi...

Intriguée par son attitude, Vala redressa mollement une oreille, sa curiosité refaisant doucement surface. Elle l'observa avec d'autant plus d'attention, et sa voix était si mystérieuse... Reprenant son attitude initiale, le regard mort, le visage de glace, Val eut un bref éclat de rire, suite aux paroles du bai. -"Doucement injuste" ? Non je ne crois pas. Je dirais plus durement injuste. Si seulement il avait pu deviner quelle tragédie avait fait basculer sa vie dans cette déprime, dont elle n'arrivait plus à s'extirper seule, il aurait compris. Compris que pour elle ce n'était pas qu'une douce injustice.

Invité

J'haussais les épaules à sa réplique. - La douceur est parfois vicieuse? Elle s'insinue en nous avec lenteur de tel sorte qu'on ne s'en rend pas compte et quand elle est pleine d'injuste, elle se retire brutalement, nous laissant sur le cul sans comprendre, ou cela est trop tard pour faire machine arrière. - Je poussai un soupir. - Alors que la dureté, elle est délibérée, mais on ne souffre pas autant quand on a tout calculé parce que l'on sait et on est vigilant! - Enfin je le voyais comme ça, on aurait pu dire que la dureté nous frappe en plein visage et nous laisse pas le temps d'analyser la situation mais encore une fois, cela aurait été délibéré, calculé car on aurait pu reculer et analyser la situation...enfin qu'importe je ne savais pas ce qu'elle avait vécu, j'imaginais juste... - Vous me faites penser à Dune... - Dis-je doucement, ne sachant pas si elle l'avait déjà rencontré...

Vala écouta le discours du mâle, une légère lueur d'un moindre intérêt s'allumant dans ses yeux d'un bleu polaire. Ses oreilles se redressèrent légèrement, signe qu'elle l'écoutait attentivement, malgré le chagrin qui l'accablait. -C'est vrai que, expliqué ainsi... Fit la pie, tentant un mince rictus qui tenait plus de la grimace que du sourire. Elle plissa les yeux en entendant le nom de cette Dune. -Ah ? Qui est elle ? Et pourquoi vous fais-je penser à elle ? Demanda Val, cette fois montrant un véritable intérêt à la discussion.

Invité

Je souris doucement en pensant à cette petite alezane à présent décéder. Mon coeur se serra en repensant au passé. - Elle semblait si seule la première fois que j'ai posé mon regard sur elle, un peu comme vous! - Dis-je, mon regard se posant dans le sien avec douceur. - Elle venait d'accoucher d'un poulain et le père de son enfant venait de disparaître... - Ma voix vibrait d'une légère indignation même si je savais que je n'étais pas mieux pour avoir abandonner plusieurs fois Jess à elle-même...

En écoutant le récit du mâle, Vala posa ses yeux sur ses flancs énormes. De nouvelles larmes embuèrent son regard, mais elle les retint vaillamment. -Oh... Je vois. Vous avez raison, je vis presque la même situation, à un détail près : le père du mien est mort, et c'est à cause de lui que vous m'avez surprise ainsi. Avoua la petite pie.

Invité

Ma gorge se noua en l'entendant. - Je...je suis désolé. - Dis-je doucement, ne sachant plus comment me mettre, les seuls personnes que j'avais perdu ont été ma mère et mon père mais j'étais trop petit pour avoir connu cette dernière et pour m'en être attaché et j'haïssais mon père. Je poussai un soupir de tristesse, mes naseaux frolèrent sa joue pour lui souffler un air chaud et doux.

Hébétée par la peine et la fatigue, Vala se laissa faire, mais ne dit plus rien. Elle n'en avait plus la force, et de lourds sanglots la secouaient à nouveau. Elle se sentait néanmoins un peu soulagée que quelqu'un ait daigné l'écouter, la consoler même. Depuis la disparition de ce meilleur ami, elle se sentait si seule, et si triste...

Invité

Je restai ainsi durant plusieurs minutes, ne voyant pas d'autres moyens pour la soutenir dans sa peine. Je ne savais pas comment consoler les gens, je me contentais juste d'être là, de montrer ma présence, de montrer qu'ils n'étaient pas seuls.

Et cela marchait, du moins sur la jeune pie. Un profond soupire secoué de sanglots l'ébranla toute entière, puis doucement, elle se dégagea de l'étreinte du bai. Ses yeux fatigués papillonnèrent, comme s'ils allaient se fermer. Elle était si ... crevée. Vala souffla doucement : -Merci.

Invité

- Tu veux trouver un abri pour te reposer? - Demandai-je en lisant la fatigue dans son regard, elle semblait exténuer...

-Je... Un instant ses prunelles bleues s'attardèrent sur la silhouette imposante du bai. N'allait-il pas profiter de sa faiblesse ? Un élan de méfiance lui fit détourner le regard. Peut être jouait-il la comédie, après tout. Qui voudrait s'apitoyer sur son sort ? songeait Vala. Mais elle finit sans doutes par se raisonner, car elle finit par dire : - Je veux bien, merci.

» ° Le passé retrouve le présent
» ( passé, présent, avenir )
» ° Un soleil trop présent.
» Ainsi se confondent passé et présent
» Le passé envahit le présent et obscurcit l'avenir.