show them we are better

Céleste

Le vent siffle dans ses oreilles et rend sa crinière tumultueuse. La jeune dame se tient droite, les quatre sabots réunis sur le même petit tronçon. Les flots de la mer ont du mal à les atteindre. Pensive, elle observe l'horizon dans un profond silence.

LOV.

Elle aime bien se promener près de la plage. Même si elle commence à aimer le froid, elle aime aussi l'océan, la mer, les vagues, cette odeur iodée que certains trouvent sûrement trop agressifs à leur odorat. Elle commence à aimer sa nouvelle maison. Même si c'est la première qu'elle a.
Près du rivage, elle observe une jument isabelle, qui semble perdue dans ses pensées. Ne voulant pas la déranger tout de suite, elle se contente de la détailler, dans son dos, campée sur ses membres fins. Un courant d'air frais vient ébranler sa crinière presque blanche dressée en épi sur son encolure.

Un long soupire s'échappe de sa bouche alors que sa tête s'abaisse pour venir contre ses antérieurs. Elle observe silencieusement les vagues qui s'écrasent sous son nez et l'éclaboussent de temps à autre. Céleste décide alors de pivoter tant bien que mal sur son petit pilotis, afin de rejoindre la terre ferme. A ce moment-là, son regard croise une petite silhouette.

Elle se tient légèrement en retrait, à moitié cachée par les buissons à l'orée de la plage. Pourtant soudainement, son regard tombe sur une silhouette isabelle et leurs regards se croisent. Elle reste d'abord figée, observant la jument un peu plus loin. Elle a un espèce d'air mélancolique que Lov espère ne jamais ressentir.
Alors, la petite lionne s'approche. « Bonjour. » murmure-t-elle d'une voix bien plus assurée et forte qu'on pourrait penser entendre en la voyant.

Alors que Céleste s'apprête à rejoindre le rivage en continuant son petit chemin parmi les pilotis, elle est stupéfaite d'une chose. Elle s'arrête et son regard s'attarde davantage sur le petit être qui lui fait face. Ses oreilles battent le vent au dessus de sa tête et elle ne sait que trop quoi penser. "Oroszlàn ?" Le nom lui échappe et elle s'étonne elle-même de croire que Roro puisse s'être réincarné dans un si petit corps.

La petite soupire. Pourquoi tout le monde a-t-il ce nom à la bouche, ici ? Elle commence à comprendre que son père était connu de beaucoup de personnes et ignore encore quel place il tenait dans le coeur et la tête de chacune d'elles. « Non. Mon nom est Lövojka. » Elle se grandit un peu. Elle est lui. Avec la témérité de sa mère.

La jeune dame secoue la tête, chassant toutes ces pensées qui l'occupent. Elle fixe inconsciemment la petite beige non loin d'elle. Céleste réduit la distance en traversant cette allée de petits tronçons de bois. "Bonjour Lovojka." Quel nom tordu ... Pour sûr, elle ne s'en souviendrait pas.

Vu comment l'inconnue prononce son nom, elle se sent obligée de rajouter : « Vous pouvez m'appeler Lov. Et vous êtes ? » demande-t-elle d'une voix très calme et posée, sans lâcher l'isabelle des yeux, qui s'approche tandis qu'elle reste immobile.

La beige étouffe un petit rire discret, avant de lui dire. "Vous aussi vous trouvez votre nom compliqué." Elle s'avance sur la plage humide et se met aux côtés de la pouliche. Regardant l'horizon comme précédemment, elle lui rétorque. "Moi c'est Céleste."

« Oui, en effet. » avoue-t-elle avec un rire. « Mais comme c'est la seule chose que m'a dite mon père, enfin mon géniteur, je me dois de le porter, j'imagine. » Elle suit le regard de l'isabelle, sereine. « Vous avez un joli nom, vous. Simple, doux et poétique. »

Un peu comme elle, finalement. Mais elle se retient de lui dévoiler sa vie. "Merci." chuchote-t-elle avant d'adresser un nouveau regard à la pouliche. Cette rencontre est totalement déroutante, d'autant plus que Oroszlàn est parti il y a quelques jours. Céleste ne peut retenir sa langue plus longtemps. "Ton géniteur, c'est bien Oroszlàn, pas vrai ?" Elle ne pensait pas aller dans le droit dans le mur en posant cette question ; elle était presque sûre de la réponse. Contrairement à Maddison, cette petite Lov lui ressemblait comme deux gouttes d'eau.

Oroszlàn. Tout le monde a ce nom à sa bouche quand elle fait de nouvelles rencontres. Sûrement lui ressemble-t-elle beaucoup. Elle, elle ne se souvient que d'une grande silhouette dorée, rien de plus. Mais elle commence à comprendre qu'il était connu. Pour quoi, elle l'ignore. « En effet. Vous le connaissiez, j'imagine ? » demande-t-elle simplement, toujours curieuse d'en apprendre sur son père, même si elle lui en veut énormément.

Elle hoche la tête, machinalement, avant de prendre la parole. "Je l'ai connu quand j'avais ton âge." Elle sourit, de manière complètement niaise. Un flot de souvenirs s'engouffra dans sa tête et lui fit revivre les beaux moments aux côtés de Roro, comme elle l'appelait. "Il m'impressionnait, à l'époque. Je le trouvais très charismatique." commença-t-elle à raconter.