Give me shelter |Miu

"Ramsès" Souffla-t-elle enfin, calmée par ce contact rassurant. Comme une jeune enfant après un cauchemar, elle avait besoin qu`on la rassure, qu`on lui dise que tout ira mieux et qu`on l`aime. Son état faisait peine à voir mais quiconque connaissait la rousse savait qu`elle finirait par se relever fièrement. Ce sera une autre épreuve. Le front collé contre l`encolure du jeune étalon, elle laissait les sanglots secouer ses épaules. Elle avait une totale confiance en Hamlet et le croyait sur parole lorsqu`il lui disait qu`il ne dirait jamais rien. Secouée par son agression qui lui rappelait évidemment le combat, lors de la guerre, lors duquel la vie avait faillit quitter son corps, un autre détail l`alarmait ; "Il a frappé mon ventre;...je...." Un sanglot étouffé la fit taire plusieurs secondes. La roussette appuyait son front, comme si elle avait besoin de s`assurer que Hamlet était vraiment là, qu`il n`était pas un mirage qui allait s`évanouir et la laisser seule avec ses démons ; "...je ne sais pas comme va le poulain..."

Elle lui avait dit le nom de son agresseur. Au fond, elle voulaiit qu`il paye mais la souffrance semblait le faire revivre. Il ressemblait parfois à Kishin sauf que lui ne ressentait même pas une once de respect pour elle. Un jouet, rien de plus. Un jouet que l`on n`aime pas, qu`on veut casser au plus vite pour pouvoir le remplacer. Cependant, elle avait une protection, un accord qu`elle avait passé avec Apophis et qui lui assurait un minimum de sécurité. Les sanglots se font moins rapprochés, moins violents. La rouquine était épusiée mais elle ne trouverait pas facilement le sommeil. ; "Son....son père est mort."

Elle était effondrée comme jamais, ne savait plus à quoi se raccrocher. Si le poulain était mort, alors elle courrait le sérieux risque de tomber elle-aussi. Sa mort en réjouirait plus d`un mais l`alezane savait que ce ne serait pas impuni...Les attentions du très jeune Hamlet portaient leurs fruits. Les larmes s`asséchaient, ne dessinant maintenant qu`un très bref sillon sur ses joues. Son coeur reprenait un rythme moins soutenus et son esprit sortait de la brume. "Ne t`excuse pas...merci de rester avec moi, j`avais besoin de...tout lâcher. Tu es un véritable ami. "

mais toi, tu voudrais faire plus. la guérir, la soigner, apaiser tous ses maux intérieurs. malheureusement, t'es drôlement impuissant. ne me remercie pas, c'est normal, et je serai toujours là... lui promets-tu avec un sourire discret. tu as besoin de quelque chose ?

Le brouillard qui sévissait dans son esprit se faisait chasser par les luminescences de cette amitié. La rousse se sentait de plus en plus entourée. Pour eux, elle se battrait. Elle était très faible physiquement à cause du sang qu'elle avait perdu. "Je dois reprendre des forces...enfin, surtout pour le poulain. Je m'occuperai des blessures après." Elle voulait se redresser pour sourire au jeune étalon mais après un essais, elle fut prise d'un vertige qui calma ses envies de bouger.

non, ne bouge pas, lui intimes-tu doucement. tu frôles son encolure de tes naseaux. si t'as besoin de quelque chose, tu me le dis, et moi, je m'en occupe, d'accord ? fais-tu doucement avec un sourire qui se veut rassurant.

Lèvres et naseaux pincés pour retenir les larmes émues qui bordaient ses yeux, Miu se sentit un instant gênée mais elle devait accepter cette aide si tendrement proposée ; "Il faudrait que je mange...j'ai perdu du sang, ça me remettra d'aplomb..."

tu hoches simplement la tête. tu te montres si cordial pour cacher comme tu es terrifié, à l'intérieur. refusant d'imaginer le pire ou autre, tu pars alors en quête de quoi lui fournir des forces. tu prends quelques herbes par-ci par-là, des différentes, et reviens au bout de quelques minutes pour tout lui déposer devant elle, le regard inquiet.

Hamlet se leva pour aller chercher de quoi nourrir Miu. Un long frisson la parcourut alors que ses yeux, embués par les larmes et la fatigue, suivait la progression de son jeune ami. La rouquine se recroquevilla sur elle-même pour s'assurer un peu de chaleur. Son organisme n'était même plus en état de réchauffer la totalité de son corps. La neige et les températures de l'hiver ne faisaient qu'aggraver la chose. Pendant un bref instant, elle ferma les yeux, la tête posée sur le sol. Tous ses espoirs reposaient sur Hamlet...si jeune et déjà les quatre pieds dans le monde des adultes. Elle sent les vibrations du sol au fur et à mesure qu'il se rapprochait. Ses naseaux perçurent l'odeur de quelques mets qui allaient faire son bonheur. Elle releva doucement la tête, un sourire fatigué vint tout de même fleurir sur son visage aux traits tirés. Elle n'avait pas vraiment faim mais il fallait qu'elle se force. "Merci Hamlet, c'est exactement ce qu'il me fallait..."Une grimace tordit son visage, avaler tout cela sans le rendre tout de suite après allait être dur.

un peu plus rassuré, tu la regardes faire en silence, la surveillant comme si les rôles s'étaient inversés, soudainement. tu frémis, en la voyant grimacer, et surveilles la moindre réaction contraire de son corps. puis, un peu plus apaisé, tu l'effleures de la tête, affectueux. ça va aller, d'accord ? fais-tu, comme si tu te rassurais un peu toi aussi. comment vas-tu l'appeler ? demandes-tu en espérant aborder un sujet plus détendu tout de même, en désignant son gros ventre avec un sourire attendri.

Des rôles qui s'inversaient, c'était exactement le cas. Miu avala quelques fruits ainsi que de l'herbe mais marqua une pause. En fermant les yeux, elle apprécia ce geste tendre "Oui...je me sens déjà un peu mieux..." Il lui faudrait la nuit et certainement une bonne partie de la journée qui suivrait pour espérer pouvoir se relever et retrouver son territoire. Elle toucha son ventre du bout des naseaux...ne sentir aucun mouvement l'inquiétait mais il ne pouvait pas être mort. Il ne le devait pas ; "Il...ou elle s'appellera Io...Quand j'étais enfant, c'est ainsi que s'appelait l'héroïne d'un petit livre que je lisais le soir...j'étais seule alors je m'imaginais vivre des aventures comme elle et je jouais entre les pattes des adultes, me fichant bien de leur monde ennuyeux et compliqué..."

tu croirais entendre ta mère. perdue dans son autre monde. avec son horloge dans la tête et son imaginaire délurant. toi, t'as plus les pieds sur terre, mais tu souris tendrement aux mots de la rousse. c'est très joli, ça lui ira très bie, j'en suis certain.