I wanna know

Calliope était en train de manger un énorme fruit un peu comme elle le pouvait, et en mettait partout, autant sur sa robe toute propre que partout à côté. Et surtout, elle s'en mettait plein la panse.

Gladys faisait ses courses. Elle avait besoin d'alimenter sa réserve de remèdes cachée et protégée dans une caverne pas loin d'ici. C'était le meilleur endroit pour protéger sa réserve des intempéries, de l'humidité, du froid, du feu et des voleurs. Cette fois, elle avait besoin de fruits aux vertus curatives et savait où en trouver. Elle se dirigeait donc vers cet endroit, au petit trot.

La petite gloutonne, une fois rassasiée se vautra sur le flanc, poussant un sourire bienheureux, son petit ventre tout rond. Elle s'apprêtait à dormir ainsi lorsqu'une nouvelle odeur la fit se redresser d'un bond. Une silhouette noire au loin attira son attention, et elle se précipita à sa rencontre. -Bonjour toi !

Gladys, qui essayait de se remémorer la route, sursauta en entendant une voix de pouliche. La crinière à moitié hérissée, elle se tourna vers la jeune inconnue. Bonjour...qui es-tu? Elle tendit ses naseaux vers Calliope, et flaira malgré elle l'odeur d'Absalom. Cette petite était donc la fille du picoté?

En voyant l'inconnue tendre ses naseaux vers elle, Callie posa les siens sur ceux de la noire avant de reculer précipitamment en rigolant comme une folle . -J'm'appelle Calliope, j'suis la fille d'Avalon et Absalom ! Et toi madame ? Annonça -t- elle fièrement.

Attendrie par la petite baie, elle répondit: Je m'appelle Gladys. Mais mes amis m'appellent Lys. Je suis une connaissance de ton papa. La noiraude lui sourit et la regarda d'un air amusé, intriguée. Elle la regardait de la même manière qu'elle aurait considéré une plante inconnue et dont elle voulait connaitre les propriétés.

Et Callie la considérait avec autant de curiosité, la tête un peu penchée sur le côté. -Alors je peux t'appeler Lys ? Moi j'aime bien qu'on m'appelle Callie ! Fit-elle, avec un large sourire. -Et tu l'aimes bien mon papa ?

Gladys lui sourit et acquiesça. Va pour les surnoms. Un peu étonnée de la question, elle hocha la tête. Oui, il est gentil. Qu'est-ce que tu fais là toute seule?

Tiens, c'était vrai pour une fois elle n'était pas flanquée de sa sœur. -Euh, je me promenais, maman ne m'a pas vue partir ! Elle ne me voit jamais d'ailleurs, mais d'habitude je suis avec ma soeur jumelle, Volt ! S'exclama-t- elle fièrement. -Et toi, tu faisais quoi toute seule ?

Gladys sourit d'autant plus à la pouliche en entendant le mot "jumelle". Tu as une jumelle? Moi j'ai un jumeau, Nox, qui est dominant au Nord. La noiraude fouailla l'air de sa queue, heureuse d'une telle rencontre. Je suis guérisseuse, alors je refaisais mes réserves de plantes qui se sont appauvries pendant l'hiver. Tu veux m'accompagner? Elle proposait, heureuse de trouver de la compagnie. Cette petite lui rappelait elle-même à l'âge où elle avait rencontré son mentor guérisseur.

-Oui, elle s'appelle Volt ! Ma maman est au Nord aussi je crois ! Annonça -t-elle toute fière. Elle trottinait à côté de la noiraude, en relevant les genoux bien haut. -C'est quoi un guérisseur ? Et pourquoi tu as besoin de plantes ? S'enquit-elle, son regard ambré s'allumant d'une lueur inquisitrice.

La noiraude ralentit le rythme pour s'adapter à celui de la pouliche. Une guérisseuse, c'est quelqu'un qui guérit les autres quand ils sont blessés. Qui les soigne. J'ai besoin de plantes pour les soigner.

C'était comme à chaque fois : on lui répondait, et elle en voulait toujours plus. -Et tu fais quoi pour les guérir ? Tu récites une formule magique, tu leur jettes des feuilles dessus et c'est bon ? A cette simple idée, elle éclata de rire.

Ce qui ne dérangeait pas Gladys, étant donné qu'elle adorait répondre et surtout, enseigner. Non, les formules sont surtout pour leur donner confiance, et je n'en utilise généralement pas. Suivant les plantes, on utilise ou les feuilles, ou les fleurs, les racines, ou toute la plante. On peut l'appliquer directement ou la faire sécher, la réduire en pommade en la mâchant...et il ne faut pas se tromper de plantes, certains se ressemblent, mais n'ont pas les même effets, tu vois?

Calliope semblait boire les paroles de l'arabe, les yeux grand ouverts et éclairés d'une lueur émerveillée. Elle engloutissait le savoir que daignait lui transmettre Gladys, et s'agita légèrement. -Est-ce que tu voudrais bien m'apprendre ? Osa la petite brune en relevant un regard ambré et plein d'espoir vers sa comparse.