Ô ► diamond sky

Pour la bicolore, il n'y avait rien de nouveau. Elle a tellement voyagé ces dernières années, qu'elle ne voyait plus rien de spécial. Positionnée sur les hauteurs d'une dune de sable chaud, malgré la nuit tombée, la jument observe l'horizon, calme ; malgré le parfum d'un intrus dans l'air.

Le sable chaud. Son odeur, sa texture. Les dunes qu'il grimpait puis descendait. Il ne savait pas exactement depuis combien de temps il marchait, et bien que ses yeux ne puissent se poser au sol pour mieux guider ses pas, il n'avait rien perdu de sa superbe et son habilité sur ce terrain qui pouvait se révéler hasardeux et parfois mesquin. Seul l'odeur salée de la mer venait entaché son plaisir, et il tentait d'en faire abstractions. Il n'avait pas grandi sur de belles et longues plages, mais dans le désert aride et meurtrier.
Arrivé au sommet d'une dune, l'odeur marine empreignant trop férocement ses naseaux devenus sensibles, il n'avait pas capté une présence et rentra donc dans quelqu'un.

ahah j'savais pas qu'il est aveugle

Peu après le parfum corsé d'un étalon, vient la silhouette. En contre bas et à quelques mètres de l'océan, la jument glisse ses yeux océanique jusqu'au corps tacheté du mâle dont le regard est étrange. Ainsi que ses pas, il semble hésitant, et un peu bancale parfois. Il a sûrement prit un coup sur la tête, ou alors dans le pire des cas : il est aveugle. La demoiselle le laisse s'approcher encore  un peu sans bouger, voulant voir si son handicap est ancien, dans ce cas il l'évitera. Ou alors et.. Hum. racle-t-elle sans aucune once de méchanceté ou d'énervement. De plus près, elle en est sûr maintenant, sur le handicap qui ronge la vie de cet étalon. Pourquoi le blâmer ? C.. c.. ça.. ça va ?

Un Merde ! lui échappe lorsqu’il percute quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Il tourne hasardeusement le visage dans plusieurs angles et directions, cherchant à le stabiliser face à celui de l’individu qui bégaya en prenant la parole mais lui permis ainsi de lui donner sa position. Ses yeux morts se rivant sur le visage de la pie, il fronce les sourcils, interloqué. Mieux que toi visiblement. lâche t-il, une pointe d’étonnement et de scepticisme dans la voix. Je pensais pas t’être rentrer dedans aussi fort. Il pensait qu’elle bégayait suite au choc de la collision mais ne s’en excusait pas pour autant

Pour être honnête, la jument pie eut envie de prendre ses jambes à son cou, de s'éloigner le plus loin possible de l'étalon inconnu au bataillon pour ses souvenirs. Par méchanceté ? Loin de là. Mais entre son handicap qu'il ne voit rien, plus le fait que Ann n'entend rien et a du mal à s'exprimer.. elle transpire d'avance de devoir faire de long pavé. Lorsqu'il s'exprime enfin, la jument hoche négativement la tête à sa remarque, avant de s'arrêter bien vite en se rappelant qu'il est aveugle et que c'est peine perdue Non. lâche-t-elle simplement, dans un premier temps. Sourde. essayant de ne pas faire de phrase constructive pour ne pas subir les joies du bégaiements, elle espère qu'il ne soit pas idiot et qu'il comprenne assez vite. Elle profite néanmoins du handicap de ce dernier pour l'observer sous tout les angles, peu surprise de ne pas le connaître. De ses yeux océaniques, elle cherche ensuite sur le visage de l'inconnu une quelconque blessure pour expliquer son aveuglement.

