A diamond in the flesh

A diamond in the flesh
Raphaël traversait la toundra au galop, sans avoir réellement de but. Il aimait cette liberté et se dit que cette journée était une aventure en soi.

Une voix me percute soudainement. Ce n'est que Bonnie, qui hurle de stupéfaction à l'intérieur de mon crâne cramé. Mon corps se crispe entièrement, lors que j'aperçois un individu déambuler sur la toundra d'une vitesse incroyable. Je tente un sourire chaleureux, en marmonnant dans ma barbe quelques injures. Désastreux. Je ricane, frissonne, puis m'approche du mâle, en titubant légèrement. Mais il n'a pas l'air de me remarquer, de nous remarquer. Je ralentis alors le pas, fixant l'étranger d'un oeil vide.

Une femelle à l'œil vitreux s'approche, titubant, comme ennivrée, et suit son allure de course. Raphaël la regarde, muet, le cerveau vide de toute pensée tellement cette vision le dérange; et ses membres continuent leur danse effrénée. Il se dit que la dame lui ressemble, nappée d'un beau noir noble. Il ralentit l'allure, sans même en prendre réellement conscience, jusqu'à un pas moëlleux et lent, mais sans regarder là où il pose ses sabots blancs, car sa tête est tourné vers l'inconnue. Il scrute son regard vide mais n'y trouve rien, absolument rien, seulement un gouffre. Il toussote, gêné. "Je suis Raphaël," lui vient-il naturellement. Un sourire effacé s'installe sur son visage.

Ma bouche s'entre-ouvre, tandis que je cherche désespérément comment répondre à l'individu. Le silence s'installe, puis je souris à nouveau, levant les yeux au ciel. - J'imagine que si tu me donnes ton prénom c'est que tu attends le mien en retour ? demandais-je d'un air complètement désaxé.

Raphaël la trouve étrange et fronce des sourcils. Pourquoi est-elle venue jusque moi alors? s'interroge-t-il naïvement. Il s'arrête et la scrute. "Ça ne t'obliges à rien, non. Mais j'avais cru comprendre que je t'intéressait, en fait, alors je me le suis permis " dit-il avec sa légèreté habituelle.

Je le fixe un long moment, ne cachant pour rien au monde mes yeux vicieux empreints d'une indiscrétion démesurée. Retroussant légèrement la lèvre supérieur afin de laisser s'échapper un mince filet de bave, je ne me retiens de lui grogner à la figure, à la façon d'un chien errant. Mais Bonnie valse entre mes tempes et s'amuse à tester les limites du contrôle qu'elle a sur le corps que nous partageons. Alors que je m'apprête à entacher la jolie silhouette du mâle avec une tonne d'injures, ma colocataire arrive tel un cheveux sur la soupe.

- Ah bah oui, rétorque-t-elle enjouée à travers mon corps usé, vous me plaisez totalement. Je m'appelle Bonnie. Et moi alors, je vous intéresse ?

(je suis super contente qu'elle soit jouée )

"C'est dommage, moi je ne m'appelle pas Clyde " dit Raphaël, toujours content de pouvoir en placer une, et jamais vraiment conscient du niveau de son humour. La noireaude avait laissé transparaître un peu de jovialité, alors il s'était empressé de rebondir là-dessus. Raphaël ne voulait qu'une chose : profiter, profiter du présent, alors à quoi bon marmonner et se plaindre, traîner son corps las alors que la vie attendait? Sur ce point, ces deux-noireauds semblaient être le jour et la nuit. Elle a l'air érratique. Il la dévisage. "Oh tu sais, moi, tout m'intéresse." Ça n'est sûrement pas un compliment, mais c'est la vérité. Elle l'inquiète, également, cette enjouée Bonnie aux mécaniques rouillées; son regard sombre et perçant le dérange; mais, aussi, l'attise, l'invite à en savoir plus. Le mâle fait quelques pas en sa direction. "Alors, Bonnie. Que puis-je faire pour toi ?"

(J'espère que je ne te décevrai pas, je dois t'avouer que j'ai longuement hésité à la prendre car je ne pensais être à la hauteur du personnage niveau rp. )

« C'est dommage, moi je ne m'appelle pas Clyde. » Instinctivement, je hausse un sourcil. Je ne comprends pas son humour. J'ai cette fâcheuse tendance à rejeter tout ce qui se rapproche de la rigolade, légère ou intensive, étrangement. Mais heureusement que Bonnie est là, pour tempérer mes pulsions sauvages. « Oh tu sais, moi, tout m'intéresse. » Elle hurle, elle crie à l'intérieur de mon crâne, serait-ce de la joie ? Je l'ai en horreur. Je retiens un sourire, tentative semi-loupée. L’échec est devenu une de mes habitudes. Raphaël s'approche, un conflit se créer alors entre mon corps et mon esprit. Reculer ou avancer davantage, garder le contrôle ou laisser définitivement place à Bonnie ? Mes prunelles se troublent, j'ai l'impression de loucher. C'est affreux. « Alors, Bonnie. Que puis-je faire pour toi ? » Déglutissant, je manque un instant d'avaler de travers ; suite à cette humiliante fraction de seconde, je jette un regard accusateur au grand noir.

- Tu pourrais accepter d'être mon esclave, éventuellement. Beuglais-je en lui adressant un sourire particulièrement troublant. Mon petit, tu es tombé dans de beaux draps.

Elle parle fort, se traîne, lancinante, et crache des mots vilains. La vieille sorcière, se dit Rafi lors d'un instant de méchanceté. "C'est bizarre de dire ça," rétorque-t-il, l'examinant d'un œil écarquillé. "Vous allez bien madame Bonnie ?" Il était passé au "vous" : changement de cap, car visiblement cette dame-là n'était plus son égale. Elle était étrange. Devant cette drôle de figure, il se voyait soudain tétanisé; il avait en réalité peur qu'elle se brise en mille morceaux sous ses yeux de gamin.

« C'est bizarre de dire ça » Je ne réponds pas et ne cesse de le fixer d'un oeil fou et dangereux. Mes naseaux se dilatent, une étrange vapeur s'y échappe. Bizarre. Ce mot résonne à l'intérieur de mon crâne brûlant. Il nous a cerné ma belle Bonnie, ce n'est plus la peine de se cacher. « Vous allez bien madame Bonnie ? » Je grogne. - Bonnie n'est plus là. Pour votre plus grand malheur, je dois dire. Car elle vous appréciait.