new life, hard life

B A I L E Y

Bee n'osait pénétrer dans la jungle, elle demeurait immobile devant, à détailler silencieusement et minutieusement ces arbres immenses et denses. Elle savait que le camp des Shaans se trouvait à l'intérieur, mais elle savait aussi que celle que l'on nommait l'Alpha, Hekâ, n'était pas la plus hospitalière vis à vis des étrangers. Mais Bee souhaitait la rencontrer. Elle ne souhaitait plus rester solitaire, et même si son coeur souhaitait certainement rejoindre les Nilaak, une autre part d'elle souhaitait tourner définitivement la page de ce qui restait de son nord natale. Elle ne rayait pas Njord de sa vie, bien loin de là, elle avait trop besoin de lui, elle tenait trop à lui. Mais il fallait qu'elle essaie de vivre autre chose. Elle avait pensé rejoindre les Wiha, pour être avec Sueño, mais il était absent ces derniers temps. Et sans trop comprendre pourquoi, elle aurait aimé que ça soit lui qui lui demande de le rejoindre là bas, et non pas elle qui fasse la démarche. Alors elle se tournait vers les Shaans. Cela pouvait paraître comme le choix du dernier recours, mais cela ne l'était pas. C'était en réalité le choix le plus probable, le plus censé. Celui qui lui permettrait peut être de lutter contre ses démons intérieurs et de les vaincre. Alors après un temps d'observation, elle lance un hennissement à l'intention de l'Alpha.  

Bailey se raidit en entendant le bruissement des feuilles. Elle a beau scruté partout autour et devant elle, elle n'aperçoit rien, ses oreilles captent des bruits de mouvements sans pour autant qu'elle ne les voit. Elle se demande un court instant si elle a bien fait de se rendre ici, si c'était une bonne idée. Les angoisses de l'île ressurgissent d'un coup et elle esquisse un mouvement de recul mais Hekâ se dévoile enfin. Bee s'immobilise et l'observe en silence. Elle est grande, forte, imposante. Tout le contraire d'elle. Elle se rend ridicule face à l'Alpha. Mais son courage ne s'est pas totalement défilé, et elle ose venir soutenir son regard doré. Bonjour Hekâ. Je m'appelle Bailey et … Et j'aurais aimé rejoindre le clan des Shaans.

Une présence s'impose dans le lieu, s'impose à elles. Elle la sent, sans la voir. Bee fronce légèrement ses arcades sourcilières, ses oreilles font la girouette sur le sommet de son crâne. L'ambiance tout autour d'elles changent, l'atmosphère se modifie. Malgré la proximité de la jungle, il fait soudain froid.
La silhouette d'une jument noire se dessine, se dévoile à elles. Bailey est sur la défensive, rien de bon n'émane de l'inconnue. Elle ne tient même pas compte de ce qu'elle vient de dire. Qui es tu ?

(comme j'ai mis beaucoup de temps à rep j'ai vu avec Lilou pour faire une unique réponse expliquant le tout)
B A I L E Y

Tout se passa vite, trop vite. Ou justement pas assez. Elle n'eut à la fois pas le temps de se défendre et tout le temps de souffrir.
La réputation de l'araignée n'était plus à faire, mais Bailey était prête à montrer qu'elle n'était pas une proie facile, elle avait survécu à tant de chose, elle pouvait se débrouiller pour lui survivre à elle, si l'infâme noiraude avait décidé de s'en prendre à elle. Bee s'était préparé physiquement et psychologiquement à recevoir le premier coup. Mais le premier coup, elle ne le vit pas venir. Ce fut l'arrivée d'un jeune mâle, qui lui porta un intérêt lugubre dont elle ne voulait pas. Elle comprit rapidement qu'elle avait face à elle mère et fils. La tâche sembla soudain bien plus ardue, mais surtout une panique sourde gagna le fond de ses entrailles. Elle portait en elle la vie, son enfant, celui tant attendu qui partagerait son sang et celui de l'amour de sa vie, enfin. Mais le destin semblait les avoir définitivement maudits. Le happy end ne leur était pas destiné. Bee fusilla du regard l'akhal et le bai. Elle savait qu'il ne servirait à rien de fuir, alors si elle devait mourir aujourd'hui, cela serait en se battant.

Le combat se clôtura au bout de quelques minutes. Elle donna tout ce qu'elle pu, tout ce qu'elle avait. Mais comme elle s'en était doutée, ce ne fut pas assez. Bailey gisait au sol, respirant difficilement, ses flancs ronds se soulevant lentement, trop lentement. Sa vision s'était floutée, elle ne discernait plus que leur silhouette, sans réellement parvenir à déterminer qui était qui. Cela n'avait plus vraiment d'importance. Sa bouche était pleine de sang, du sien, mais aussi celui de ses ennemis. Elle partirait au moins en leur laissant quelques souvenirs, c'était là son seul lot de consolation. Elle pensa à Sueño et eut un sourire triste. Ils finiront par se retrouver, ne se retrouvent-ils pas toujours ? Que ce soit dans cette vie ou dans une autre. Elle l'attendrait, avec leur enfant. Elle pense ensuite à Idunn et Ake. Elle veillerait sur eux, en espérant le faire mieux que jusqu'à présent. Bien d'autres noms lui viennent en tête, des noms et des visages à qui elle était triste et désolée de ne pouvoir dire adieu, notamment Bryséis et Njörd.
Sa gorge semble se rétrécir, ou peut être est ce à cause du trou béant qui y est logé. Chacune de ses respirations est sifflante, retranscrivant parfaitement le supplice qu'elle endure. Son corps est balafré de plaies et de morsures, certaines plus graves que d'autres. Son sang coule, encore et encore, mais moins à présent. Sans doute car elle repose dans une flaque devenue mare, et qu'il ne reste plus grand chose à s'écouler de ses veines.
Elle ne sent plus son enfant bougé. Au moins lui ne souffre plus. Cela la rassure, l'apaise presque. Et dans une dernière difficile inspiration, elle rend son ultime soupire.

Ainsi, Bailey, fille d'Aslaug et Maddox, derniers souverains du Nord, fut assassinée par Nyveèn et Horus, emportant avec elle la vie qu'elle abritait en ses flancs.



...
Mais l'enfant lui ne semblait pas prêt à mourir. Alors que Nyveèn et Horus s'apprêtaient à laisser la carcasse de leur victime, le poulain donna de frénétiques coups de sabots dans le ventre de sa mère, dont la vie l'avait quitté. Et il en serait bientôt de même pour lui, par suffocation, si personne ne le délivrait de sa prison de sang et de chair. L'araignée remarqua les efforts acharnés de cet être pas encore né, ce qui attisa sa curiosité, séduisit son intérêt. Sans respect pour le corps déjà tailladé de la défunte, elle déchira ses flancs pour donner vie à cet enfant. L'akhal le lécha et le stimula, comme le ferait une mère. Il était blanc comme neige, des yeux aussi bleu qu'un ciel sans nuage. Il semblait n'être que pureté. Pourtant son frêle corps était maculé de sang. Il était voué à la mort mais elle le ferait devenir la mort. Aux yeux de tous il deviendrait son fils, il deviendrait le frère d'Horus. Et tous ensemble, ils accompliraient de grandes choses.

END