Ô doux espace créatif où s'évade un esprit vif.

Tordre ses lèvres d'un sourire ; marquer sa joie quasi inexistante. La pouliche est novice dans l'art de montrer une once de son bonheur au monde entier. Elle est plutôt renfermée, cachée derrière cette barrière qu'elle a forgée elle-même. Les yeux de Maxine pèsent sur elle et Runaway commence à éprouver de la confusion sur sa propre identité. Elle se pose des questions sur la conception de son organisme par rapport aux autres. Suis-je normale ?

Bizarre. Ce mot lui serre les viscères. Néanmoins, elle ne montre pas la blessure qui a fait fissure dans son corps. Elle hésite à choisir la pouliche comme support. Elle se souvient des paroles de son père. La petite médite. Elle suit les épreuves de son éducation à la lettre. Elle ne peut pas le contrarier. Mon père ne veut pas. Des aveux dangereux.

Elle ne connait pas entièrement les intentions de son père, mais pour elle sourire de joie n'est pas dans les épreuves. Elle fuit le regard de la pouliche en tournant la tête, cachant ainsi son trouble qui agite son esprit. Juste un clignement de paupières suffit pour que son embarras s'efface de ses prunelles. En as-tu envie ? De quoi as-tu envie ? Dis-moi... Quand elle vient retourner son regard sur Maxine, leurs lèvres se frôlent. Cette proximité alerte Runaway. Sa tête se lève et elle recule pour installer une distance. Son regard s'est assombri.

Ce bref contact fait ricochet dans son esprit. La pouliche, le regard appuyé dans celui de la rouquine, tape de son antérieur. Un geste qui montre sa colère. Runaway ignore sa réaction, mais la haine a gravi des échelons. Elle se sent salie par Maxine. Elle a l'impression d'avoir perdu une partie de son déguisement, que ses sentiments soient enfin révélés. C'est un pas qui rapproche la noiraude de la rouquine. Le regard qui ne quitte pas sa cible et ses dents qui grincent dans un son audible et désagréable.