Danse des ombres...

Le corps toujours en ébullition je venais de sortir du tunnel, débouchant alors sur la crique. Mon regard balaya un instant la baie, nulle âme qui vive. Bien. Je m'aventurai sur le sable, mes naseaux frémissant frôlaient le sable de la plage. Le soleil ne faisait que réchauffer mon corps brûlant. Brûlant de soif de sang. De soif de douleur. Tout semblait noir et lugubre. Je voulais lui faire payer. Je me souvenais à présent, j'étais parti chercher un objet, je ne sais plus vraiment de quoi il s'agissait mais elle le désirait tellement, je savais qu'elle aurait apprécié, on en avait souvent parler. J'avais décidé ce jour là de le lui ramener. Sur le chemin du retour je croisais mon frère, bizarrement il réagit mal à ma vue. Nous nous disputâmes et se fut le néant. La chute. Il avait tenté de me tuer. Comme un con, sous l'effet du choc j'en avais perdu mes repères, je m'étais fait avoir lamentablement. Il me paiera. J'en fais le serment. A présent il fallait que je retrouve Brook'. Voudrait-elle encore de moi. Faire équipe avec moi. On se débrouillait pas si mal au fond. A deux on a toujours été plus fort. Nos ennemis, on les mettaient en pièce. On avait pas besoin de se parler, d'un regard on savait. On se connaissait. Serait-ce toujours la même chose? Indélébile. Le suis-je encore? Ou juste une vulgaire ombre. Souvenir du passé ?
Je pris le galop pour décharger ma rage. Un galop endiablé. Vivant j'étais. A jamais. Mes sabots ne produisaient aucun bruit sur le sol. On aurait dit que je volais. Ma lourde crinière s'embrasait derrière moi, elle ondulait au rythme de mes foulées telle une flamme...

Contrairement à elle j'avais toujours aimé cela. C'était mon sang, ma chaire qui parlait. J'étais fils d'une tueuse qui elle-même avait eu pour parents des êtres durs, un couple malsain mais qui s'aimaient d'une passion dévorante. Je n'avais que très peu de souvenir de ma mère, mais le peu que je m'en souvienne c'était la dureté de ses seins et la froideur de son cœur. Seul mon frère faisait honte à la lignée. Tout était prédestiné à ce que je devienne ce que j'étais. Tout, même si l'alpha ne m'avait pas pris sous son aile j'aurais fini ainsi, cela n'a fait qu'avancer le processus. Mais à l'heure d'aujourd'hui j'étais perdu. Elle était entrée dans ma vie et bizarrement, de sa façon quoique qu'un peu spécial, m'avait appris à aimer, peut-être qu'on se l'était appris mutuellement. Elle avait chamboulé pas mal de chose en moi, la chute également. J'avais découvert une facette de moi que j'ignorais, ou que je refoulais depuis trop longtemps. A présent j'étais perdu entre deux univers bien distinct. Pour lequel balancerai-je?
Un son. A peine audible. Tu es la. Je te vois. Je ralentis mon galop, finissant par m'arrêter. Je t'observais, tu semblais méditative. J'avais tant désiré te revoir, m'expliquer mais maintenant que tu es la je ne trouvais plus les mots. Je cachais mon trouble sous un masque de fer, mon regard se voilant, sombre et intimidant. Deux puits sombres ou la noirceur de mon âme pouvait vous envahir d'un instant à l'autre. Tes pas t'emmenaient à moi. Approche ma douce, vient te frotter contre moi. Réveillons les démons, les flammes, faisons frémir les étincelles, une chose est sure c'est toi qui fera pencher la balance.

