ϟ on top of the world

Couchée derrière la statue, Caelis se repose paisiblement. Son oreille nacrée, posée contre le sol, perçoit soudainement un grondement de Tonnerre. Elle ne bronche pas, ne bouge pas un muscle. La fin de sa grossesse la rend tant fatiguée. La grise roule grâce à son ventre rebondit, allonge ses antérieurs, et pousse sur ses postérieurs recroquevillés. Relevée, elle s'ébroue, et montre sa tête fine ornée d'oreilles dressées et d'un toupet ébouriffé. Elle hennit doucement, signalant sa présence.

Les yeux chocolats de Caelis scrutent aussi cet étalon noir. Une aura de puissance semble l'envelopper. Elle frémit à cause de vent frais. La grise n'est pas d'humeur à jouer les têtes brûlées, ces derniers temps, avec le poulain. D'habitude, elle lui aurait parlé et tout et tout, mais là, elle se tut simplement, et se posta à ses côtés, crinière nacrée dans la brise. Quand les éclairs apparaissent, elle a pourtant un mouvement de recul. Il impose le respect, elle le sent et le sait.

Un autre éclair surgit, et cette fois Caelis se cabra pour de bon en grondant. Elle se tourna vers lui, juste à temps pour percevoir son coup d’œil. Elle n'est pas certaine de l'invitation, tellement c'était rapide. Mais elle suit quand même. Elle le rattrapa au petit trot. Quelques gouttes étaient déjà tombées, perlant sur les crins de la grise. Je m'appelle Caelis. Le silence était tel qu'elle eu l'impression de crier, et pourtant elle parlait doucement. Ses oreilles s'agitèrent, et un nouveau grondement brisa une seconde fois le silence.

Caelis a beau paraître pour une petite jument présentement engrossée et maladroite, elle part en vadrouille depuis son plus jeune âge. Son odorat et son ouïe son particulièrement attentifs au moindre son malgré son apparent détachement. Si un prédateur devait se présenter, elle ne serait pas du genre à battre nécessairement en retraite. Non, la grise irait au front, elle passe ses journées à galoper ou à marcher, et ses réflexes sont prompts. Elle a suivit les bases d'un entraînement avec Miu, une pirate et aventurière. La demoiselle s'est d'ailleurs bien exercée depuis. Caelis sent l'odeur, et repère rapidement la carcasse. Elle n'approche pas, grogne et hennit doucement, oreilles rabattues en arrière, piaffant, encolure recourbée. Ses naseaux dilatés cherchent la présence du prédateur, et ses yeux scrutent l'obscurité. Elle perçoit un feulement.

Caelis aperçoit les petits félins elle aussi, après s'être immobilisée sous l'ordre du mal. Elle voit qu'il hésite. Elle, n'hésite pas longtemps. Caelis prends le chemin de la sortie. Elle aussi, elle a un petit à protéger.

Caelis soupira. Elle n'avait pas tant mieux à faire que de suivre cet inconnu, et lui emboîta donc le pas. Presque à chaque éclair, Caelis sursaute, se cabre, s'arrête, recule... ou tout autre réaction brusque. Trempée, elle demande quand même: Vous vous appelez comment? Essayant de faire en sorte que sa voix traverse le rideau de pluie.

Caelis s'ébroue, mouchetant les parois d'eau. Qu'il ne lui ait pas répondu tout de suite lui avait fait plaquer ses oreilles contre sa tête, mais elle l'obtient finalement et les redresse. Ses yeux chocolatés scrutent le corps de l'étalon à travers l'ombre. Elle l'observe. Puis elle sourit. Enchantée.