◉ as far as you can go

Elle semble connaître le chemin sur le bout des sabots, alors j'esquisse un sourire satisfait. « Parfait, parfait. J'espère que tu as une boussole implantée dans le cerveau ! » un rire amusé s'échappe de mes lèvres entrouvertes en imaginant le dispositif ancré dans la tête de la grisette. « Et, dépêchons-nous. Je ne voudrais pas que les pharaons se retournent dans leur tombe » alors, qu'on récapitule. On se trouve sur les terres du nord, près d'un bateau viking, et on prend la direction des pyramides. WTF man ?! C'est totalement fou, et pourtant, ça ne semble absolument pas choquer une seule seconde les deux bataillons que nous sommes, trottinant vers les terres regorgeant d'or brut.

Pour motiver les troupes, je me mets à siffler gaiement, taquinant ma compagnonne de piraterie en lui jetant des fleurs ramassées à tout hasard sur le chemin, devenant de plus en plus sableux

Elle fit mine de rire; comme si on pouvait avoir une boussole dans la tête quoi. C'était pas une toyota ! Soit, la grisette fit fonctionner ses petites méninges entremêlées pour se souvenir du chemin à emprunter et bomba fièrement le poitrail en passant devant le pie, comme si elle savait exactement où il fallait aller.
Toute fière de se balader dans GS en tant que guide officiel, sa bonne humeur fut vite ravagée par un bouquet de fleurs brutalement envoyé en plein dans sa poire.
« Pourquoi tu m'agresses ? Si je riposte, tu vas pleurer é_è »

Face à ses accusations soudaine, je me défends comme je peux, me sentant un peu bête. Un peu comme l'enfant qui a balancé ce bouquet de fleurs sans vraiment y réfléchir, guidé ses impulsions du moment. « Ne fais pas ta petite nature, ce ne sont que des fleurs. De plus, je n'ai pas visé ta... » mais soudain, j'ai mal au coeur. Un mal de crâne affreux me prend d'assaut, mes muscles entiers se tendent. Le mot "agresses" employé par la grise me revient subitement. Lui ai-je vraiment fait du mal ? Bien sûr, tu n'es qu'une brute. Et tu feras pire que ça. Je ferme les yeux et recule, ma tête se secouant brutalement de la gauche vers la droite. « Non.. » La peur m'enlace brutalement, ses bras furieux m'étouffant sans vergogne. Elle me fait si mal que mon corps semble se débattre dans le vide, cherchant à quitter l'étreinte d'un démon invisible.

Aslaug continue à marcher sans se rendre compte que le pie s'était arrêté. Quand la voix de ce dernier change, elle se braque, s'arrête et se tourne vers lui. Quelque chose ne va pas, quelque chose le perturbe.
« Quelque chose cloche ? » Fit-elle, sa voix à demi étouffée, un peu inquiétée par le comportement du mâle.

Le silence, étouffant, prend soudain toute la place entre nous. Ma respiration saccadée ne me permet pas de parler tout de suite, tandis que je recule encore. « Je.. Tu t'es sentie agressée. Je ne sais faire que ça.. » ma voix est un souffle malheureux. « Faire du mal.. »

Aslaug le voit reculer, marmonner, elle ne comprends que la moitié des mots qu'il dit. Hochant la tête, l'air apeuré, elle s'approche de lui comme on s'approcherait d'un animal farouche, à pas de loup.
« Pas du tout.. » Dit-elle un peu au hasard, ne sachant pas ce que le pie avait en tête. « Tu sais faire rire aussi ! »