‹ come break me down ›

(oroszlàn)
Tu vacilles.
Debout mais pas en équilibre. La glace est fine, en-dessous, c'est l'eau. Mais la couche tient bien. Pour le moment. Tu ne t'entends pas marcher. En fait, tu n'entends rien. Seulement sa voix. Qui t'appelles, encore et encore. « Oros ! Mon Lion, viens ! » Tu l'entends, mais ne le vois pas. Il te faut plusieurs longues minutes pour l'apercevoir. Il est là, juste là. « Papa ? » En chair et en os. Debout sur la glace.
Debout sur la mort. Revenu d'entre les morts.
Murphy se tient droit, fier et valeureux. Il a un sourire comme tu ne lui en as jamais vu. Il est encore plus beau que dans tes souvenirs. Son corps brun foncé contraste avec ses crins d'or brillant. Il te dépasse. Et il te dépassera toujours, mon garçon. « Approche.. J'ai quelque chose pour toi. » Les larmes d'émotion te nouent la gorge. Te noient, déjà. Tu t'avances vers lui. Vers ton plus bel idéal. Celui que tu n'as jamais cessé d'admirer. Ton père. Le Diable est loin, nul sourire mesquin ne vient déformer les lèvres qui te sourient. Tu le touches presque. Un craquement assourdissant te déchire les tympans. Tu saignes, des oreilles, certainement. Mais c'est la glace sous ses pieds qui s'est ouverte, d'un seul coup. « Orooooos.. » et son cri se perd dans l'eau. Voilà qu'il se noie encore. Tu voudrais courir mais tu es figé. Tes lèvres s'ouvrent et..

« PAPAAAAA » Le cri résonne longtemps. Les échos du cauchemar sont encore là. Mais personne ne répond au Lion, sinon le silence brutal de l'Hiver. Et, là-bas, le hurlement d'un loup qui ricane sûrement.

#Hope

Il ne sait pas exactement ce qu'il fous ici. Il évite de sortir du territoire du Midi depuis le départ de Robin. Un trône vide c'est trop dangereux mais l'étalon est certain que pour cette nuit, Honïr saura le protéger.

L'appaloosa n'a pas été foutu de s'endormir, y a toujours cette odeur dans l'air qui n'augure rien de bon. Et cette nuit, sous la lune, il y a encore autre chose qui a poussé son instinct vers le Septentrion. Dernier survivant des Jolly Roger, il l'ignore mais ça doit être cela qui le pousse vers la forêt où sévissent les loups. Ses sabots foulent enfin le sol meuble et moelleux sur lequel les feuilles craquent en douceur. Tout a l'air calme...jusqu'à ce que ce cri résonne, faisant bondir le vieux mâle.

Son coeur explose, son cerveau lui envoie une dose immense d'adrénaline qui décuple ses sens. Il sait sans savoir. C'est déstabilisant mais il préfère ne pas perdre de temps. Des images viennent et tournent. Il sait. Il devine. Il ignore. Il tâtonne. Il sent sa présence. Il sent son absence. Ils ont été lié par un pacte. Jamais le lien n'a été brisé. Il galope, il slalome. Le chemin est tracé mais il n'existe pas. Jusqu'à ce que cette silhouette se dessine. "Hé gamin !" Il est inquiet oui. Il a entendu son cri. Et jamais cela ne le fera sourire, il sait ce qu'est la douleur de voir un père mourir.

J'espère que je peux ‹ come break me down › 1889426943

bien sûr !

Les yeux fous lancent à la nuit des hurlements muets qui resteront sans réponse. Il n'y a pas de réponse à donner. Pas de solution. Pas de mensonge, pas d'illusion. Juste le fait incurable et brutal : il ne reviendra pas. Il ne reviendra jamais. Les sanglots le prennent à la gorge, mais cela fait bien longtemps que le Lion n'arrive plus à pleurer son père. Des larmes qu'il n'a plus. Des larmes qu'on lui a pris.
En entendant une voix, il se retourne d'un bond, surpris. Son corps est en sueur, ses crins emmêlés, son regard fou, ses yeux creusés, son visage tiré. Est-ce encore une hallucination, un rêve, une chimère ? Ses cauchemars le laisseront-ils un jour en paix ? Jamais. Il regarde avec appréhension et soulagement à la fois l'appaloosa s'avancer vers lui. Le souffle encore court, les images juste là derrière ses paupières tendues, il ne bouge pas, ne réagit pas vraiment, livré à un combat redoutable qui sévit à l'intérieur de lui. Pendant ces moments-là, il lui serait si aisé de basculer. De céder à ses pulsions, à cette partie de lui qu'il ne maîtrise pas, qu'il n'a pas voulu connaître et amadouer, qu'il repousse et dont il redoute le moment où elle sera assez forte pour le contrôler, lui. Il serait si simple d'écouter son passager noir, d'en faire un ami. Mais il résiste. Crispé, ses pupilles se dilatent encore, pour ne plus former que deux orbites noires, où rivalisent colère et chagrin, tristesse et animosité, bien et mal.

