‹ dance baby dance like the world is ending ›

OROSZLÀN.
Toujours fidèle au poste. Il quitte rarement le Nord, il faut l'avouer. Le Lion secoue sa crinière argentée en humant l'air frais et pur de l'hiver éternel.

Oktori

Nichée dans un buisson, j'observe l'étalon face à moi. Je le reconnais aisément et c'est pour cela que je reste calfeutrée dans ma cachette. Mon popotin se trémousse, faisant frémir les feuillages. Avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit, je lui bondis dessus.

Il ne l'a pas entendue, et sûrement se plaindra-t-il de son manque d'attention. Elle se jette sur lui sans qu'il ne s'y attende, et il manque de chavirer, malgré le poids plume qu'elle fait, comparé au sien, bien plus imposant. Il se redresse légèrement, la toisant avec un mélange de sévérité et d'amusement. « Tiens donc. »

Il la dévisage, de son regard à la fois si noir et si chaud pourtant. Il la détaille de haut en bas, sans gêne, sans rompre leur proximité. « Mais moi, je suis chez moi, ici. » lui fait-il remarquer avec un sourire en coin.

Et voilà qu'elle reprend son jeu. Ne se lassera-t-elle donc jamais ? Les muscles du doré se tendent légèrement tandis qu'il l'observe faire son manège. Elle est gracieuse et douée, on ne pourra pas le lui enlever. Mais depuis la dernière fois, Oroszlàn a, disons, plus ou moins expérimenté pas mal de jeux de séduction. Peut-être peut-il la prendre à son propre jeu cette fois-ci. Il piétine sur place, lui démontrant ainsi l'effet que ça lui fait. Son esprit de prédateur enfoui refait surface, et il n'en faudra pas beaucoup aujourd'hui pour le réveiller. Son regard noir suit le tracé de la jument avec intérêt. Lorsqu'elle s'arrête, il murmure, d'une voix chaude : « Vous avez vu juste, puisque je suis là... »

Son chanfrein se pose contre le sien, et Oroszlàn ne laisse filtrer aucunement son trouble, gardant sa concentration et son sourire provocateur. Il souffle doucement sous le toupet de la jument pour le lui soulever, dans un geste clairement incendiaire. « Un jour, vous vous prendrez à votre propre jeu. » Un sourire mesquin vient souligner ses propos. Il se détache alors d'un seul coup, soulevant ses antérieurs du sol de quelques centimètres.
Il la contourne, vivement, collant son poitrail à sa croupe.

Déterminé à lui montrer qu'il peut être dangereux de jouer avec un prédateur à ce jeu-là – sans parler de lui – l'étalon la contourne de nouveau. Son poitrail se colle à sa croupe, et ses dents viennent fouiller la base de sa queue. Il allonge son encolure pour attraper le début de ses crins, près de son garrot. Il la tient fermement. « Parce que les rênes pourraient t'échapper, tu sais. »

Les mots de la jument détachent un semblant de raison dans la tête du mâle. Il piétine derrière-elle, enivré par un rien, peut-être juste une envie de contrôle, de possession, de supériorité. Il n'y a pas de chaleurs, pas d'hormones pour prendre le contrôle dans sa tête ; juste la présence de cette part d'ombre en lui. Il fait mine de lui grimper dessus, avec un hennissement bref et rauque, reposant ses sabots au sol, tentant de se contrôler. Qu'est-ce que tu fais, gamin ? Il serre les dents, accentuant pourtant la pression contre sa croupe. « Je ne suis pas certain que ça fera du bien. »

Son souffle est rauque, il sent l'excitation monter en lui sans vraiment savoir d'où elle vient. De cette part d'ombre, cet étranger qu'il habite en lui-même et avec qui il a du mal à imaginer une cohabitation pourtant. Il secoue sa crinière d'argent et pousse un râle avant de se reculer, prêt à vriller sinon. « Pas ce mal-là, crois-moi. »