like an army of angels / b

BALTIMORE.
Mes yeux se perdent à l'horizon. Je n'entends pas, mais ce que je vois suffit à combler tous mes sens. Les odeurs des quatre territoires montent, même ici. Je vois les montagnes du Nord, je sens l'odeur salée du sable d’Égypte, les grandes forêts de la Cité. Et bien sûr, notre territoire. Je me fais sourire tout seul en disant notre. C'est comme si tout ça était un peu à moi, quelque part. C'est surtout à mon père, et Dieu sait comme je ne pense pas vouloir de tout ça un jour. C'est si grand. Si vaste.
Quoique..

Mara, elle, était remontée ici en haut. Le mont Olympe. Elle n'avait aucune idée d'où elle allait, essayait juste de ne pas tomber dans le vide et pour ce faire, prenait d'infinies précautions. La dominante, tout lui échappait ces temps: elle avait appris que sa mère était partie, et qu'elle avait eu un fils, pas par sa propre découverte. Et elle ignorait encore qu'elle avait un demi-frère. Le retour de Nox lui était encore inconnu...tout comme bien d'autres choses. Prise par ses obligations, bien piètre espionne des Jolly Roger elle faisait. En pleine ascension, une odeur de poulain très similaire à celle de Budapest lui sauta aux naseaux.

J'échappe souvent à la surveillance des autres. Ils veulent tous me surveiller. Surtout mon père. Comme si me garder en vie, la gardait elle un peu en vie aussi. Je peux pas lui en vouloir. Il m'a tout raconté, ne m'a rien caché. Je ne l'ai pas connue, moi, on peut pas dire que j'y suis attachée, à cette déesse des Enfers qui a charmé mon père et qui a engendré toute mon histoire sordide.
Je sens l'odeur de mon père, justement, et soupire un peu. Il va sûrement me gronder. Je me retourne, mais mes yeux rencontrent deux silhouettes.

Mara est derrière Budapest, un peu de travers ce qui permet au poulain de la voir. Elle termine de grimper, et sur ce qui semble être un plateau, la palomino perçoit nettement les deux odeurs: Budapest, et demi-Budapest, semblent dire les senteurs. Troublée, elle hennit doucement à l'attention de son paternel qui ne l'a pas remarquée, souriant dans le vide à l'attention des deux.

Ah ouais, ok. Donc quand y a quelqu'un d'autre de la famille, le paternel ne me calcule même plus. Légèrement jaloux ( puérilement sûrement ) je tourne la tête, dévisageant longuement la palomino aveugle qui.. ne verra rien de mon regard. Je soupire péniblement, en bon gros gamin qui fait son caprice. Je me rapproche de mon père, l'encolure courbée, le regard dur. Dis, c'est ma soeur ? que je lance comme ça, sachant très bien qu'elle est ici, devant moi. Comme si j'avais voulu être le seul.

Mara voulut répondre, mais le petit lui coupa la parole. Elle acquiesça. Oui, je m'appelle Mara. Heureuse de faire ta connaissance! La palomino approcha ses naseaux de lui pour le saluer. Elle pouvait le repérer à l'odeur, plus ou moins. Puis elle reporta son attention sur son père. Oui, je vais bien. J'ai...des choses à t'annoncer. La palomino sourit d'un air espiègle, mais elle recula bien vite une oreille, soucieuse. Tu devrais te reposer tu sais, prendre un bras-droit...un ou une dominant(e) en second...

Quelle belle bande d'handicapés nous faisons, tiens ! Mara, répété-je par habitude, comme avec tous les prénoms, pour bien m'assurer avoir entendu correctement. Je souffle doucement sur ses naseaux et, un peu brusque, lui donne un coup de tête amical. Je pose les yeux sur mon père, suivant la conversation. Ben.. hé ! Y a moi ! lancé-je avec une naïveté touchante ou abrutie, j'sais pas. Parce que oui. Je suis un peu jaloux, quand même.

ி Mara sourit, et comme pour ses enfants, lui rendit son coup de tête, plus douce, amicale. Mara renâcla, et risqua même de lever ses yeux ardoise et voilés au ciel. Brièvement. Papa...je suis sur le territoire voisin, tu pourrais être fier que je domine...j'assure la paix entre nos deux terres, je te soutiens, tu vois? Elle soupira, baissa la tête, amusée par son demi-frère.

ி Je ne le crois pas, que je sois l'unique facteur de paix. Mais j'y contribue. Si les jumeaux étaient venus menacer Murphy, il les aurait sans doute rejoins pour protéger les membres du Nord. Alors qu'avec moi dans les rangs ce n'est pas possible. La dominante recula ses oreilles. Je comprends ce que tu vis, papa. Mais ça ne sert à rien de se remémorer le passé, on peut pas le changer. Sans doute le savait-il, mais elle se devait de le lui rappeler. La palomino se mit à mâcher de l'air, gênée.

( genre murphy aurait rejoint l'Egypte )

Je lève la tête fièrement, prouvant ainsi à mon père que je me tiens prêt pour le jour où il aura besoin de moi. J'écoute ma soeur, mais je dois bien avouer que je ne comprends pas grand chose à toutes ces histoires de passé, présent, futur, imparfait. Alors, j'observe un papillon.
Quand le silence revient, je prends la parole à mon tour. Peut-être qu'on s'en fiche, mais j'ai le droit de l'ouvrir quand même, non ? Papa, je pense partir un peu. J'ai envie de découvrir le monde entier. Je ne sais pas quand, mais voilà, je tenais à te mettre au courant. Et personne ne me fera changer d'avis. Quand je serai grand et fort, comme tu dis, je reviendrai pour t'aider.