( sleep )

cosmo

L'enfant-blanc s'est endormi, tout au fond de l'usine. Après avoir tourné chaque couloir, fouillé chaque pièce du regard, la nuit est tombée. Il s'est fait tard drôlement vite. Habitué à vivre avec le rythme solaire et naturel, la fatigue est venue, elle aussi, comme un cadeau enchanté. Sans crainte de voir un prédateur se risquer entre les murs suintants et nauséabonds de l'entrepôt, Cosmo s'est endormi. Encore plus rapidement qu'il ne faut de temps pour l'écrire.

ASLAUG

Parfois l'on cherche des réponses hors de son confort, souvent il faut s'extirper de sa bulle pour comprendre le monde qui nous entoure, qui nous lacère. Aslaug a trainé sa vieille carcasse jusqu'aux terres libres. Elle n'y a plus mis les pieds depuis longtemps.
D'un geste bien trop théâtral, elle inspire l'air nauséabond de l'usine en retenant une grimace. D'un pas décidé, elle franchit les portes de l'endroit, les oreilles pointées vers l'avant. De loin elle ressemble à une pouliche ayant échappé à la surveillance de sa mère. Et elle s'avance.

Mais il ne l'a pas entendue. Ni vue.
Il dort, profondément. Serein, apaisé. Son visage est détendu, loin des tiraillements quotidiens, loin des interrogations, loin de la crainte d'un jugement. Il rêve de couleurs.
Des couleurs qu'il imagine puisqu'il ne les a jamais vues. Il imagine des gris plus criards, des gris plus flashs. Il s'agite légèrement, et un fin sourire vient se peindre, comme une touche finale, sur ses lèvres closes.

Une forme sans couleur s'agite au fond de l'usine, Aslaug le repère parce qu'il fait bouger le sol sur lequel il est couché. La nordique s'arrête, elle ne veut pas le réveiller et surtout pas lui faire peur. Alors elle reste immobile, ses oreilles balançant d'avant en arrière pour suivre les différents bruits qui viennent de cet endroit.