You make me feel alive - E

Je marchais dans la gadoue. La pluie était tombée la nuit dernière, et elle n'était pas prête à céder place au soleil. Poussant un grognement de mépris envers le mauvais temps, je continuai d'avancer, plus énergiquement cette fois. Il ne fallait pas que je m'embourbe. J'étais trempé, et surtout congelé. Il faisait bien moins chaud ici que dans le territoire du Canyon, évidemment... Je secouai vivement la tête, envoyant des gouttelettes tout autour de moi. Je ne savais pas où j'allais, ni ce que je comptais faire une fois là-bas. Mais cela n'avais pas d'importance. Il fallait que je trouve un abri.
Cette journée me rappelait vaguement celle où j'avais rencontré Neytiri. Elle était couchée sous ce grand saule, comme si elle attendait ma venue depuis toujours... Je trouvais affolant la manière dont les gens pouvaient changer. Mais aujourd'hui, pas de rencontre inattendue.

Il n'y avait personne à l'horizon.

Loin d'être sourd, je l'entendis hennir derrière le bruit fracassant qu'était celui de la pluie. Par chance, je remarquai que cet équidé à la voix féminine venait de trouver un abri ; d'autant plus sûr qu'il s'agissait d'une cabane humaine. Je me mis d'abord galoper, mais quelques glissades suffirent à me remettre au trot rapidement. Je n'étais pas pressé pour le simple fait de me retrouver seul avec une jument, mais pare que j'avais horriblement froid. Autant dire que je profitais de la gentillesse de cette inconnue. Une fois sur les lieux, je pris soin de me mettre au sec avant de faire les présentations.

« Bonjour. » Déclarai-je tout en m'ébrouant.

« Bonjour, vous êtes dehors depuis longtemps ? Au fait, je suis Jewel. »
La sonorité masculine de ce nom m'intrigua, mais j'oubliai bien vite la fin de sa phrase pour me concentrer sur sa question.
Je ne savais pas moi-même combien de temps j'avais passé dans un pétrin pareil, à chercher un endroit non seulement abrité, mais également avec de la nourriture à proximité. J'avais déjà un bon pressentiment lorsque j'avais aperçu ces petits champs de légumes s'étendre devant moi. Mais mon espoir avait commencé à s'éteindre au fur et à mesure que les heures passaient ; enfin, jusqu'à ce que je rencontre Jewel.

« Enchanté, moi c'est Ezhno. Dis-je d'une voix morne, dénuée d'intérêt. Je me mis à fixer le paysage brumeux, songeur. J'ai bien dû passer une demie-journée dans ce merdier. »

Je me pinçai les lèvres, honteux d'avoir été grossier. Je lançai un petit regard d'excuses à la jument.

Moi aussi j'étais partie manger, au restaurant

Peu à peu, le ciel s'éclaircit et laissa deviner quelques rayons de soleil à travers le brouillard. Un sourire s'afficha sur mon visage. Enfin ! Je continuai de fixer l'horizon avec un air admiratif.

« Enchantée Ezhno. » Au son de sa voix, je me mis à la chercher du regard. En baissant la tête, je l'aperçus enfin. Elle s'inclinait devant moi, comme toute bonne personne le ferait encore de nos jours. Je lui rendis sa révérence et n'attendis pas plus pour filer dehors galoper sous la lumière du jour. Celle que je n'avais pas vu depuis un moment déjà.

Neytiri essaye de le récupérer
Et c'est Ezhno, pas Enzho

Elle me devança, et c'est alors que je la vis. Queue en panache, tête soigneusement relevée, oreilles hautement dressées. On aurait dit un véritable défilé.
Je ne me doutais pas un seul instant que tout cela n'était que comédie. Pour moi, la grâce de Jewel était naturelle. Je la trouvais même plutôt jolie. Mais j'avais laissé tombé les juments depuis ma douloureuse rupture avec Neytiri...
Laisse-toi aller, juste pour une journée. Tu n'es plus avec elle de toute façon. Je secouai la tête pour chasser cette voix qui continuait de me hanter.
Un peu sur les nerfs, je me contentai alors d'observer les faits et gestes de la baie sans broncher.

Attention, je surveille de près de sujet.

Ah ah j'en étais sûre xD
D'ailleurs il faut que tu répondes à notre sujet Neytiri

Je ne bougeai pas tandis que Jewel prenait un air séducteur devant moi. J'étais méfiant à présent, mais pas totalement de marbre. Je ne la connaissais pas assez pour entrer dans un jeu de séduction avec elle. Je ne ressentais rien pour cette jument. Elle était belle, je devais l'avouer ; son formes, ses membres élancés, sa queue en panache, sa robe luisante sous le soleil levant... Tant d'atouts non négligeables. Mais je n'étais pas un coureur de jupons.
Je la fixai de mes pupilles noirs, d'un air doux. Un sourire ironique se dessina sur mon visage.
Je me couchai, les pattes repliées son mon corps musclé.
« Que fais-tu ? » Déclarai-je d'un ton faussement enjôleur.

« Pfff, les étalons... Tous pareils ! »

Je fis les gros yeux en la voyant s'éloigner sans raison évidente ( ) , la mine boudeuse. N'attendant pas une seconde de plus, je me lançai à sa poursuite. Je n'aimais pas décevoir les gens, quels qu'ils soient. Même les inconnues, les jeunes juments dragueuses comme Jewel. Dans un élan de compassion, je passe au trot avant de m’arrêter face à elle, et me mis à lui mordiller tendrement les naseaux, espérant la faire rire avec mes petits chatouillis.