Stay calm - P

Peter avait couru à toute allure vers le fond du bateau, haletant. Tout ce monde qui se bousculait sur le pont, toutes ces odeurs écœurantes, c'en était trop. Au bord du malaise, il manque de s'étaler au sol en débarquant dans la salle de torture. Le bai stoppa net. La salle était sombre, seuls quelques rais de lumière filtraient au travers des planches du pont. Le jeune androgyne pouvait encore entendre le tapage des pas et des cris qui s'élevaient là-haut. Il soupira longuement, ferma les yeux.

Le jeune androgyne sursauta. Il n'avait pas vu qu'il était suivi. Répondre ? Ne pas répondre ? « Oui je suis là. » L'adolescent fit volte-face, s'apprêtant à toiser l'inconnu qui allait se révéler sous la pâle lumière qui perçait par la trappe, à quelques mètres.

Or Peter brisait les conventions depuis son origine même. « Dis-moi si tu es de GS, je ne veux pas avoir affaire à un de ces malpropres de pirates. » Le bai jaugeait le nouveau venu. Il avait une bonne tête, un peu enfantine, ce qui lui donnait un charme bien à lui. « Et sinon, appelle-moi Peter. »

Le bai se détendit. Il avait beau être psychopathe, il était fragile et avait besoin de se sentir en terrain connu. « Bien, bien. » L'adolescent fixait l'autre, comme à son habitude. Etant dans l'ombre, presque invisible, il ne se gênait pas. « Non, j'étais un solitaire. Je n'apporterais rien de bon en communauté. » Malgré ses élans de folie, Peter restait quelqu'un de sensible, et surtout, qui avait une très mauvaise opinion de lui-même. Toujours peur d'être trop laid, trop sale, trop inconvenant, trop ennuyeux. « Je ne sais pas comment je suis arrivé ici. Je me suis réveillé là, sur le pont, et j'ai prit peur. »

Le coeur de Peter se serra. Il avait l'impression de se voir, gosse. Quand il était encore si naïf et pur. Un instant il se surpris à avoir envie de vomir en pensant à ce qu'il était présentement. « Je suis bizarre, et puis, j'ai horreur de la foule. Ça me défrise. » Puis ses activités peu chastes l'amèneraient à être constamment couvert de plaies - comme en ce moment même, raison de plus pour rester caché. Il était conscient que les gens le regarderaient de travers. « Alors nous sommes deux ! » S'exclama-t-il, sans aucun enthousiasme pourtant, peut-être parce qu'il avait prit cette habitude de mimer la petite fille boudeuse et fragile.

Peter fit la moue. C'était aussi ce dont il rêvait, avant. « J'ai une façon particulière d'aimer. » Déclarait-il platement. « Oui, ça ne te dérange pas si je reste avec toi ? » Si le bai n'aimait pas la foule, il n'aimait pas non plus se sentir abandonné. Ses yeux se posèrent à leur tour sur les lames et les pics acérés qui se hérissaient dans chaque recoin. « Des instruments pour faire du mal. » Ça lui paraissait naturel, et le sado eût du mal à contenir le désir sauvage qui brillait dans ses prunelles.

Ce n'était pas un refus, Peter se retint de soupirer de soulagement. Les questions du gris arrachèrent un nouveau frisson au bai. C'est vrai qu'il ne pouvait pas comprendre. Il en avait de la chance, celui-là. Peter leva à nouveau les yeux vers les lames, des envies lui traversaient l'esprit. « Certains aiment se faire mal eux-même… » Glissa-t-il, l'air de rien, sans même un sous-entendu dans la voix. Après une hésitation, le picoté décida de bouger vers l'autre. Dans cette pénombre, impossible de distinguer ses plaies, il pouvait donc se rapprocher sans aucune gêne. « Dis-moi Massimo, toi, qu'est-ce que tu aimes dans la vie ? »

Les naseaux de Massimo se pincèrent, perturbant Peter. « Tu… Tu as bien raison. » Oui, c'est vrai, il avait raison. [i] Moi, est-ce que j'ai des amis ? [/b] Par chance, ou pas, il n'eût pas à compter bien longtemps. Personne - Kuro ne comptait pas, il était bien trop spécial. « Comment tu fais, pour te faire des amis toi ? » Fit-il, naïf à son tour, plantant son regard sombre sur le minois du gris.