Sourde ? Hook ne cherche pas à masquer son air interloqué. Il ne connaissait personne de sourd et l'odeur de la jument ne lui remémorait aucuns souvenirs, aucuns visages. Tu t'es incrusté pendant l'exode ? finit-il par demander, sans aucun tact, à la Hooker. Peut être était-elle sur GS avant aussi, il n'avait pas le luxe de connaitre les allers et venues de tout le monde, bien qu'il aimait penser et faire croire le contraire, notre ancien Roi des Sables. Une autre question le turlupine alors, comment a t-elle fait pour le comprendre ? Surement lit-elle sur les lèvres, elle s'est adaptée à ce que la vie lui a pris, comme lui le faisait depuis ce fameux jour. Lorsqu'il se concentre un peu plus, sortant de ses questionnements intérieurs, il sent son regard inquisiteur peser sur lui. Hey je te vois pas mais me fixe pas comme ça. claque t-il, jouant les offusqués alors que ce n'était pas réellement le cas. Comment tu fais pour comprendre ce que je dis ? Trop curieux de savoir si il avait vu juste ou pas.

A la première question de l'étalon, la jument bicolore ne préfère pas répondre, un haussement d'épaule faisant l'affaire ; même si il ne voit rien. S'incruster n'était pas réellement le bon mot, mais elle préfère ne pas avouer qu'elle piste le groupe depuis quelques kilomètres depuis qu'ils ont traversé l'endroit où elle résidait. Hey je te vois pas mais me fixe pas comme ça. Elle sursaute, les yeux écarquillés, sans pour autant dévier son regard du visage de l'étalon. Peut-être qu'il n'est pas entièrement aveugle, et qu'il a la capacité de voir les ombres, comme une de ses filles, née aveugle. A sa question, son étonnement s'envole pour laisser place à un faible sourire. Les lèvres. répond-t-elle, un peu déstabilisée. Jusqu'à aujourd'hui, durant toutes ces longues années, personne ne lui avait posé la question. Ann penche la tête, curieuse elle-aussi. Et.. et toi ? P.. p.. pour voir ? la bicolore serre la mâchoire, énervée contre elle-même de bégayer ainsi.

Un sourire satisfait s'étale sur ses lèvres à sa réponse. Il avait vu juste. Bien qu'en même temps, il se demandait comment il aurait pu en être autrement. Cependant, il devait reconnaitre qu'il était impressionné car cela ne devait pas être un exercice aisé. Rien que lui ne faisait pas l'effort de parler lentement et de bien articuler, et elle s'en tirait bien malgré tout.
Naturellement, la question lui revient en pleine poire. Tout les autres sens. réplique t-il en haussant les épaules, comme si cela n'avait rien de compliqué ni d'extraordinaire, alors qu'il était toujours en apprentissage, et qu'il se demandait s'il serait un jour aussi à l'aise qu'elle avec sa surdité. Ça fait longtemps ? la questionne t-il.

Les autres sens ? Un sourire orne les lèvres cendrées de la demoiselle, qui se doutait un peu d'une telle réponse. Ses yeux brillent un peu plus de curiosité, mais aussi de fascination. Fascinée qu'il semble continuer à se battre malgré ce handicap, qu'il réussisse à se débrouiller sans l'aide de personne. Mais au vue du caractère bien trempé de ce dernier, cela semble normal. La question qu'elle lit sur ses lèvres plonge Ann dans un bref mutisme, cherchant dans sa mémoire le jour qui lui a coûté son ouïe. D.. des années. sa réponse est vague, mais mettre un nombre d'année lui est impossible. Peut-être six, dix, voir même quinze. Toi. Récent ? demande-t-elle en sachant dans un sens la réponse qu'il lui donnera.

La réponse se fait attendre, longue à venir, si bien que ses oreilles se mettent à pivoter dans tout les sens, à l’affût du moindre bruit à se mettre sous la dent en guise d’indice sur ce qu’elle pouvait faire en ce moment. Mais elle finit par répondre, une réponse assez évasive, sans doute avait elle pris le temps de réfléchir. Que c’était frustrant de ne pouvoir analyser et déchiffrer son interlocuteur. Cependant Hook devait avouer qu’il ne savait pas s’il préférait perdre la vue ou l’ouïe. Aucuns des deux ne serait pas mal, en réalité. Il hoche la tête lorsque la question lui revient. Il était légèrement agacé que cela soit si évident d’ailleurs. Quelques mois. complète t’il. Donc c’est pas de naissance ? Qu’est ce qu’il s’est passé ? Enfaite cela faisait du bien de pouvoir en parler avec quelqu’un qui comprenait, bien que les ressentis soient différents, ils vivaient la même chose.

