ı thunder ı

Bien sûr qu'il ne comprend pas, et c'est peut-être mieux ainsi. Il y a parfois des choses que nous préférions ne jamais comprendre. Et elle n'a pas envie qu'il comprenne, du moins pas tout de suite. Elle est là, elle ferait de son mieux pour l'aider le temps qu'il soit capable de vivre seul. Il ne faut pas gâcher cette insouciance de poulain. Elle soupire, en tentant de chasser ses doutes, ses inquiétudes. Elle sait que Lov l'aurait sans doute tué si elle n'était pas intervenue, mais... Pourquoi s'était-elle embarquée dans toute cette histoire? Son attention fut vite attirée par le jeune cheval. Il essayait de se lever. Elle sourit tendrement, émue. Bien qu'elle ait déjà assisté à des mises bas, mais elle n'était jamais restée assez longtemps pour voir ça. Cependant, le temps qu'il remettait à retenter le coup était long. Peut-être trop long? C'était-il blessé? Non, il se relève! Après quelques essais, elle le voit, capable de tenir sur ses quatre pattes. Elle se lève à son tour, souriant de toutes ses dents. «C'est bien Salem, bravo.»

Fier de sa réussite, il se met à gambader partout autour de la rousse, alternant chutes et relèves sans jamais se décourager. Comme si tomber était normal, après tout. Comme si ses jambes tremblaient comme des feuilles mortes. La seule mélodie qu'il entend est encore celle de son coeur, affolé de ces efforts, affolé de cette énergie qu'il n'est pas capable de supporter. À bout de souffle assez rapidement, Salem s'arrête près de Phoenix et la regarde, de ses grands yeux bleus. « Salem ? » répète-t-il doucement, comme ému.

Pour l'instant, ce qui importait était le moment présent. Moment où le poulain est fier de sa réussite, moment où il apprend à marcher. N'importe quelle mère normale aurait aimé voir ce moment. Mais marcher est aussi primordial pour survivre. C'est une utilité bien pratique pour ce jeune cheval. Il a l'air si heureux... Cependant, ce qui l'inquiète c'est son essoufflement apparu bien trop rapidement. Son visage se crispa un peu, avant de se détendre. Peut-être après tout était-ce normal vu son très jeune âge. Ses yeux... Ces yeux si clairs, si purs... Ils en fascineront plusieurs, mais il devra les protéger du soleil. «Oui, Salem. C'est ton nom.», dit-elle lorsque le concerné se met à parler pour la toute première fois. Un nom donné par quelqu'un qui ne méritait pas de nommer qui que ce soit.

Elle le regarde encore pendant qu'il la dévisage. Elle se demande bien ce qui peut se passer dans sa petite tête. Elle voit que son regard la scrute toute entière. À quoi pouvait-il penser? Puis, la question inévitable vint trop vite. Pourquoi aurait-elle à y répondre dès maintenant? Elle soupira. Même si elle n'est pas sa mère, elle sent qu'elle va s'attacher à ce beau petit nuage. «Non, tu as raison. Peut-être qu'elle ne te méritait pas. Mais... je serai là pour toi, tu moins, si tu en as envie.», répondit-elle. C'était peut-être un peu lourd pour un poulain de son âge, mais il semblait déjà si vif d'esprit.

Mais ça n'est pas trop lourd pour Salem. En fait, sûrement ne comprend-il pas encore. Qu'est-ce que le mérite ? Il te sourit, ravi d'entendre cette réponse. « Bien sûr que j'en ai envie ! » te fait-il, tout gaiment, te rejoignant pour effleurer ton poitrail roux de ses naseaux roses.

une petite musique?
Elle vient d'accepter de veiller sur lui. Elle sent son petit museau rose et son souffle chaud la chatouiller... C'est mignon. Elle aime ça. Elle dépose à son tour ses naseaux sur son dos et dépose un doux baiser sur sa peau encore un peu humide. "Ton nom est Salem, le mien Phoenix.", annonce-t-elle en réalisant qu'il ne savait toujours pas comment elle s'appelait.

Phoenix. Ça semble plus beau, plus mélodieux, aux oreilles du jeune. Il les garde d'ailleurs dressées vers toi, t'écoutant comme un croyant face au prêtre. « Phoenix. » répète-t-il avec un sourire.

Son sourire amplifie le sien. Les yeux brillants elle le contemple. Un vrai beau petit nuage. Le sien? Pas vraiment, mais elle sait qu'elle s'y est déjà attachée. Malgré elle peut-être. «Oui, Phoenix et Salem.», dit-elle en riant légèrement.

Tu ris. Et ça sonne doux aux oreilles de l'enfant. Comme une berceuse. Comme une musique. Il arrête ses cavalcades pour venir tout contre toi. Contre la chaleur, une source rassurante. Il soupire profondément, humant ton parfum, savourant cet instant où tout semble doux. Il voudrait que ça dure toute une vie. « J'ai.. j'ai faim. » murmure-t-il doucement, comme s'il avait honte de te l'avouer. Mais son estomac gargouille et amplifie cette impression d'être vide.

Elle reste un peu surprise de le sentir se blottir contre elle. C'est... nouveau pour elle. Comme si tout allait trop vite. Non, ça va trop vite. Elle qui ne voulait pas de poulain se retrouve avec un enfant qui n'est même pas d'elle. Mais bon. Elle a peur. Peur de ne pas être capable de prendre soin de Salem. Elle se retrouve avec lui parce que Lovöjka a fui ses responsabilités. Elle a été conne. Elle n'avait qu'à ne pas le concevoir si elle ne voulait pas de lui!
Son regard reste fixé sur le petit être frêle qu'elle câline doucement, comme pour le rassurer. Mais elle n'a pas à le rassurer. Peut-être que c'est elle qui avait besoin de cette tendre étreinte. Puis, il parle encore de sa voix jeune et basse. Son coeur se serre. «Je sais... Mais je suis désolée je n'ai pas de lait pour toi, puisque je ne suis pas ta vraie mère.», dit-elle doucement. Soudain, un inconnu doré arrive au galop, tel un tornade qui se précipite vers eux. Était-ce le père du poulain? Non... L'oncle de Salem. Elle ne sait pas de qui il s'agit, mais il entre un peu trop rapidement dans sa bulle. «Je reviens», murmure-t-elle à l'oreille du petit avant de s'éloigner en faisant signe à l'étalon de le suivre. Elle ne sait pas comment il va réagir, c'est pourquoi elle se place subtilement entre l'étalon et le nuage ambulant. «Oui, c'est son fils. Salem. Elle a essayé de le tuer, elle aurait réussi si je n'étais pas intervenue.»