ainsi je vais -

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Mes sabots venaient agiter les marécages : quelques sillons se dessinaient dans l'eau boueuse, troublant le reflet de ma carcasse. Je pressais le pas : pourvu que personne ne me voit...

J'avais pénétré cette forêt pour me cacher du soleil de plomb. Mes sabots s'enfoncèrent dans la terre humides et ils laissèrent une trace de mon passage grâce à mes empruntes. Mon odorat captura l'odeur d'un étalon. Je ne pensai pas ces contrées autant peuplées. J'avais rarement des moments de solitude pour me mettre à réfléchir sur mes connaissances.

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Des nuisibles venaient s’agglutiner le long de mes flancs, de mes membres, de mes naseaux. Agacé, je laissais continuellement ma queue ainsi que ma tête se balancer au gré de mes foulées. Ignorant, je me laissais guider par l'ombre que dessinaient les hauts arbres, fuyant à tout prit la chaleur dont nous noyait l'été.

Une odeur. Un bruit.

Je m'arrêtai.

J'ignorai l'odeur masculine qui flottait dans l'air. Je continuai ma route comme si j'étais le seul dans cette forêt. Je n'avais pas réfléchi en prenant le chemin que j'allais arriver devant lui. Il était immobile et je laissai mon regard parcourir ses formes arabesques. Je ne m'étais pas arrêté, je poussai le pas vers sa direction.

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Face à moi se dessinait peu à peu une silhouette, probablement masculine : la brise chaude vint me le confirmer. L'individu s'approchait, l'air serein, tandis que je fis quelques pas de côté. Me sentant presque agressé, le voyant si inconnu et si proche de moi, je laissais retentir ma voix

Que me voulez vous ?

Me voulant menaçant, je ronflai des naseaux, les oreilles rabattues.

Je réagis avec indifférence sur l'animosité de cet étalon arabe. — Rien. Lâchai-je d'une voix qui resta neutre. — Votre accueil me plaît bien. Ajoutai-je le regard jugeant sa silhouette.

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" Peu m'importe le fait que vous l'appréciez. Je vous déconseille fortement de vous approcher d'avantage. " Agressivité, peur ? Probablement rien de tout cela. "Terres libres" ? Cela n'avait aucun sens pour moi : dés lors que j'errais sur l'un de ces territoires, je ne le considérais plus comme libre mais exclusif.

Ses mots qu'il débitait me touchèrent nerveusement. Risible parole dont j'étouffai un rire devant cet être désinvolte. Mes yeux le fixèrent. Échange provocateur à travers mon jeu de regard. — Très bien. Fis-je en restant neutre. Aucunement atteint par ses menaces enfantines. Je ne fis pas demi-tour, je ne bougeai pas. J'étais comme figé dans la terre.

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Jeu de regard ? à vrai dire, le mien se perdait dans tout ce qui volait aux alentours, mais surement pas dans ses yeux. J'étais nerveux et déjà, je pouvais sentir la sueur mousser le long de mon encolure pour venir glisser par gouttelettes jusque sur mon poitrail. Je basculais mes appuis un à un. J'étais tenté de lui reposer la même question que la première, mais cela n'aurait eu aucun sens.

Pourquoi n'en retournez vous en pas à vos activités ?

Je le regardai toujours. Les signes de nervosité se manifestèrent & je ne bougeai pas pour autant. Répondre à sa question ne servira à rien. Cela se voyait que je ne pensai pas à me retirer. — Libre à vous de partir.

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Agacé, je le dévisageai avec le peu d'affront qu'il me restait, muet. Il n'était pas si mal en fin de compte.. Souvent, je me surprenais à apprécier observer la musculature épaisse d'un mâle, de quoi me mettre on ne peut plus mal à l'aise. Je m'ébrouais, comme pour chasser cette idée impure de mon esprit. " Je n'y compte pas " me contentais-je de souffler, me voulant arrogant.

» Ainsi va la vie...
» Continuons ainsi.
» Dur dur mais c'est ainsi.
» Que regardes-tu ainsi ?
» ainsi soit-il | (g)