A sa réponse, aucune moquerie ne sort de la bouche de la jument pie, ni même un sourire amusé. Peut-être un rictus, léger, lorsque les souvenirs de ses premiers mois handicapée refont surface. Elle ne s'inquiète pas pour lui ; même si la route sera longue, avec de l'entraînement et de la patience, il finira même par oublier, et s'habituera à voir par le toucher, par l'odorat. Ann ne connaît pas le calvaire de l'aveuglement, même si une de ses fille l'était, elle avait réussi à l'aider dans la voie de la guérison. Du mois, de l'habitude plutôt. Boom. dit-elle comme simple réponse. Elle ne veut pas bégayer, marmonner dans sa barbe comme si elle avait quelque chose dans la bouche. Le récit et long, et il semble intelligent : il comprendra. La jument bicolore se redresse et de râcle la gorge. Tu.. v.. veux.. j.. jouer ? propose Oceaan, un maigre sourire sur ses lèvres avec une idée derrière la tête.

Boom ? Merde, elle pouvait pas laisser sa curiosité dévorante sur ça ! Mais visiblement, elle avait un problème d'élocution, certainement lié à son handicap. Mais cela ne permettait pas pour autant de contenter sa frustration de ça. Les humains étaient-ils la cause de l'explosion ? Était-elle une cible ? Un dommage collatéral ? Tellement de questions qui lui brûlaient les lèvres. Mais ce qu'elle propose ensuite balaye tout ça d'une traite, faisant naître une nouvelle note de curiosité. Hook redresse son encolure, il l'interrogerait du regard s'il l'avait pu, il se contente de hausser une arcade sourcilière, intrigué. Si c'est sexuel, j'suis déjà avec quelqu'un. réplique t-il avec un sourire insolent et provoquant, tout en étant à la fois taquin et malicieux. Si elle ne connaissait pas encore l'appaloosa, elle ne tarderait pas à le faire. Mais sa réponse impliquait aussi qu'il désirait en savoir plus.

Un rire s'échappe de la bouche de la jument face à la réplique qu'elle réussit à lire sur ses lèvres. Du moins, un rire. Plutôt un son sourd, qui se veut ressemblant à un rire. Il y a bien longtemps que la bicolore ne pense plus à ce genre de chose, ni à l'amour, ni à l'envie de fonder une famille. Elle avait tout foiré avec ses enfants ; ses faux jumeaux disparus, un fille aveugle disparue aussi, et un fils, disparu lui aussi, mais sûrement au fond d'un trou aujourd'hui, suite à sa santé mentale aussi sombre qu'un océan sans fond.
Pour en revenir à son jeu, la bicolore reprend. Tr.. tr.. trouvez m.. moi. suite à ses mots difficilement prononcés, la bicolore s'échappe rapidement pour s'arrêter à une bonne distance de lui, et tester ses réflexes.

(Désolée pour le retard :24: )

Hook réprime un rire en entendant le sien, du moins ce qui semblait être à peu près un rire. Il ne voulait pas réellement paraître moqueur ou irrespectueux alors que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas fait de rencontre aussi intéressante, autant ne pas la laisser lui filer entre les naseaux.
Après s'être mordu l'intérieur des lèvres à sang, il dresse ses oreilles sur sa tête en entendant le petit jeu en question. Qui ressemblait plus à un entrainement au final. Mais elle ne faisait que titiller sa curiosité. Il ne sent plus sa présence à ses côtés, quelques grains de sable même vinrent terminer leur course sur ses antérieurs lorsqu'elle s'éloigna. Il tourna donc la tête dans la direction de laquelle il avait reçu les infimes projectiles. Ses naseaux se dilatent mais le vent lui vient dans le dos, il ne lui sera d'aucunes utilités. Il avance donc hasardeusement sur la seule piste qu'il ait pour le moment, les oreilles aux aguets, tournant comme des girouettes sur le sommet de sa tête, à l'affût du moindre bruits qui la trahirait. C'est pas beau de faire tourner en bourrique un infirme. siffle t-il de manière réprobatrice, bien qu'un sourire désinvolte orne ses lèvres pour désamorcé ses propos.