au bord du vide. (i)

iwa réfléchit au sommet de la crête, fixant le fond.

Il souhaitait de plus en plus s'éloignant de tout ce qu'il connaissait, avait de plus en plus besoin de s'isoler pour réfléchir, et ainsi le pie quittait parfois les terres de sa naissance et tous les problèmes qui l'y rattachaient, pour errer en territoire libre et surveiller de loin. Se hissant jusqu'en haut des montagnes, le mustang posa son regard sur une silhouette claire qui apparaissait au sommet, que Budapest reconnut sans mal. Il lui lança un bref hennissement, puis se rappela de sa conversation avec Elsa, ne sachant plus trop où ils en étaient tous les deux.

elle l'entend, le hennissement de son père. elle pose son regard sur lui et répond. viens donc, qu'on discute.

S'approchant d'elle, Budapest se glissa à ses cotés, sans toutefois lui imposer de contact. Il lui jeta un coup d'œil, surpris de combien elle avait grandi, puis se focalisa sur le paysage, qu'il pouvait détailler sans gène. Ça faisait un moment, dit-il lentement.

j'ai bien grandi. elle le dit, tout sourire, oubliant presque pourquoi elle voulait revoir son père. elle détourne le regard vers le paysage, le détaillant comme le fait budapest avant de lâcher un soupir. les gens parlent sur toi.

Je m'en doute. En prenant des mesures aussi extrêmes vis à vis de ce territoire qu'il considérait comme sien, Budapest savait qu'il se ferait des ennemis. Il y avait aussi des rumeurs qui couraient sur lui, mais le pie avait toujours espérait que ses enfants se fassent leur propre idée de lui. Jetant un regard à Iwa, l'étalon hésita un instant. Tu les crois ?

le regard fuyant celui de budapest, il fait le tour des terres de galop sauvage. les croire ? c'est bien pour cela qu'elle a décidé de rencontrer son père, pour qu'il lui enlève tout doute qu'elle a à son sujet. regrettes-tu tes choix, père ?

Elle le fuyait. Budapest soupira. Au moins, elle facilitait son choix. Il n'avait jamais été rien d'autre que franc, et il continuerait à l'être. Il songea un instant à tout ce qu'il avait fait pendant sa courte vie, à la vérité. La réponse était en fait, tout simple. Non.

si je comprends bien. elle s'interrompt, recule de quelques pas en s'éloignant du vide. puis son regard croise les prunelles de son père. tu ne regrettes pas de m'avoir fait ? elle voudrait savoir si sa grand-mère disait vrai, au sujet de sa conception.

Non, pas du tout. Il soutint son regard, le bleu dans le bleu. Il ne regrettait ni le moment passé avec Alisha, ni la naissance d'Iwa. Il avait du mal à le montrer, mais il était fier de ses filles. Je devrais ?

grand-mère m'a dit. elle s'interrompt, puisant le courage pour dire la suite. que tu as violé ma mère. en plus, le déni d'alisha trouble iwa.

Deux secousses. Budapest se doutait que Grand-mère ne signifiait pas Abygael, disparue depuis quelques années de Galop Sauvage, ayant disparu au même temps que Shamane. La fin de phrase d'Iwa lui retourna le ventre. Alors c'était vrai, que ces rumeurs se répandaient comme du venin autour de lui. Le pie se tut pendant un moment, trouvant ses mots. Non. Nous étions jeunes et inconscients, mais je ne l'ai pas forcé. De toute façon, il n'y a que Alisha et moi qui savons la vérité. Melilla, encore une personne qui se permettait des avis sur lui, sans jamais l'avoir rencontré. Une flamme de colère brilla dans ses yeux.

je veux connaître cette vérité. iwa ne peut oublier que budapest est le seul qui l'a acceptée dans sa famille. elle veut comprendre et ne le laissera jamais tomber. tu l'as revue, alisha ? elle ne peut pas l'appeler maman, toujours de la rancœur à son égard. donc les rumeurs sont fausses ?

Soutenant le regard de sa fille, dans lequel il ne voyait que de la franchise, et un désir brûlant de connaitre la vérité, Budapest hocha lentement la tête. Oui je l'ai revu, on en reparlé, et on s'est remis d'accord : c'était consensuel. Tu étais désirée, Iwa. 

les répliques de son père l'atteignent, la poignardent et la rendent malade. prise de nausées, un noeud à l'estomac et le visage limpide prouvent sa perplexité et son incompréhension. sa mère nie sa naissance. elle croit que cette essence entre son père et l'alezane n'est autre qu'une mascarade, qu'une simple erreur de jeunesse. donc la bicolore est le fruit d'un jeu, qui engendre des conséquences dramatique comme un poulain. elle est devenue orpheline, livrée à la vie sans épaule sur qui se soutenir. heureusement, caelis l'a recueillie. mara l'a baptisée et budapest lui a apporté protection. mais la révélation de sa grand-mère la touche en plein cœur et a retourné son esprit dans le mauvais sens. elle s'en veut de sa naïveté croissante. elle la croit et décide donc de juger son père du côté négatif. il est pour elle la cause des tourments de sa mère, de son abandon et de sa solitude. tu étais désirée. ces mots-ci cognent dans sa tête et fait brûler en elle une certaine amertume qui ne demandait qu'à se manifester. un rictus montre ses émotions soudaines qu'elle a ressenties. elle n'est pas forte, elle ne sait pas masquer ses sentiments. émotive, jeune et sans leçon, elle ne peut guère prétendre à une indifférence qui pourrait être le loup de son visage. la bicolore attend de brooklyn qu'elle lui apprend tout. la noiraude doit l'éduquer. d'ailleurs iwa ignore que son père a une relation particulière pour elle. pourtant il sent son odeur. ce parfum qui flotte dans l'air. et puis, la jeune bicolore se rappelle de la dernière dispute entre caelis et lui. ils n'ont pas pensé à mara qui a tout entendu. budapest est fautif. il mérite son sort qui l'attend devant la porte qu'il ne tardera pas à franchir. iwa se demande de quel côté elle sera. ôtera-t-elle pour la folie de rejoindre ainsi l'égypte ? c'est une excellente question. elle hésite à suivre sa mère adoptive et sa grand-mère dans leur version. elle ne sait pas quel camp choisir. aussi, elle ignore si elle va pleurer à la mort de son paternel, ne serait-ce des faux larmes qui couleront à flot sur ses jolies ganaches blanches. bref, sa destinée se trace doucement, pleine d'embûches à passer. iwa se rend compte qu'elle ne lui a pas répondu et que les secondes sont passées en minute. non. il n'y a pas de réponse à donner. le silence est justifié alors. tu sens mon professeur. puis sa voix tranchante retentit. de cette phrase sonne les reproches qu'elle lui fait implicitement. c'est un étalon. il veut que sa semence se sème partout. il n'est pas mieux que ramsès, il en est une copie. il a laissé caelis prétendre être amoureux d'elle. et l'espoir de former une famille s'est envolé avec son amour pour son géniteur.