Pas de réponse. Il finit par croire que ce n'est pas un hasard si son instinct l'a poussé ici. Il était repassé au pas, bien que pressé il ne veut pas montrer d'avantage son inquiétude.

Oh non...pas ça. Son coeur se serre un peu plus. Sa gorge se noue d'angoisse. C'est un bond de bien des années en arrière qu'il a l'impression de faire. Le lion est tapissé d'écume, ses yeux dansent avec frénésie. Des yeux semblables à deux immenses gouffres rejetant toutes les lumières qui auraient voulu les éclairer.

Il revoit la folie de Murphy. Il n'a pas été là pour lui, il fait la promesse intérieur d'être là pour son fils. "Tout va bien Oroszlan !" Finit-il par articuler clairement,à voix haute, comme pour prévenir les démons de sa présence et les faire fuir de cet enfant. "Tu n'es pas seul !"

Tout va bien ? Non, rien ne va.
Et rien n'ira jamais, garçon.

Tes yeux noirs bordés d'étincelles foudroyantes se rivent aux siennes. Cette étreinte du regard l'apaise. Un peu. Il parvient à respirer calmement, s'aperçoit qu'il avait retenu son souffle. Il prend de grandes bouffées d'air qui lui brûle les poumons tant il est froid. Tant son corps est chaud, à côté. Il fait un pas de côté, légèrement bancal, légèrement aléatoire. Il secoue la tête, plusieurs fois, comme pour se débarrasser des images assommantes qu'il vient de revivre. Ou de voix, dans sa tête.
« c'est justement le problème. je ne suis jamais seul. ils sont toujours là. » Il ne parle pas du Diable, il s'est toujours dit qu'il resterait droit et fort face à cette entité à laquelle il ne croyait pas avant de la voir à l'oeuvre sur son propre père.
Non, Oroszlàn n'est pas possédé. Ce dont il parle, ce sont ses propres démons. Ceux qui le dévorent depuis l'intérieur. Et depuis toujours. « je ne suis pas fou. je ne veux pas devenir fou. » ... fou comme lui.

L’étalon respire par petites goulées rapides, un peu fatigué par sa course. L’âge se rappelle parfois à lui. Le lion, lui, reprend sa respiration qui s’était coupée, certainement sous l’effet de l’angoisse. Hope s’approche de quelques pas précipités en voyant le beau roi tanguer, visiblement en peine pour ce qui est de tenir sur ses jambes.

Ils sont là ? Fou ? Il ne laissera pas cela arriver, il ne veut pas revoir les souffrances qui trainaient Solheim dans son sillon avant de quitter le navire pour ne plus jamais y revenir. L’ancien roi d’Egypte se rapproche encore, s’accrochant à l’espoir – peut-être naïf, de pouvoir aider le fils de Murphy. « Nous le sommes tous Oros… » Sourit doucement Hope « …Accepterez tu de m’expliquer pour que je puisse t’aider ? »

Tous ? Ses paroles ne rassurent guère l'héritier, qui ferme les yeux, comme pour les oublier. Pour les nier. Peut-être ne vit-il que dans le déni le plus profond. Il inspire à fond, parvient à se reprendre (un peu) et relève ses yeux noirs encore injectés de sang vers l'appaloosa. D'une voix basse et honteuse, il murmure : « rien, j'ai juste.. fait un cauchemar. »
Il ne précise pas quoi. C'est facile à deviner. Ce qui le hante le plus restera toujours la mort de son père. La façon dont ça s'est passé. C'est toi qui m'as tué.

