Parce qu'il le faut bien...

Cette période de l'année n'était jamais la bienvenue chez Vala. Le visage sombre et fermé, elle ressassait inlassablement des vieux souvenirs. Vivre dans le passé n'était pas bon, et ne lui réussissait pas vraiment : sa joie et son air narquois naturels avaient laissé place à une morne indifférence. Silencieuse, la pie noir s'avançait d'une démarche souple en direction des Chutes, comme insensible au paysage, pourtant magnifique, la soif lui asséchant le gosier. Si elle avait pu, elle s'en serait passé, s'enfermant encore et toujours dans une errance sans fin et sans but. Ses prunelles d'acier décortiquant soigneusement le paysage, elle s'approcha du petit bassin, près des chutes, et but à longs traits.

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La blanche jument, quant à elle, s'en allait au pas aux environs des chutes. Elle aussi était assoiffée. Elle se glissa discrètement entre les arbres jusqu'à arriver devant cet endroit si merveilleux, si pur. Remarquant la présence de la pie, elle se fit encore plus discrète et s'abreuva.
Loin d'être bête, elle voyait bien que la jument était préoccupée. Mais à quoi bon entamer une conversation avec cette inconnue ? Cela ne la regardait pas. Cependant, curieuse comme elle était ...
" Penser à de bonnes choses arrange bien des maux " siffla Aphrodite doucement, d'une voix suave.

(Une revenante I love you

)

Les effluves fémines que la jument dégageait, avait signalé sa présence à Val depuis longtemps, de même que son pas quelque peu lourd, toute discrète s'était elle faite. Ses oreilles se pointèrent en avant, et elle observa avec une curiosité mal dissimulée la nouvelle arrivante. Lorsque les prunelles d'un beau bleu polaire de Vala rencontrèrent celles de la blanche, elle tenta un léger sourire, et répondit : -Je crois que j'en suis devenue tout bonnement incapable.

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Aphrodita manqua de pousser un ricanement. Elle resta silencieuse quelques instants puis lança d'une voix sarcastique:
" C'est en réfléchissant ainsi que vous le devenez vraiment ".

Mais Vala aussi était loin d'être bête. Elle avait remarqué que la jument se foutait proprement d'elle, et cela lui plaisait très moyennement. Ses prunelles bleu acier eurent un éclat colérique, et elle se redressa. - Ecoutez, le jour où vous verrez tous les gens que vous aimez disparaître du jour au lendemain, vous viendrez me sonner, et on reparlera de vos états d'âme à ce moment là.

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Mais Aphrodite n'avait pas voulu se moquer d'elle. Elle sourit légèrement, puis avança vers la pie. Yeux bleus contre yeux bleus.
" Ce n'est à cause de cela que l'on devient désagréable comme vous l'êtes. " Siffla t-elle d'une voix tremblante. Elle se retourna brutalement.

Vala siffla entre ses dents moqueuse. -Permettez, je suis peut être désagréable, mais allez traverser les épreuves que J'AI traverser, hein. J'en ai ras-le-bol de ça, qu'on me traite avec pitié, ou au contraire, qu'on me dise que faire comme vous le faites, très chère. Ses prunelles à elle s'obscurcirent, tant elle était furieuse.

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Aphrodite lui lança alors un regard plein de douceur.
" J'en ai enduré plus que vous ne le croyez " lui lança t-elle gentiment. " Mais je tiens à m'excuser, je n'aurai pas du vous dire tout cela " continua la jument blanche avant de rentrer dans l'eau avec une grâce remarquable.

La douceur insoupçonnée dans le ton de la jument surprit Vala. Elle en regretta presque les paroles qu'elle avait eues un instant plus tôt. Tort ou pas, cette jument qui semblait lunatique au possible lui inspirait pas mal de méfiance. Mais cette trève dans cette brève querelle la détendit, et elle osa un sourire. Bordel, voilà qu'elle devenait comme sa mère... -Je m'excuse également. Je n'ai pas réagi très calmement, c'est le moins que l'on puisse dire ! S'exclama la pie.

» Parce qu'il le faut bien o/
» Parce que oui, il faut le dire...
» Parce que dans ce bas monde, il faut exister.
» « Parce que je le veux bien »
» Il faut bien commencer un jour.