Lucky boy

Un visage transformé, radicalement changé. Envolé, son air téméraire et rebelle, ne s'était lu sur ses traits qu'une déception immense. Un sentiment qu'elle n'avait jamais ressenti encore. Elle est attachée à Njörd. Auparavant, elle se vantait en clamant que ce que les autres pensaient d'elle ne l'atteindrait jamais. Elle s'est peut-être trompée.
Devant l'air coupable de l'arabe noir, elle soupire à son tour et s'avance de quelques pas, les oreilles basses. « Ce n'est pas grave. » conclut-elle. Rien ne sert, selon elle, de débattre de qui avait tort ou pas. Dans un conflit, les deux parties ont des fautes. « Il y a des choses particulières que tu aimerais savoir sur moi ? »

Elle fait genre de rien. Pour elle, la tempête est passée, les émotions avec. « Ils s'appellent Hel et Oroszlàn. La première n'a jamais pris le temps de m'élever, je ne l'ai revue qu'une fois après ma naissance, elle est encore ici. Mon père a disparu cinq minutes après que je sois née, il n'est plus ici. Je suis née quelque part sur Galop Sauvage. » J'ai dû grandir et m'élever seule. Ceci expliquera peut-être cela. Elle hausse les épaules. « Je n'en ai pas en stock, mais si j'en ai, tu sais que je te les pose. »

Décidément, beaucoup de monde ont croisé la route de son père. Elle hoche la tête. Peut-être utilise-t-il le mot « troublé » pour être poli, devant elle. Beaucoup lui ont déjà dit qu'il était fou. « J'imagine bien que je ne suis pas la seule. Tu sais, ça m'importe peu. C'est comme ça et c'est tout, il a fallu faire avec, et quelque part, ça m'a beaucoup endurcie de devoir me débrouiller seule dès les premiers instants de la vie. » Elle observe l'étalon, avec un sourire naturel et décontracté. « Tes parents étaient ici ? »

Elle hoche la tête, sans répondre pourtant. Parfois, le silence est le meilleur des assentiments. Face à la confidence de l'étalon noir, elle baisse les yeux. Et comme pour lui présenter un soutien inopiné, elle murmure : « Ils ne voulaient pas de moi non plus. Mes parents sont demi frères et soeurs. »

Elle est touchée par les mots de l'étalon et pourtant, ça la gêne. Elle voudrait lui dire qu'elle n'a pas besoin de ça. Qu'elle ne sera jamais faible. Qu'elle se débrouillera toujours seule.
Par respect – et, peut-être, par émotion – elle ne dit rien. « Merci.. » souffle-t-elle, légèrement émue.

Elle hoche la tête. Ça l'arrange bien, Lov et l'émotion, elle ne sait pas trop quoi en faire. Elle se recule d'un pas, sans rien dire, le regardant seulement avec un petit sourire.