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L’appaloosa soupire, impuissant. Il sait que son petit cousin lui ment, c’est évident. Comment le faire sortir de son mutisme ? Ce sera dur, douloureux et éprouvant mais y a-t-il seulement d’autres solutions que de le faire parler ? Pas qu’il le sache. « Un très mauvais cauchemar non ? Regarde dans quel état tu es Oros… »

« j'ai rêvé de sa mort. » lâche-t-il alors d'une voix de glace, d'une voix de mort. Le hurlement d'un loup vient affermir l'ambiance faite de fantômes mélancoliques.

Fallait pas être Einstein pour le deviner. Mais on ne sait jamais, Hope voulait s'en assurer. Il n'a eu que des échos de cet instant tragique. Des heures sombres et troubles. Le voile est tiré sur le décès de Murphy...enfin de Solheim. Qui des deux d'ailleurs ? Personne ne conte cette histoire et...à vrai dire, personne ne tient à l'entendre.

La voix du Lion d'or avait quelque chose d'atroce. De ce couperet froid qui tombe lourdement. Hope sent qu'un frisson lui a traitreusement envahie l'échine. Et ce loup qui ne trouve pas l'instant assez sordide décide de les bercer d'une chanson lugubre. "Tu étais là quand ça s'est passé ?" C'est un détail qu'il ignorait.

Un détail qui n'en est pas un. Un détail qui est crucial, dans la scène, et même, peut-être, l'élément majeur. Un détail devenu obsession, pour le Lion.
Il braque son regard sombre et affreusement triste sur le grand appaloosa. Un détail qui compte plus que tout parce que... « c'est moi qui l'ai poussé, hope. »
C'est moi qui t'ai tué.

Désolée pour le temps de réponse Shocked

Et voilà que l’ignorance dans laquelle baigne Hope lui joue encore de sales tours. Mieux vaut-il pour lui qu’il ignore les parties sombres de certaines histoires mais là, c’était impardonnable à ses yeux. Il aurait dû être au courant, on aurait dû l’informer.

Subitement, il ne sait plus sur quel pied danser parce qu’un éclair de lucidité vient de le frapper ; il est inutile. Que dire à cet enfant qui pleure le père qu’il a poussé dans la tombe ? Que peut penser celui qui, n’a pas sur protéger sur propre géniteur et… « Et je sais que ça ne te lâchera jamais. »

Hope a combattu contre Murphy, puis avec lui, puis contre Galop Sauvage tout entier, il a voulu piteusement se dresser. Il avait vu la mort inéluctable de son père approcher et s’était sentie aussi vulnérable que l’enfant naïf qu’il avait été. « Contre la douleur, on pourra jamais rien faire. Je ne sais pas comment tout s’est déroulé et j’te demanderai pas de me le raconter mais…on a vécu un traumatisme similaire, si t’as besoin d’en parler, je t’écouterai. J’ai longtemps porté le fardeau de la culpabilité, on ne peut pas réellement s’en délester mais on m’a aidé à le supporter. »

pas de soucis

Oroszlàn baisse les yeux, la tête, courbe l'échine, comme si le poids de la culpabilité était réel. Et qu'il l'anéantissait. Ses lèvres ne laissent s'échapper qu'une respiration encore rauque, un souffle toxique, un air contaminé par les souvenirs qui le hantent. Et qui le hanteront toujours.
Certaines nuits sont plus dures que d'autres, mais le Lion s'en relèvera. Parce qu'il l'a promis. À son père, pas au Diable qui le dévorait lorsqu'il l'a poussé. Il sait qu'il n'avait pas le choix. Il sait que c'était la seule chose à faire. « merci beaucoup... » parvient-il à chuchoter, sincère et ému par les paroles du tacheté. Un loup hurle de nouveau, et l'héritier redresse la tête vivement, comme s'il reprenait vie. Et conscience. « on ne devrait peut-être pas trop trainer ici. »

Y a eu comme un déclic. C’est ce loup qui a hurlé. L’appel du Nord qui a électrisé l’esprit du jeune mâle. Maintenant Hope espère qu’il saura où chercher de l’aide dans ces rudes instants de tourment. Il sera là, il l’a promis. On a tous besoin de cette oreille attentive, cette épaule solide… « Vient, bougeons un peu. »

Les loups. Une soudaine prise de conscience dérange l'appaloosa. Ils les craignaient tant avant. Dorénavant, leur hantise à tous, c’est de croiser un de ces foutus bipèdes au détour d’un chemin. « Comment ça s’passe ici ? Avec les humains j'veux dire... »

» I'm Only Gonna Break Break Ya Break Ya Your Heart ( 8 )
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» ~ When we break the ice
» break it down