Life is going down

L'étalon marchait à pas lourds sur l'île, le regard dans le vague, n'observant même pas les alentours, les paysages, malgré le fait que c'était bien la première fois qu'il posait les sabots en ces lieux. Un bruit de pas lui fit faire pivoter les oreilles vers la source, et renâcler doucement. Il tourna sa tête vers la petite pouliche. Il n'en avait jamais eu. Il n'avait jamais eu de descendance, même s'il devenait vieux. Bientôt, le nom d'Enzo sera oublié, à jamais. Ses parents ne seront pas fiers de voir l'existence de cette famille s'arrêter là ; mais personne ne voulait du grand noir, à part Smile, qui était absente pratiquement tout le temps à cause de sa dépression. Voir la petite pouliche lui serrait le cœur ; pour ne pas sentir les larmes lui monter aux yeux, les embués, il s'éloigna, laissant l'autre équidé sans le déranger, continuant sa longue marche sans but précis.

L'odeur lui disait quelque chose. Il grogna assez fort, et tourna la tête, ouvrit la mâchoire et claqua ses dents translucides près des naseaux de la pouliche, établissant ainsi une distance de sécurité. Il se remit à marcher, fouettant ses flancs avec violence, les abîmant légèrement au passage. « Tu me veux quoi, toi ? » Lâcha-t-il, extrêmement agacé par la présence de la petite. Au moins, elle avait osé venir à lui ; mais Enzo n'était pas le premier cheval qu'on voudrait en ami, non, loin de là. Il était agressif. Jamais physiquement ; il n'aimait pas user ses forces pour des équidés ennuyants et faibles, mais il ne blessait que mentalement. Ça fait beaucoup plus mal, une fois touché le point sensible. « Qu'on s'entende bien : je ne t'aime pas, et je t'aimerais jamais, d'accord ? Alors si tu veux pas retourner dans les jupons de ta mère en chialant, faudrait mieux que tu t'éloignes au plus vite. » gronda-t-il.

Le noiraud s'ébroua, affreusement agacé. « Moi ? Pervers ? Pourquoi tu dis ça, je t'ai sauté dessus ? Je le ferais quand tu seras grande, oui, mais là, ça sert à rien. » lâcha-t-il amusé, même si c'était pas dans ses intensions. « han, t'a pas de mère ? tu voudrais la rejoindre dans l'au-delà, peut-être ? » Il sourit de toute ses dents blanches, et s'approchait, menaçant, de la petite frêle.