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Il ne se fâchait pas... Elle l'imaginait pourtant instable... Il l'intrigue, elle ne peut s'empêcher de parcourir le corps meurtri du mâle de ses yeux. Pourquoi ça t'intéresse ? T'es de ceux qui croient qu'un endroit peut façonner une personne ? Ou t'es simplement curieux ? Ou peut-être lui faisait-il simplement la conversation, comme une personne normale. Arrête d'être aussi méfiante Anka...

Elle ne peut s'empêcher de lâcher un petit rire suite au "mauvais garçon". Mais la grise n'était pas mieux, à vouloir se donner des airs de meuf badass. C'est quoi un vilain garçon ? Et j'suis comme toi, j'viens de nulle part à proprement parler. Elle se rendait compte qu'elle le suivait aveuglément. Piqure de rappel. Elle s'écarte un peu de lui, ne s'étant pas rendue compte qu'avec l'étroitesse du couloir, leur distance était devenue un peu trop intime à son goût.

La voilà tiraillée, une vague d'émotions la démolit, son coeur martèle dans sa poitrine. Premier contact physique. Un truc doux s'empare d'elle, mais la déchire aussi. Elle tourne violemment la tête, renâcle. Y a des filles qu'on ne peut entraîner nulle part... Elle faisait allusion à sa force de caractère, à sa lucidité, à son amour de la liberté. elle n'osait le regarder. Tu m'aides ou tu m'entraines ? Les dés sont jetés.

Malgré son regard pesant, elle s'adoucit. Oui, parfois il fallait lâcher prise et se laisser aller. Son visage crispé reprend ses traits normaux, doux et sévères à la fois. Elle ne comprenait pas le raisonnement de l'étalon, tant pis... Le bicolore commence l'ascension d'un chemin escarpé. Elle le suit, d'abord, muette. Puis elle entreprend de le dépasser, peut-être que d'en haut verront-ils une éventuelle sortie.

Heureusement pour lui, elle n'avait pas encore remarqué que c'était un vicelard. La grise continuait à grimper, ne s'attendant pas à ce que le mâle la percute de plein fouet. Ses bons réflexes firent qu'elle réussit à ne pas tomber, amortissant tout son poids avec ses jarrets. Déboussolée, elle lance un regard paniqué en direction de l'étalon, qui chargeait dans sa direction, pour ensuite la dépasser. Il ne l'attaquait pas. Quelque chose d'autre les attaquait. Et il lui criait de fuir. Anka s'empresse de suivre le mâle, qui par galanterie sûrement, assure ses arrières. Oui mais voilà, la galanterie, elle détestait ça. Elle décide de ralentir, se mettant volontairement en danger au vu de la fine distance qui les sépare du prédateur. Histoire de lui foutre la trouille, et puis y avait sa fierté aussi.

Il n'aurait rien d'elle. Elle n'était pas le genre de donzelle en détresse qu'on aimait sauver. Il la frôle, encore. Son regard croise le sien, mais elle n'y fait pas attention, trop occupée à réaccélérer. Puis là, une vaste étendue et un mur. Arrivés au bout, il n'y avait plus d'autres choix que de se battre... Anka n'avait encore jamais défié un puma. Elle regarde l'étalon, tétanisée, puis décide finalement de se cabrer face au félin. L'intimidation, peut-être que ça marcherait.

La belle évite habilement les coups de pattes du félin. Tout disparait autour d'elle, son attention était focalisée sur le prédateur, sur sa survie. Elle avait une boule au ventre, une sensation étrange mais agréable s'empara d'elle. Elle y avait goûté quelques fois déjà : l'adrénaline. Mais elle ne s'était jamais manifestée de manière aussi intense. Sa mâchoire se crispe, ses muscles se tendent, elle pince les naseaux et plaque les oreilles contre sa nuque. Elle ne l'attaquerait pas directement, Anka était bien trop frêle, et ce serait risquer sa peau inutilement. Elle regarde les cailloux au sol, décide de shooter dans les projectiles, qui vinrent taper le poitrail du fauve. Un moment d'inattention, un moment de répit. La grise reprend ses esprits, ses yeux recommencent à chercher le mâle, qui restait là, en retrait, observant. Se vengeait-il en agissant ainsi ? Dans le fond, elle avait toujours su que ses fins n'étaient pas pleines de bonnes intentions. Il la testait en permanence, elle n'était qu'un jouet, une distraction.

A peine le temps de regarder le mâle, es oreilles pivotent instantanément vers une source de bruit : le puma repassait à l'attaque. Elle tourne la tête : trop tard. Anka allait se le prendre de plein fouet. Elle ferme les yeux, acceptant sa défaite sur le coup. Mais le mâle le prend par surprise, et le coeur de la grise s'emballe. Elle aurait voulu intervenir, mais elle n'y arrive pas. De toute façon il lui aura fallu moins d'une minute pour en venir à bout de son adversaire. Il la sermonne, elle ne baisse pourtant pas les yeux, pas le moins désolée du monde. Peut-être que mes yeux se sont braqués sur toi parce que c'est justement toi l'adversaire... qu'elle grommelle, désinvolte. En gros ça voulait dire qu'elle ne comprenait pas du tout les intentions qu'il avait la concernant, qu'elle ne comprenait pas pourquoi il l'avait observer se démerder, sans agir. Et elle se permet de cracher sur la dépouille du félin, aux pieds du mâle : difficile de savoir à qui elle exprimait tout son mépris du coup...