sachant qu'un mouvement de plus vers l'horizon serait un de plus vers le rivage

PA

C'est quoi l'évasion? La vraie, vous voyez, celle qui vous ordonne de vous envoler, parce qu'au final vous en crever d'envie, vous avez que ça, ce serait votre bonheur. L'eau vous porterait, et vous serez juste rien dans l'océan, mais vous aurez obtenu ce que vous souhaitez, ce qui vous arrachait les tripes.
Pa ne connaît pas cette sensation, elle connait juste l'amour, l'amour qui tangue à la difficile. Un peu comme la mer, dans laquelle elle s'avance, les vagues chatouillant ses genoux.

Chao, suivit de Septenrê, suivait Pa à la trace. Pourquoi lui devant? Parce qu'il connaissait mieux la blanche que sa cousine, et qu'il serait le premier à entrer en scène. Il guigna à la sortie du tunnel de roche, et la vit,qui avait sans doute le vent marin et les cris des mouettes dans les oreilles. Le sabino jeta une oeillade à Septenrê, pivota sur ses sabots en toute discrétion, réjouit. Brusquement, il couche ses oreilles, dilate ses naseaux. La colère - simulée - est présente dans son regard de braise. Il recule, comme si sa cousine l'attaquait, gronde, déboulant sur la plage en marche arrière, comme si il n'avait pas vu Pa et avait été piégé. D'ailleurs... Tu m'as tendu un piège! Absalom me vengera! S'égosille-t-il, longeant la paroi en direction d'un bloc sémantique. Il est recouvert de sang, comme si il était blessé, alors qu'il s'est roulé dans un cadavre frais. Le piège, ce n'est pas lui qui tombera dedans.

   

Cette évasion, jamais elle ne la connaîtra, jamais elle ne la touchera. Elle ne fera que l'effleurer, passant toujours à côté. Il y aura toujours quelque chose pour la distraire, pour l'en empêcher. Chaodence? qu'est-ce qu'il fait, couvert de sang? Il empeste. Tu le sais, quelque chose cloche, mais vas-y quand même Pa. mais en fait il ne s'adressait pas à la colombe. C'était à sa propre cousine. Lorsqu'elle la voit, son sang ne fait qu'un tour, et accélérant le rythme, elle part rejoindre son amant d'un jour, le dégageant de la croupe pour le mettre de côté. Même s'il n'avait pas l'air essoufflé, il était couvert de sang. Et de près elle avait pu constater ce qu'il clochait. Septenrê! Je t'interdis d'emporter mon... le père de ma fille comme tu l'as fait avec ma fille! dans toute cette mise en scène, ressortait des paroles qui venait du fond du coeur. Il ne restait plus qu'à ce qu'elles atteignent celui de Chaodence.

Chaodence fut étonné un fragment de seconde. Qu'est-ce qu'elle faisait? Elle lui plantait des couteaux dans le dos et après elle le protégeait?! Cette fois, il était furieux pour de bon, mais n'en laissa rien paraître. Mets-toi à l'abri Pa! Elle veut te tuer aussi! Dans son regard, on voyait une panique simulée. Mais convaincante. Habitué à jouer la comédie depuis l'enfance, il était acteur professionnel. A son tour, il dégage la blanche d'un coup d'épaule ferme, tâchant sa robe immaculée du sang frais qu'il portait, puis se jette sur Septenrê et attrapa la base de l'encolure de celle-ci entre ses dents, ne faisant que pincer, lui donnant par là l'autorisation de lui donner quelques coups pour rendre plus vrai.

       

Ébahit par la violence du spectacle, elle recule, pour mieux avancer. Pourquoi? elle voudrait bien voir pourquoi une telle mise-en-scène. Elle a fait quelque chose, elle n'est pas irréprochable, Pa, mais elle n'est pas méchante. Alors, bordel, qu'est-ce qu'elle aurait pu faire. C'est pas le moment, tu le sauras tôt ou tard. Chaodence! il faisait quoi, lui qui était si vaillant, si fière, et fort. Il perdait, contre sa cousine? Là il n'y avait pas une once du courage qui l'avait tant accompagné. Après tout, elle a fort changé, la jolie colombe. Il en va de même pour le guerrier.

Mais le guerrier a peut-être en ce jour, troqué son armure de fer pour une autre en carton. Et le carton pli, il ne se déchire pas. D'un coup de tête sur le côté, il aurait pu éviter le sabot. Mais il s'était laissé frappé en faisant bien attention à la réalité de l'apparence, à rendre le fait comme réel. A maquiller le fait. Il aura une bosse, une petite cicatrice peut-être. Quelques gouttes de sang coulent sur son chanfrein alors qu'il est au sol. Péniblement, il relève la tête, le regard sur Pa. Mets-toi à l'abri... Dit-il d'une voix rauque, avant de tourner de l’œil. Quand son père tuait devant lui, il avait eu largement assez d'occasions de connaitre le scénario approprié. L'acteur principale quittait momentanément la scène.

Elle ne sait pas attaquer, même si elle a vu d’impressionnants combats, maintes et maintes fois. Mais par contre, elle sait se défendre. Elle sait riposter, et elle sait très bien fuir. Elle calcule a la perfection surtout. Barre toi! il l'étouffe cet instinct. Mais il a tellement raison...
Elle ne bouge pourtant pas, clouée au sol. Elle la regarde, elle, la grande Septenrê, qu'elle a au fond toujours admirée. Avant de me tuer, quel nom as-tu donné à notre fille?

Elle ne bouge pas et plie son encolure pour la tendre de tout son long. Elle se trouvera un autre nom, ne t'en fais pas. miaule t-elle en plaquant ses oreilles sur sa nuque.

Chao remua un peu, puis se releva "péniblement". Comme s'il n'avait rien entendu, toujours dans l'action, il se mit à pousser Pa vers une corniche, la faisant passer par un étroit sentier. Il n'y avait pas d'autre échappatoire, la sortie étant bouchée par Sept. Il faisait mine de boiter, le regard paniqué. Dépêche-toi! Je te couvre! Un coup d’œil en arrière indiqua à la dorée que le plan se déroulait bien, qu'il fallait encore continuer un peu.