Ҩ keep calm

Fatiguée et lassée Viimei plonge dans son petit bain à la recherche de réconfort et de calme.

La future jeune maman était épuisée par sa gestation, comme en témoignaient ses yeux cernés et ses flancs qui étaient devenus énormes. Jasmine se laissa glisser dans l'eau avec un soupir d'aise, et sursauta la seconde d'après en voyant une seconde personne.

Viimei avait fixé la jument qui s'installait du début à la fin et elle se met à rire lorsqu'elle la remarque enfin. « Vous semblez aussi épuisé que quelqu'un qui vient de se battre. »

Jasmine s'autorisa à se détendre, surtout vu le sourire que lui adressait l'inconnue : pas méchant. -Oh, ce n'est pas le cas, mais presque. Sourit-elle à son tour. -J'attends un poulain. Ajouta la petite pie sur le ton de la confidence.

« Vous aussi ? » dit-elle avec un sourire. « Qui est l'heureux élu ? » Enfin heureux élu ... elle espère que la jument pie soit tombée sur quelqu'un de bien et non comme elle sur un monstre manipulateur.

Elle sourit, son regard bleuté s'attardant sur ses flancs rebondis. -C'est l'amour de ma vie, il s'appelle Kuro. Vous le connaissez ? Demanda Jasmine, tout sourire. -Et vous ? Qui est le père ?

En entendant le nom, la grise faillit s'étrangler et faire une crise cardiaque. Et apparemment, la pie n'avait pas conscience que son "amour de sa vie" était en réalité un beau monstre. « Depuis quand le connaissez-vous ? » demande-t-elle d'une voix grave et inquiète. Elle ne prit pas le temps de répondre à la question. Elle le fera, mais pas de suite.

Ignorant tout de la douleur et de la terrible vérité qui l'attendaient, Jasmine ne se méfia absolument pas. -Eh bien... Nous sommes ensemble depuis un peu plus d'un an, peut-être un an et demi... Et quand il m'a avoué ses sentiments nous nous connaissions à peine.

Un an voir un an et demi ?! Dis donc, il devait y avoir quelque chose chez cette jument qu'il voulait pour attendre aussi longtemps. Et Viimei ne mit pas si longtemps à comprendre ce que cela pourrait-être. La jument était jeune, il devait surement attendre pour avoir une descendance, encore une. Pour se faire sa propre armée de démons. Quel connard. Et la pauvre jument ignorante qui avait tout gober ... Elle se sentait mal pour elle. Mais elle n'allait pas la laisser seule dans cette ignorance, pas en sachant ce qui se prépare. « Je peux vous tutoyer ? Merci » Oui oui, pas le temps d'attendre, le temps presse. « Ça ne t'as pas étonnée qu'il te déclare sa flamme aussi vite ? Tu ne t'es jamais méfier de lui ? »

Le ton pressant, presque agressif de la jument la surprit. Pourtant elle n'osa pas la couper ou la reprendre, encore plus étonnée par sa question. Qui était-elle pour remettre en cause les sentiments qui liait le rouan à elle ? -Eh bien, c'est vrai qu'au début j'ai eu des doutes... Mais il a été si prévenant, si gentil avec moi que chaque fois que je commençais à douter, je ne pouvais que me rassurer par la suite. Comme s'il... Faisait tout pour que j'évite ce genre de chose. Sa voix se fit songeuse sur la dernière phrase. Jasmine sentit que la grise ne l'avait pas amenée sur ce sujet pour rien. Et en y repensant, c'est vrai que c'était louche. La pie lança un regard à son interlocutrice, un regard bleuté où se mêlaient doute, incompréhension et peur. La peur de comprendre, justement. -Tu ne penses tout de même pas... Demanda -t- elle, hésitante, en lançant un regard effaré à son ventre rebondi.

Elle le regarde d'un air désolé, et elle l'est vraiment. « On s'est tous fait avoir par lui. Tu n'es pas la seule. Il en a manipulé certains, comme toi, moi et quelques autres mais pour certains il n'en a même pas prit la peine, montrant son vrai visage dès le premier instant. » dit-elle comme une excuse, pour ne pas que la jument se sente trop naïve, pour ne pas qu'elle croit qu'elle est la seule à s'être fait avoir.

Jasmine baissa les yeux. Non, ce n'était pas possible, vraiment pas possible. Pourquoi lui aurait-il menti pendant tout ce temps ? C'était tellement insensé qu'elle refusait catégoriquement d'y croire. -Je suis désolée, mais je ne peux pas croire à ces bêtises. C'est... C'est impossible, ce n'est pas de lui que tu parles ! Fit-elle, sa voix trahissant pourtant un énorme doute.

