◊ invisible stains.

AENOR.
Même dans ce décor putride et difficile d'accès, elle ressemble à une princesse. Sa démarche gracieuse combinée aux croassements de crapauds qui restent cachés de son regard donnent un mélange étonnant. La rouquine fend les fins nuages verdâtres avec l'agilité d'un chevreuil.

▲ Gladys essayait de trouver quelque plante médicinale dans cet endroit à la fois putride et dangereux. Ronflant régulièrement des naseaux à cause des insectes, qu'elle rechignait à chasser en se roulant dans la vase car elle avait trop peur de se faire piéger par un prédateur, elle avançait au pas. Tout du moins, jusqu'à ce qu'elle en ait assez et parte au trot, hésitante quant à partir au galop. Elle n'avait pas la démarche princière d'Aenor, qu'elle reconnut non loin, et interpela d'un hennissement.

Un hennissement interpelle la princesse, et celle-ci tourne la tête, bifurquant au trot vers la noire avec son doux sourire habituel. Si pleine de vie, la petite... Elle s'arrête près de Gladys, la saluant d'un brillant sourire. « Gladys ! »

▲ Aenor! Quelle bonne surprise!... La noiraude écarta à temps son sabot, susceptible de se faire grignoter par un piranha égaré. Elle le fusilla du regard, et n'esquissa plus un seul mouvement, ne souhaitant pas l'attirer. ...dans un si mauvais endroit. La noiraude ronfla des naseaux, puis adressa un regard malicieux à sa congénère.

La princesse hoche gravement la tête, perdant un instant son sourire si rayonnant. « Toutes nos terres, détruites. »

▲ Gladys grimaça. Oui. C'est...ça paraissait impossible... La noiraude soupira doucement, puis préféra changer de sujet. Il paraît que tu as un admirateur.

Aenor joue l'innocente. Elle tourne sa tête, parfaitement dans son rôle, vers son amie en dressant les oreilles. « Un admirateur ? Et qui donc ? »

▲ Mais la guérisseuse n'est pas dupe. Elle sait reconnaître un malade qui n'en est pas un, alors pourquoi pas reconnaître une comédienne. Mon ami voyageur, Cali. Gladys sourit.

Mais Aenor, elle, ne pense qu'à Arsène. Si bien que lorsqu'un autre nom tombe, elle affiche une mine surprise qui n'a rien de surjoué. Elle ne mime pas.
Elle est réellement surprise – et soulagée ? Sa « relation » – un terme si bas pour ce qu'elle partage avec son Petit Prince – avec Arsène doit-elle rester cachée ? En vérité, elle n'en sait rien. Elle n'a juste pas envie de poser de mots dessus. Encore moins avec quelqu'un d'autre que lui.
« Cali ? Ah oui, je m'en souviens ! Il a essayé de me séduire et il m'a volé un baiser, je crois que je lui plais » Si la phrase aurait pu paraître hautaine, dans la bouche de la rouquine, elle semble presque innocente.

▲ Gladys lui lança un coup d’œil complice, amusé, mais elle ne se faisait pas d'idées. Franchement, ça ne me surprend pas. Cali a toujours été ainsi. La rouquine quant à elle, ne semblait pas conquise. Elle espérait que son ami se lasserait. La noiraude prit le pas. On marche? Sinon, tu vas bien? Pas de blessures? Elle la détailla, bienveillante.

Aenor lui lance un joli sourire. « Il doit être comme ça avec tout le monde. » Elle se met à marcher aux côtés de son ami. « Non, rien de mal ! Je vais même très bien. Et toi ? »

▲ Gladys lui rend son sourire. Elle acquiesce, amusée. Cali avait toujours été charmeur, et si elle soupçonnait quelque chose de plus, elle n'en fit pas part à la jolie rouquine. J'ai laissé quelques crins à l'incendie de l'Empire, et je suis fatiguée de tous ces blessés...heureusement qu'il y a mon apprentie.

La renarde sourit un peu. « Qui est-ce ? »

▲ Calliope, la fille d'Absalom, le dominant de...l'ancienne Egypte ancienne. La noiraude grimaça un peu lorsqu'elle dû évoquer les anciens territoires. Cette perte était un coup dur pour tous.

Aenor se fiche un peu des rangs de chacun et chacune. Les dominants, les héritiers... Elle, elle est bien princesse, elle ne le crie pas sous tous les toits. Elle hoche la tête, ne la connaissant de toute façon pas. « D'accord. » fait-elle simplement, avec un joli sourire.