what a flower.

Lorsque Luce apparut devant l'étalon noir, essoufflée encore de son ascension jusque dans les fraîches hauteurs. Ses grands yeux bruns se posèrent sur ledit étalon, qui s'apprêtait à écraser une fleur assez particulière - Luce en avait vaguement entendu parler. Accrochant son regard dans le sien, elle attendit de voir ce qu'il ferait ensuite, tranquille.

Elle l'observa faire avec une certaine curiosité, son regard s'attardant sur l'étrange fleur qui ne se remettait pas vraiment du châtiment. Cette fleur n'était même pas belle, elle s'en détourna, suivant en trottinant l'étalon noir. Pourquoi t'écrases les fleurs ? T'en a peur ? ¬¬ fit-elle sans pouvoir retenir la moquerie dans sa voix.

C'est assez nul comme vie alors, décréta Luce, avec sa franchise habituelle. A sa réplique, elle freina un peu, tentant de rester imperturbable. Je suis certaine que tu peux trouver plus distrayant, rétorqua-t-elle dans un sourire qu'elle voulait plein de contenance.

Jouer ! Luce n'était pas ce genre de personne. Elle voulait savoir. Et le silence de l'étalon l'exaspérait. Elle ne comprenait pas encore les codes des adultes, ne distinguait pas toutes les nuances de caractère, ne comprenait pas les silencieux. Elle avait besoin de parler, de comprendre, d'analyser. Aussi tient-elle sa langue quelque temps, puis demanda : Comment tu t'appelles ?

Raven, Raven, Raven. La pouliche répéta ce prénom dans sa tête, ne trouvait bizarrement rien à y dire. Habituellement, lorsqu'un cheval lui donnait son prénom elle tranchait assez rapidement : c'est moche, c'est cool, c'est étrange, c'est poétique. La seule choque que lui évoquait le prénom de l'étalon noir était le mot " ravin ". Etait-ce un signe du destin ? La cause de sa mort serait-elle liée à un ravin ? Elle pinça les naseaux, agacée par sa débilité. Le destin n'existait pas.

Elle s'arrêta presque en même temps que lui, soucieuse de s'adapter à son rythme. Se tournant complètement vers l'étalon noir, elle darda son regard vif sur lui. Je suis dans le territoire nordique, avoua-t-elle, formelle.

Elle hésita un peu, ayant l'impression de trahir sa mère à chaque fois qu'elle parlait du Nord, et de son projet de le quitter. Bof, avoua-t-elle après un petit instant, il y fait trop froid.