Comment pouvait-elle refuser de la croire, c'est insensé tout de même. « Pourquoi mentirais-je ? Qu'est ce que cela m’apporterais ? Rien. Tu peux me croire. Ton Kuro n'est pas celui que tu crois. Il est le père de mon enfant. Je sais qu'il a violé une autre jument et qui sait combien d'autres victimes a-t-il fait ? »

Jasmine sentit les larmes embuer ses prunelles polaires, glisser sur ses joues, aussi brûlantes que la trahison qu'elle était en train de vivre et qui à cet instant précis lui tordait l'estomac. Ses yeux étaient fous dans leurs orbites, oscillant entre la jument qui venait de lui balancer cette horreur en pleine gueule, et son ventre qui abritait l'enfant d'un fou, un demeuré, un psychopathe. Peut-être allait-il suivre le chemin de son salopard de père. D'emblée, Jasmine sut qu'elle ne pourrait jamais aimer cet enfant. La chair de sa chair. C'était pire que d'avoir le fruit d'un viol sous ses yeux chaque jour. Peut-être serait-elle moins souffrante en cet instant, si c'était le cas ? Si c'était un viol... Jas' aurait donné n'importe quoi pour être à la place des juments que cette immondice avait violées sans aucun état d'âme. Elles étaient souillées, peut-être malheureuses, mais trouveraient certainement quelqu'un pour les aider à se relever, et surtout, elles avaient su depuis le début qui était ce montre. Alors qu'elle... La souffrance qui la brisait lentement, était mille fois pire. Elle avait l'impression d'avoir subi un lavage de cerveau, son esprit était perverti, en plus du reste, et c'était une chance si elle n'avait pas eu à subir les violences de son ex. Oui, ex. Dans sa tête, c'était terminé. Parce qu'elle venait de la comprendre la vérité, l'horriblement atroce vérité. Un seul mot, une seule question tournait en boucle dans son esprit : Pourquoi ? Oui, pourquoi elle ? Comment le destin pouvait-il s'acharner de la sorte sur sa pauvre petite personne ? Jasmine se surprit à désirer ardemment que le choc la rende amnésique, qu'il lui fasse perdre connaissance. Ainsi à son réveil, la grise serait partie, et elle pourrait oublier tout cela, reprendre le fil de sa vie comme bon lui semblait, et se dire que tout cela n'était qu'un mauvais rêve, un simple cauchemar. -Je vois. Qu'il aille se faire empaler. Salop. Crève, crève ordure, salopard, tyran ! Fit-elle, la voix ferme et bouillonnante d'une haine et d'une rage que personne ne lui connaissait, malgré les larmes acides qui continuaient de creuser des sillons sur son visage amer. -Je te remercie. Et je m'excuse de ne pas t'avoir crue. Et je suis désolée de ce qu'il t'a fait. A présent, on ne peut plus rester assis les bras croisés. Avec tous les poulains qu'il va récupérer, et tous les pas très sains d'esprit, il va sûrement tenter quelque chose. On doit réagir... Souffla -t- elle, brisée.

On peut me dire pourquoi je suis toujours très inspirée quand mes persos sont au désespoir proche du suicide ?

(C'est normal ça ! Je sais pas vraiment pourquoi, mais je sais que ça me le fait aussi x) )

De la voir comme ça, agitée, perturbée, énervée, choquée, qui ne le serait pas après tout ? Cela fait beaucoup de peine à Viimei qui ne sait pas trop comment réagir ni comment l'aider. Peut-être lui fallait-il seulement du temps pour qu'elle se calme ? Mais le temps est comptée, chaque heures, chaque minutes et chaque petites secondes sont importantes. Elle la laisse insulter ce psychopathe de Kuro de tous les noms car elle sait que c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour extirper toutes la colère et la haine enfouie en soit. C'est limite elle aurait même aimer chercher un punching-ball pour que la pie se défoule dessus en imaginant s'en prendre au monstre. Mais elle se sait pas en trouver, malheureusement... « Ce n'est rien, je comprends. Tu préfère croire celui que tu as aimé profondément plutôt qu'une inconnue qui te dit que c'est un monstre. C'est normal et j'aurais réagit de la même manière je pense. » Elle lui offre un sourire car dans les moments qui allait venir, des moments sombres et sans doute sanglant, un peu de joie et même un léger sourire sont les bienvenues à tout moment afin de montrer que rien n'est encore fait, rien n'est perdu, il y a encore de l'espoir. Car oui, quand tout va mal et qu'on croit qu'on va assister à la fin du monde, il faut prouver qu'il y a de l'espoir, aussi infime soit elle. Elle reprend très sérieusement. « Oui, on est sûr qu'il va agir, mais on ne sait pas encore quand. On est déjà plusieurs à vouloir faire quelque chose contre lui, l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard. Mais nous recherchons toujours le plus de personnes possible pour rentrer dans notre petit groupe. »