hurricane.

Anastasia.

Un, deux, trois. La princesse compte les rochers qu'elle escalade sans répit. Quatre, cinq, six. Elle ignore où cela la mènera, mais la curiosité est plus forte que tout. Sept, huit, neuf, son cœur ne cesse de s'emballer dans sa prison de chair. Dix, onze... Elle s'arrête, une ombre attirant son regard ambré. Qui se tient là, au bord du vide ? Elle plisse les yeux et aperçoit la silhouette d'un mâle inconnu. Comme toujours, elle ne peut s'empêcher de venir à son secours... sans même savoir s'il a besoin d'être secouru, ou s'il compte faire quelque chose de totalement fou. La question ne lui traverse pas un instant l'esprit. « Ne faites pas ça ! » La vie n'est pas une succession de drames, milady. Il faut que tu respires.

Quand le silence emplit l'espace, elle sent tout le poids de sa bêtise. Peut-être venait-elle de se jeter dans les bras d'un loup... Non, c'est idiot. Il est encore trop frêle pour un étalon d'âge mur, il n'a pas la force de la blesser. Ou probablement pas. N'est-ce pas... ? Elle hausse un sourcil réprobateur à sa réponse, pour le moins inattendue. « Trop simple ? La mort n'est jamais simple. »

Elle trouve cette remarque affligeante et par-dessus tout, révoltante. « C'est ce que disent les nombrilistes sans esprit qui ne se préoccupent que de leurs petits oignons. » Cette fois, elle l'observe sans ciller, un air de défi dans le regard. Un vent de courage soufflant autour d'elle.

Ça me va

Il s'approche et son pouls accélère la cadence. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il vienne si près, franchissant son cercle d'intimité. Tentant de ne pas faire transparaître sa crainte, elle appuie son regard de braise. « Vraiment. » Une sensation de brûlure lui rappelle l'existence de ses paupières, et elle s'en sert alors comme d'un rideau qu'elle ferme face au monde, l'espace d'une milliseconde qui lui permet de souffler. « Je ne disais pas cela pour vous. » répond-elle sur le ton de l'évidence, campée sur ses positions.

Face au cynisme insupportable du jeune mâle, elle ne se démonte pas pour autant. « Et pourquoi pas ? » Elle se tut un instant, craignant que cette réponse ne soit un peu trop légère, dévoilant un manque de répondant évident. Et zut. Pourquoi diantre ne réfléchis-tu pas avant de parler ? « Je veux dire, chacun mérite d'être sauvé, pour lui et pour les autres. Il y a bien quelqu'un en ce monde qui vous regretterait ? » En dépit de vos apparences de petit impertinent - pense-t-elle tout bas.

Il a repéré sa faille et ne cesse de creuser pour essayer de l'atteindre. C'est son but ultime, elle n'est pas idiote. Il faut qu'elle évite à tout prix de montrer ses faiblesses.. Alors, à défaut, elle décide de témoigner de son exaspération par un long soupir d'agacement. « J'ai déjà fait mes preuves. » répond-elle sans hésiter une seule seconde, se souvenant de ce jour où elle a tout abandonné pour fuir vers l'inconnu. Pour se sauver dans tous les sens du terme. « Et vous n'avez pas répondu à ma question. » remarque-t-elle, ingénieusement. « Votre réponse irait-elle à l'encontre de vos principes de fausse brute ? »

Son regard froid contraste avec le sien, qui, malgré elle, pétille d'émotions contradictoires. Des émotions qui donnent un éclat à ses deux orbes chocolatées fixées sur le mâle, qui s'est maintenant rapproché. Comme si de rien n'était. Elle hoche la tête à sa réponse, incapable de dire quoi que ce soit, trop concentrée sur ses gestes. À la recherche d'un indice sur ses réelles intentions. Quand il vient à s'immobiliser, elle se détend un peu. « J'en doute fort. Cette réponse VOUS convient-elle ? » répond-elle sur le même ton que lui, avec une pointe d'ironie qui a le don de l'étonner et qui lui vient des tréfonds de son être. Un être lointain.