weird place - s

Quel étrange endroit pensa-t-elle en débarquant ici. Le sol était dur et blanc, l'air (trop) frais, de la fumée sortait de ses naseaux quand elle respirait. Sanniya tremblotait, sans comprendre ce qui lui arrivait, elle ne savait pas qu'elle venait de découvrir : la glace.

OROSZLÀN.
Il ne sera jamais nulle part aussi bien que sur la glace. Dans la neige. Lion d'Hiver.
Le yearling palomino marche tranquillement. Il n'a pas froid, habitué à ces conditions météo. C'est un peu plus loin qu'il aperçoit une jument. Ses crins noirs contrastent avec son corps sablonneux de la même façon que les siens, blancs, contrastent sur la dorure de ses poils. Le jour et la nuit. Curieux, Oros s'approche en trottinant, un léger sourire aux lèvres. Comme s'il était déjà dominant. Comme s'il voulait déjà reprendre la place qui lui était due. Qui lui était réservée, promise – à lui, son frère et sa soeur, bien sûr. Comme si c'était le présent mérité pour supporter de partager un sang maudit – et pourtant tant aimé.

Elle glissait un peu sur le sol, peu habituée à se déplacer sur un tapis si lisse ; d'habitude, ses sabots s'emmêlent dans le sable. Puis Sanniya voit un petit étalon couleur de sable s'approcher en souriant. Elle lui rend son sourire, aimable. Elle admire l'aisance avec laquelle il trottait sur la banquise. Bonjour !

Le doux ton de sa voix lui plait déjà. Son sourire s'agrandit. « Salut ! » Il s'approche, ralentissant devant elle, l'observant curieusement sans être gênant pour autant – du moins l'espère-t-il. « Qui es-tu ? »

Ce n'est pas pour faire la meuf mais les courbes de Sanniya avaient toujours attiré les regards, depuis son plus jeune âge. Sa robe particulière aussi. Et cela ne lui déplaisait pas, au contraire. Sans gêne de son côté non plus, et un sourire collé aux lèvres, elle regarde l'étalon, le trouvant à son goût. Je suis Sanniya ! Et toi ? Le ton familier qu'il adopte la met en confiance, le tutoiement aussi, elle sourit un peu plus.

Oros se sent toujours très proche des gens. Peut-être parce qu'il a toujours été très entouré dès sa naissance (par ses parents, par les mille connaissances de ses parents, par ses amis enfants), le yearling est resté très social, malgré le grand drame qui a déjà marqué sa vie si courte encore. Il lui sourit à son tour. « C'est joli, ça fait prénom d'été, du Sud ! » Le Lion lui offre un clin d'oeil qu'il espère aguicheur   Mais il ne connait pas encore grand chose à la drague ¬¬ « Moi c'est Oroszlàn. » Un nom bien plus dur, cassant, qui écorche la langue. Qui contraste bien avec son tempérament, mais qui, pourtant, lui sied à ravir. Parce que ça rappelle le Nord. Parce que ça veut dire « Lion ».

C'est joli ! Elle lui fait une petite tête sympa, genre , qui pourrait dire "merci c'est gentil" ou "ça fait plaisir", mais elle n'a jamais été très à l'aise avec les compliments. En revanche, le clin d’œil qui l'accompagne la fait glousser, si celui-ci devait être séducteur c'était un peu... raté. Et il se présente à son tour. Enchantée, O-ros-zlàn, dit-elle en insistant sur chaque syllabe, pas certaine d'avoir prononcé son nom correctement. C'est qu'elle n'avait pas été habituée à des sons si consonantiques. T'es d'ici ? Avec une silhouette si fine et élancée, il pourrait venir d'un pays de l'est, comme elle, et pourtant non, le nom ne suivait pas.

Il se met à rire à son tour en l'entendant prononcer son nom de façon découpée à la hache. « Tu peux m'appeler Oros, si jamais. » Il penche la tête sur le côté, pas peu fière de lui répondre : « Oui, je suis né ici ! Pas toi, n'est-ce pas ? » devine-t-il en inclinant ses oreilles vers elle.

Alors ce sera Oros, c'est plus facile , dit-elle en se sentant un peu stupide. Héhé non... Comment t'as deviné ? Bien sûr ce n'était pas une véritable question, ça se voyait rien qu'à l'observer galérer sur la glace.

Il sourit, en la voyant un peu gênée ou il ne sait pas trop quoi. « Je suis devin » lance-t-il en rigolant, en faisant quelques pas sur cette glace où il marche... si aisément, comparé à elle.

Elle fait deux pas pour l'imiter et manque de finir les quatre fers en l'air. Ola ! fait-elle, pas rassurée. Faut que tu m'apprennes, comment tu fais ???

Il incline sa tête sur le côté. Il ne le sait pas, mais sa grand-mère le faisait tout le temps. Sauf que chez elle, ça donnait quelque chose de... dérangeant. « Je ne sais pas, c'est naturel pour moi ! Je suis né ici, dans la neige, dans le froid, c'est mon royaume. » conte-t-il avec une voix émue et fière.

Il la rend joyeuse à parler ainsi de ses terres. Moi c'est tout le contraire, je suis nez sous le soleil et au milieu du désert. J'avais jamais vu un sol comme ça avant. Mais ça, il l'avait déjà compris.

Il lui sourit, lui donne un coup d'épaule pour rigoler. « Alors que fais-tu ici ? Tu t'es perdue ? » lance-t-il en souriant.