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On ne reconnaît les lieux qu'aux souvenirs qui s'y entreposent. C'est avec une idée en tête qu'elle arrive sur ces terres, il n'y a plus rien dans cet endroit, si ce n'est peut-être les images d'une époque révolue, du sable, des vieux bâtiments... Léïne était exposé au soleil depuis bien plus d'une heure, observant ses ruines au loin.

Le monde, c'est la trop lourde présence des choses où l'on sent parfois la trop vive absence de Dieu. Le désert, c'est la trop dure absence des choses où l'on sent parfois la trop douce présence de Dieu, ou même celui des élèves de Satan. Autour de Léïne, tout avait changé, les oiseaux s'étaient réfugié dans les hauteurs des falaises, le peu de serpents enfouis sous le sable et une odeur étrange, inconnu à notre jeune ébène, que s'était-il passé alors que tout était calme ? Mais une présence assez pesante se fit apparaître, laissant un frisson parcourir l'échine de Léïne, prenant pied à sa droite pour se retourner, un équidé étrange avait fait son apparition, une étrange ambiance venait de naître. La jeune ébène n'avait pas bougé d'un poil, mélangé entre deux différentes émotions, la peur et la curiosité. Sacré mélange dans ce genre de situation.

Observatrice, Léïne la laissa s'approcher, avant qu'elle soit à sa hauteur, et décale sur le côté, dos au soleil, histoire de voir si ce n'était pas une illusion de sa part. La jument n'avait pas l'air sympathique, surtout quand dans un état pareil, l'odeur néfaste que dégager cette jument ne plaisait pas des masses aux animaux des alentours. Masquant légèrement sa peur, qui est la fantasmagorie du démon à son idée. T'es qui toi, dit-elle, impolie qu'est devenu Léïne, la demoiselle avait appris de son voyage à l'extérieur de Galop Sauvage, elle savait quoi faire, et n'hésiterait pas une seconde. Restant sur ses gardes, en cas de débordements.

Et aucune réponse, tentant le tout pour un rien, l'ébène l'observe mais son cri fit cinq tours dans sa tête. Tu peux être révolté, méchante si tu le désires, crie mais ne te cache pas au fond de votre détresse, souffle-t-elle, elle avait l'impression de parler à quelqu'un de perdue, un équidé comme elle? Elle n'avait jamais vu cela mais pour elle, c'était une personne comme une autre qui avait peut-être, le peu d'espoir, une âme? Mais ces cris revenaient, hanter Léïne et la firent même reculer.

Perdue, voilà ce que penser cette dernière, mais l'ébène ne pouvait rien faire. La jument aquatique avait réellement perdu la parole, mais restant toujours aussi courageuse, mais après tout, la peur est ce qui gronde dans le courage ; la peur est ce qui pousse le courage au-delà du but. Mais dès que la Palomino claqua sa mâchoire près de ses naseaux, Léïne recula d'un peu plus, examinant les points faibles, et forts de cette dernière. Désossé comme elle est, pouvait-elle courir ?

Une idée échappe bientôt, et l'esprit pense à autre chose. Ceci n'était pas dans les gènes de l'ébène, qui jugea que mourir jeune serait une bête idée. La désossée venait de lui caresser le naseau d'un souffle portant une odeur horrible, mais par chance, ça ne l'avait pas touché. Alors dans un élan, Léïne recula de nouveau, avant de commencer à faire demi-tour au galop. Une action de lâcheté, mais de maturité.