+ vagabond téméraire

Le soleil déclinait dans le ciel et la noirceur nocturne s'installa. Sharokh avait attendu que la brise du soir vînt fouetter son visage avant de se mettre en marche. Il marchait parmi les terres du Levant. Le Gris avait pas l'habitude des territoires délimités. Il s'engagea dans le labyrinthe où l'eau traçait un chemin sur le sable.

Avec difficulté, Septenrê était rentrée dans son royaume.
Le visage couvert de sang séché, la respiration sifflante, des hématomes et plaies sur l'ensemble de son corps, la meneuse orientale se traîne lentement jusqu'aux berges de son labyrinthe, et se désaltère enfin.
Elle a remarqué un inconnu, à quelques dizaines de mètres, mais a reconnu l'odeur de l'Occident. Elle laisse donc l'étalon tranquille et soigne ses nombreuses blessures.

Les oreilles qui pivotaient il détecta la présence d'une jument. Ses sens aux aguets il avança et découvrit l'odeur pénible du sang sur l'inconnue. Il avait un bon flair et reconnaissait grâce au parfum métallique. Il tarda pas à la voir apparaître au coin de son champ de vision. Elle était mal en point. Elle soignait ses blessures. Sharokh opta pour un masque impartial avant de s'approcher de l'autre. Égoïste il allait pas vers elle pour l'aider. Il s'arrêta et la contempla de loin.

L'étalon gris s'approche lentement d'elle. Septenrê gronde, alerte malgré son état. Que lui veut-il? Elle n'est pas en état de se battre, et se montre agressive. Ses yeux noirs le transpercent, lui intimant clairement de ne pas s'approcher plus. « Qu'est-ce que tu veux? » souffle-t-elle, sa voix déraillant dès ses premiers mots.

Il l'observait en retrait. Le corps de la Crème était parsemé de plaques rougeâtres. Sharokh en conclut qu'elle revenait d'un combat. C'était une guerrière qu'il connaissait pas. Dans sa posture agressive il y vit un côté comique. Il pouvait sourire de la situation mais il garda une expression froide sur son visage. Il se douta pas que c'était la reine de ces terres. Il était arrivé ici depuis peu de temps. Il pouvait pas connaître tout surtout qu'il hésitait à rester ici. Sa nature de vagabond le rendait désintéressé de tout. Il prenait pas la peine d'avoir des attaches car il savait qu'il se lassera vite et partira. Mais il refuserait pas une partie de jeu avec celle qui se trouva à quelques mètres. Il se remit au pas ses sabots claquant dans l'eau. Ses yeux lâchèrent pas leur cible et sa froideur s'éternisa sur sa figure.

L'étalon gris n'obéit pas et s'approche toujours plus d'elle. Aucune émotion ne transparaît sur son visage, et la reine s'agace, ne connaissant pas les intentions de l'inconnu. Elle marche lentement vers lui, préférant avancer que reculer, les oreilles couchées contre sa nuque pâle.

C'était comme un cadeau. Le paquet qui le recouvrit laissait rien paraître de lui. Il s'avança vers elle. Il se fichait de l'expression agressive de la Crème. Il voulait savoir avec impatience ce qu'allait donner cette rencontre. Les mètres se réduisaient et Sharokh s'approchait toujours à pas de tortue pour laisser monter le suspens.