“empty with you„ - kuolema

C'était l'odeur de mort qui l'avait poussée près d'une biche déchiquetée par des prédateurs affamés. Elle fixait le corps en restant immobile.

Une odeur particulièrement nauséabonde me piquait le nez, tandis que j'avançais à pas de loups dans la vallée qui portait bien son nom. En effet, la sécurité n'y était pas vraiment assurée, et je me demande encore pourquoi je me retrouvais ici ?! Trop tard. Une autre odeur, plus sucrée, m'avisait d'une présence enfantine : mon esprit maternel prit le dessus et m'obligea à forcer le pas. Peut-être était-il, ou elle, en danger ?

Des bruits de fond alertèrent la pouliche d'une éventuelle présence équine. Ses oreilles pivotèrent vers l'arrière, mais son regard resta fixe comme s'il était attaché par un lien invisible à la carcasse de la biche.

Je m'ébrouai vigoureusement, histoire de pouvoir sentir l'odeur à pleins poumons. Elle me servait de point de repère : je marchais à la baguette, le regard curieux, s'égarant à chaque recoin. Tandis que je me faufilais à vive allure à travers la vallée, ne désirant pas m'éterniser ici, je finis par distinguer une ombre qui s'avérait être celle de ma fugitive. Un fantôme brun, le regard rivé sur une carcasse. Baissant une oreille pour en relever une autre, je m'approchai de la pouliche avec précaution.

Ses yeux essayèrent de relater l'histoire de cette biche et ainsi découvrir les mystères de sa mort. La pouliche ne changea pas de position quand elle entendit un cheval s'approcher. Elle sentit sa présence de plus en plus proche, mais la sablée gardait le même objectif : percer toute la chronologie de la vie de cette victime.

Le lien invisible qui accrochait les deux bêtes se brisa puisque le regard de la pouliche s'était tourné vers la jument noire. Elle la fixait comme si maintenant c'était elle qui était la seule reine de la scène, à dicter sa tirade. Tout l'environnement se déformait laissant les courbes de la noiraude être la pièce importante parmi un décor sans valeur signifiante. Les prunelles de Kuolema s'étaient attachées aux flancs de la jument et le rythme de sa respiration fut le mystère à résoudre. Pourquoi la cage thoracique se soulever dans cette cadence-ci ? Beaucoup d'interrogations dans son esprit pour un détail aussi anodin que celui-ci. Elle joignit son ouïe - en dressent les oreilles - pour approfondir son examen.

Son analyse persista. Tant qu'elle n'avait pas résolu ce mystère, elle ne changera pas d'objectif. Pourtant quelque chose la sortit de son raisonnement. « J'étais comme toi, à ton âge. Puis je me suis rendue compte que m'ouvrir aux autres me faisait du bien. » Comment ça ? Elle était comme Kuolema. Rien que cela éveilla une intrigue plus intéressante dans l'esprit de la pouliche. Donc, il y avait dans ce monde des chevaux qui la ressemblaient. Elle s'activa à sourire bêtement comme si cette nouvelle venait d'engendrer le bonheur en elle. « Merci. » Elle procédait par mots puisqu'elle ne savait pas aligner une phrase entière. Elle parvenait justement à prononcer un mot, voire plus quand le jour la gratifia d'un miracle. Néanmoins si on en revient à la dernière réplique de la jument noire, elle ignorait le sens du reste. On peut dire qu'elle ne s'y était pas intéressée puisqu'il n'y avait qu'une seule partie qui l'avait surprise.