Down the hills.

« Orenç »

Il était allongé, près de la marre, écoutant le concert symphonique de multiples grenouilles. Il était bien, là.

Mara c'était égarée. Egarée dans son esprit, et ça faisait un petit moment qu'elle hennissait à la recherche d'une âme charitable.

Un petit cri le poussa de ses songes. Il reconnut l’intonation, enfin, la voix. C'était plaintif, et il ne comprenait pas pourquoi. Mara avait besoin d'aide? « Mara? » demanda t-il en se relevant, allant vers où il supposait qu'elle soit.

« Mara? Pourquoi tu me touches les fesses? » disait-il, en riant à moitié. Il n'avait pas remarqué l'autre oeil blanc, puisqu'elle était tournée de fait à ce qu'il voie celui, qui à l'origine, l'avait rendue borgne. Mais bizarrement, il frissonna à ce contact plutôt doux et sincère. Cela lui procura quelques émoustillantes sensations.

Mara soupira, et se tourna vers la direction où elle entendait la voix d'Orenç. Là, il pouvait constater que ses deux yeux étaient dorénavant identiques. Avec un rire un peu triste, mais un rire quand même, elle riposta gentiment. Bah, parce que t'as de belles fesses. Enfin, j'imagine. Elle baissa la tête, penaude.

Orenç était en très mauvaise posture. Il n'était pas du tout doué pour réconforter les gens, ni les faire rire. Il tenta quand même, parce qu'il comprit. « Rien qu'à l'odeur ça se sait non? Aha! » aha.

Mara sourit tristement. Cette position la dépitait un peu, bien qu'elle se remette gentiment. A tâtons, forcée de promener ses naseaux sur le corps picoté d'Orenç, la palomino finit par atteindre sa joue. Elle gloussa, baissa un peu sa tête et souffla d'un air taquin de l'air dans les naseaux du jeune mâle. T'aurais pas un peu prit du poids? è_é Fit celle qui ni voyait que dalle.

Il se sentait gêné, mais aimait bien cette douce chaleur qui le parcourait de long. Lorsqu'elle arriva à sa joue, un petit frisson le parcourut un bref instant. « Non madame, on appelle ça du muscle! » fit-il en lui grattant le garrot, amusé.

Mara, pas tant convaincue, gloussa mais continua de le fixer à travers le vide. Mouais. Fit-elle, suspicieux. La palomino décolla ses naseaux et son souffle chaud du visage du picoté. Elle plissa le front, et parcourut une nouvelle fois ses formes du bout du nez, dans le simple but d'enregistrer sa carrure dans son esprit, pour faire un genre de portrait robot.

Lui, il était pétrifiée. Il n'avait pas de bonnes idées en tête, et il le savait, ni de bonnes pensés. Alors il resta figé. Il tenta de se reculer lorsqu'elle se décala, mais elle revint aussitôt, lui parcourant les naseaux de ses lèvres. Il balbutia tant bien que mal, pour tenter d'évaporer ses idées bizarres. « Et, comment ça s'est passé? » demanda t-il, construisant une phrase incomplète.

Mara réfléchit, puis hocha la tête, satisfaite. Elle avait réussi à l'imaginer. Et à vrai dire, elle n'était pas tant loin de la vérité. Seuls les traits du visage du picoté restaient imprécis dans son dessin mentale. Aussi s'attela-t-elle à cette nouvelle tâche. Il parla et Mara plissa le front. De quoi tu parles?

« Euh pardon, ton deuxième oeil. » rectifia t-il, en la regardant intensément. Il détaillait ce qu'elle faisait, comment elle s'y prenait, sans la vue. Intégrale.

Mara pinça un peu ses lèvres cendrées puis expliqua: Je suis allée euh...traîner aux pyramides. J'ai croisé un cobra il m'a craché son venin dans l’œil. C'était un peu bête comme ça. Mais elle continua son récit, qu'elle trouvait un peu nu. C'était dans une salle secrète, avec une statue de jument arabe noire de jais, et y avait deux coffres! Et elle y mettait tous ses talents de narratrice!

« Tu traînais? » demanda t-il après, trouvant qu'elle avait butée sur ce mot. Il y avait autre chose la dessous, il en était certain. Un détail qu'elle esquivait. « Tu étais seule? » enchaîna t-il, soucieux d'elle.