Iles des brumes | J

Comme mon prénom oui répondis-je en un sourire. L'Amérique... oh c'est très loin vers l'ouest. Repenser à l'Amérique me faisait tout drôle, je n'avais pas pris un instant depuis mon arrivée sur ces terres pour y repenser. Absent quelques secondes à cause de cette fameuse Amérique, je ne me rendis même pas compte de jouer avec les crins de la douce alezane, soufflant légèrement dessus.

❦ June le regarda d'un air un peu surpris, mais se laissa faire en souriant d'un air timide. Loin comment? Demande-t-elle, en reculant d'un pas pour lui ôter sa crinière de la bouche.

Elle ne semblait pas apprécier mes espiègleries, je ne m'excusai pas mais calmai mes ardeurs en reculant de quelques pas. A quelques mois de marche au moins... Et vous, comment avez-vous atterri ici ? demandai-je curieusement.

❦ June lui sourit, espérant qu'il ne lui en voulait pas trop. En marchant...? Elle n'était pas certaine que ce soit la bonne réponse.

Je ne peux m'empêcher de glousser un peu. Haha oui, en marchant, je me doute bien. Elle semblait vouloir rester secrète, souhaitant respecter son avis, je ne cherchai pas à en savoir plus.

❦ D'autant plus gênée par le silence qui s'installe, elle proposa: Oh, j'ai vu une salle avec de la vapeur avant... Bon d'accord, proposa à moitié. Sur ce, elle sortit de l'eau, s'ébroua, et rejoignit l'autre salle en adressant un regard au mâle, par-dessus son épaule. Un genre d'invitation.

J'hochai la tête, approuvant sa bonne idée et la suivis dans l'autre salle. Elle marchait devant moi et je l'observais se déhancher, balancer sa croupe de droite à gauche, s'ébrouer, essayant d'ôter de fines gouttelettes incrustées dans ses poils. Je mourrais d'envie de lui mordiller le haut de la croupe mais ne fit rien, de peur qu'elle me prenne pour un goujat ou pour quelqu'un que je ne suis pas. Le problème, c'était que je me sentais comme envoûté par sa présence.

❦ Et la joliesse de la dame n'était pas seule coupable de l'effet qu'elle lui faisait. Son fragment d'Aphrodite faisait lui aussi la part des choses. Elle entra alors dans la salle, et disparue à travers la vapeur, ses naseaux s'en emplissant.

A mon tour je pénétrai dans cette salle, au cœur d'un nuage de fumée. Il y régnait une douce odeur, une odeur de fleurs, et j'adooore les fleurs alors ça tombait bien. Le physique de la douce alezane devenait de plus en plus flou au fur et à mesure qu'elle avançait dans la pièce. Je la contournai pour arriver finalement face à elle, à quelques centimètres de son minois seulement. Mon toupet tombait devant mes yeux, légèrement ondulé à cause de l'humidité. Sex appeal retombé sous le niveau de la mer

❦ Elle aperçut la silhouette de Cali devant elle, mais ne pouvait en être certaine, car il était bien flou. Oh, vous êtes là! Constate-t-elle, en tendant ses naseaux vers lui pour être sûre.

Elle avait avancé sa tête vers moi, le temps de deux secondes j'aurais pu approcher mes lèvres et caresser les siennes, mais je n'avais pas osé. Son attitude ne m'aidait pas, elle ne me séduisait pas, ne tentait aucun rapprochement, j'étais perdu. Oui ma douce, je suis là, pas de panique avais-je alors dis de ma douce voix. Tentant une approche, j'avais réduis la distance entre nous deux, collant mon poitrail au sien.

▲ Et June était incapable de faire quoi que ce soit, elle ne savait pas ce qu'il attendait d'elle, elle ne pouvait s'empêcher d'être attirée par lui, mais en même temps elle se l'interdisait. Ma douce? Souffle-t-elle, le trouvant décidément gentil. Elle ne bougea pas à son approche, ne fuyant pas, mais ne l'encourageant pas non plus.

Il faut dire que son attitude me laissait perplexe. Je ne savais pas quoi faire, ni comment réagir, elle ne m'aidait en rien et je ne voulais pas forcer les choses. Ma douce ? demanda-t-elle ; devais-je comprendre que ces familiarités la dérangeait ? Je peux m'en tenir à June si vous préférez, dis-je alors. Elle n'avait pas reculé, nos poitrails se touchaient, et je ne fis pas un geste de plus, lui laissant les cartes en main.

❦ Comme vous le souhaitez. Dit-elle, les naseaux frémissant. Ma fois, June étant séduite, séduisante, mais ne séduisant pas, elle était bien incapable de donner des pistes à l'étalon. La petite alezane lui donna pour seule piste - quoiqu’inconsciente - le fait quelle se détendit, ce qui signifiait qu'elle était à l'aise.

La proximité entre nous deux me permettait de la sentir, elle sentait bon. Et l'odeur de cette salle était enivrante, à moins que ce soit la sienne ? Je n'arrivais plus à faire la différence. Plus le temps passait, plus elle semblait se détendre ; mais que faire ? Mon intention n'était pas de brusquer les choses et pourtant, je crevais d'envie d'effleurer ses lèvres. Alors quoi, lui demander ? Me permettriez-vous de vous embrasser ? demandai-je d'une voix un peu rauque (qui ne ressemblait pas à la mienne d'ailleurs, étrange). Au mieux, elle était d'accord, au pire, je ré-essaierai plus tard.