Silence fall | Kal'

Le froid ? Vous rigolez ? C'était ce qui lui importait le moins. Son poil était très épais, tout comme ses fanons fournis qui retombaient en un rideau opaque sur ses large sabots. La neige étouffait les bruit comme le ferait du coton...le seul son qui faisait pivoter les oreilles de l'étalon était le crissement de la poudreuse à chacun de ses pas.

Un crissement qui n'était pas son oeuvre. Immobilisation et concentration. Quelques pas sur le côté. Un sapin lui offrit une cachette partielle. Il observa le nouveau venu et souhaita s'en aller. Trop tard cependant puisqu'il avait été repéré. Il retint alors son souffle, craintif.

Pourquoi il venait vers lui ? N'avait-il pas des choses plus intéressantes à faire ? Il semblait que non...Le sourire moqueur que Kal' décela sur le visage de l'étalon pie le braqua totalement. Ses oreilles se baissèrent. De deux pas, il voulut mettre une plus grande distance entre lui et l'inconnu. Le colosse ploya l'encolure sous le poids de son regard, incapable d'émettre le moindre mot.

Cela n'allait pas être une bonne rencontre et il ne fallait pas être Einstein pour le remarquer. L'étalon pie ne lui inspirait pas du tout confiance. Le géant gris avait chaud, il ne souhaitait qu'une chose, disparaître. L'inconnu était trop prés de lui. Ses puissantes jambes ne voulaient plus lui répondre. Sa large tête se tourna vers les arbres, vers cet espace qui pourrait être son moyen de fuir. Le regard que Kal' fuyait était détestable, insupportable. "Bonjour...c'est parce que je suis bizarre que vous me regardez comme ça ?"

Il était méchant. Un regard plus dur que la pierre et plus froid qu'un glaçon. Une voix qui grinçait, désagréable à l'oreille. Cette réponse lui fit d'avantage ployer les épaules. Gorge serrée, les larmes au bord des yeux. N'avait-il pas raison après tout ; "Je n'ai pas d'amis..."

Il avait raison, tout à fait raison. Du moins c'était ce que Kal' croyait. Habité par une mélancolie entêtante, l'étalon gris s'avérait être manipulable à souhait. Pour ne plus être seul, il était capable de beaucoup. Même si le cheval pie se moquait de lui, il décida de le suivre, animé par un espoir infime qu'il puisse devenir son ami. Naïf oui, comme un gosse...alors en silence, il accepta de le suivre.

"Nous devrions revenir sur nos pas..." S'enquit soudain Kal' en sortant de son habituel silence. Il ne voyait plus le ciel. La lumière peinait à percer les branches des sapins. Le gris n'était pas rassuré, il avait même très peur.