hisséo, santiano

Elle avançait sans regarder où elle allait, sans but, sans objectif. Ce n'étaient pas ses muscles qui roulaient sous sa peau, mais ses os qu'on voyait bouger lorsqu'elle se déplaçait. La tête basse, elle semblait morte de l'intérieur. Seul ses yeux contenaient un rougoiement infernal.

Bientôt, elle atteignit une épave qui semblait abandonnée, devant laquelle se trouvait un microbe ( ) hébété. Blasée, elle contempla l'admiration du plus petit.

Impassible, elle n'eut aucune réaction devant sa surprise. Éprouvait-elle seulement encore un quelconque sentiment ? Le désespoir, certainement. Les sabots ancrés dans le sol, elle dévisagea le poulain comme si ça l'intéressait. Avant de lâcher, neutre :

- Où sommes-nous ?

Elle jeta un regard aux alentours avant de se concentrer sur le noir.

- Peux-tu me parler de ces terres ?

Sa voix était dénuée d'émotions.

Elle aquiesça vaguement. Puis reprit le pas, soudainement indifférente à lui.

Elle tourna la tête vers lui, le dévisageant en plissant les yeux. Elle sembla ne pas vouloir répondre jusqu'au moment où elle souffla.

- Je ne sais pas. Errer par-ci par-là, comme d'habitude.

Méfiante, elle ralentit l'allure.

- En quoi cela t'intéresse ?

Se méfier d'un microbe, faut le faire !

Elle secoua la tête.

- Tu es naïf. L'amitié n'existe pas, encore moins l'amour. On est tout seul dans c'te merde.

Néanmoins, elle s'immobilisa, une rare émotion traversant son regard. Elle contemplait le poulain dans une douleureuse nostalgie ; il lui rappelait ses frères. Son coeur se serra mais extérieurement, il n'en fut rien. Elle avait appris à dissimuler ses émotions.