J'aurais voulu te rassurer, te dire 'n'est pas peur je suis là, toujours là' mais comment aurais-je l'affront de faire une chose pareil alors qu'après m'avoir livré ton cœur j'étais parti comme un lâche. Certes j'avais surement une excuse plus que passable, ma perte de mémoire m'avait empêché de te retrouver. J'aurais voulu te prendre dans mes bras, écouter tes peines, tes peurs, tes cauchemars. J'aurais voulu tout effacé. Te voler àvlui avant qu'il ne te pervertisse. Qu'il nous pervertisse. Pourra-t-on un jour faire marche arrière. Crois-tu ?
Je ne savais rien de ce qui se passait en toi. Tout ce que j'apercevais c'était la jument noire, Belle comme la nuit, aussi suave que la lune, dangereuse comme les ténèbres de nos cœurs. - Je suis désolé... - Ce n'était qu'un murmure. Un souffle qui se répercutait sur l'eau. Rempli de sincérité. Désolé d'avoir joué de toi, désolé de ne pas avoir été la, désolé tout simplement. C'était si faible et si fort à la fois. Je devais surement avoir autre chose à dire. Je crois... avant. Mais la rien ne me vient. Nos regards s'emmêlaient dans une étreinte que eux seuls peuvent décrire.

Peut-être que l'alpha savait que je ne tiendrai pas la distance. Que j'avais beau être sombre que toi, j'avais peut-être une autre destiné. Une chose est sûre, la chute avait ouverte d'autre porte dans mon esprit que je ne pouvais pas refermer comme cela. D'une nature déjà changeante, c'était deux fois pires maintenant. J'avais pris conscience de ma part de gentillesse. J'avais appris à me dévoiler sans risque de me blesser. A présent, ce n'était plus la lutte qui rythmait les battements de mon cœur mais l'espoir d'être quelqu'un de meilleurs. Je plaquais mes oreilles contre ma nuque à son ton railleur. - Je t'aimais... sincèrement... - Un instant je fus perdu, est-ce qu'aujourd'hui je le suis encore. Elle n'était plus ma priorité mais, comptait-elle encore pour moi ou ce que je ressens n'est qu'un pale souvenir des sentiments vécus? Je la scrutin en silence, moi qui te comprenait mieux que personne autrefois, voila que maintenant tu n'étais qu'une étrangère. Un souvenir regretté. C'était se voiler la face que de croire qu'on pourrait tout reprendre à zéro. J'avais changé... trop changé....

Je frémis. Oui je t'avais laissé, je n'ai jamais voulu mais c'est ainsi. On ne peut pas revenir sur les erreurs d'hier. J'aurais du être plus prudent, j'aurais du le savoir, prévoir. Mais je n'avais rien vu venir. Les retrouvailles avec mon frère était encore flou et embrumé mais une chose est certaine c'est que j'aurais du être sur mes gardes, ce qui n'était pas le cas. Ne jamais se baser sur des peut-êtres. Être sur. Toujours. - Je ne voulais pas, je... - Ah quoi bon continué, moi-même je me sentais en tord. Je fis un pas vers elle puis me repris. Elle semblait ne pas s'en apercevoir, Continuant de parler. A dire qu'elle avait gagné mais...Qu'as-tu gagné ma douce ? La gloire d'être l'unique ? Ou une profonde solitude. Plus personne ne croît en toi, il n'y avait que lui et peut-être moi. Et croire en toi pourquoi? Dévasté le monde? Qu'Est-ce que cela t'apporterait-il ? Cela a toujours été la question entre nous, je cherchais à comprendre le but et toi tu fonçais. J'aimais répandre ma tyrannie et je préférais garder mes proies en vie non pas par faiblesse mais pour en jouir le plus longtemps possible. - Et maintenant ? - Et maintenant quoi? Que vas-tu faire ma douce? Quel est ton but a présent ?

- Oh je ne souhaite pas revenir à ce qu'on était avant.... - Non moi je voulais évoluer. Je voulais avancer. Ne jamais stagner, ne jamais reculer. Il était temps de m'ouvrir à d'autres horizons, il était temps de voir autre chose que ma colère. Y arriverai-je? Je ne sais pas. Encore à présent je la sens bouillir au fond de moi. Je sens encore cette envie de sang, de me battre. Jamais je ne pourrais éteindre cela mais je pouvais essayer de la canaliser, en faire quelque chose d'utile, non ? Comprends-tu cela? Le mal, le bien, au final c'est quelque chose d'abstrait? Le tout c'est de croire fermement à nos intentions, à notre but. Mais mon but était toujours un peu flou. Il fallait que je me penche un peu plus sur mes envies et non plus sur celle de l'Alpha....