❖ new world

Le silence irrite le Diable, mais ce paysage silencieux est certainement le silence de son âme et de ses plans. Léïne était là, encré dans ce tableau grisé, triste, se contentant simplement d'observer les nuages défiler, pour parfois former une illusion.

B A I L E Y

L'adolescente arpentait le rivage, sans doute dans l'espoir un peu fou d'y retrouver son amie R. L'endroit était toujours aussi morne et monotone, sans chaleur, sans envie. Elle n'appréciait pas ce genre d'ambiance, elle qui pétillait toujours de mille feux. Et lorsqu'elle croisa une jument inconnue au visage triste, Bee s'immobilisa en restant silencieuse, la fixant sans savoir quoi dire ou quoi faire. La tristesse, elle faisait toujours en sorte de la fuir ou la contourner. Mais maintenant qu'elle s'était arrêtée, elle ne pouvait pas repartir l'air de rien n'est ce pas ? Elle se mordit l'intérieur de la joue face à sa bêtise. " Euh hum ... ça va ? " demanda t-elle, maladroite.

La tristesse serait un mot fort pour l'ébène, ce n'était ainsi pas le mot " accordé " pour sa posture face à cette mer troublée, qui, certainement, devait couvrir des milliers de secrets, des nouvelles choses qui n'ont pas encore été découvert peut-être ? Mais une petite voix l'interpella, laissant pivoter ses yeux vers cette dernière. Elle avait l'air adolescente, du moins, c'est ce que penser notre ébène. Oui, qu'en penses-tu du renouveau ?, souffle-t-elle, simplement curieuse de connaître la réponse de la jeune Arabe et de tuer le temps.

Lorsque ses yeux se posent sur elle et que sa question fuse, Bee reste un instant interdite, la fixant sans qu'un seul mot ne sorte de sa bouche. Elle est prise au dépourvue avec cette question assez ... Étrange. Oui elle la trouve étrange. Mais un léger haussement d'épaule indique que pour quoi pas, elle allait se prêter au jeu. " Le renouveau ? " répète t-elle, surtout pour se donner du temps, trouver une réponse correcte. " N'est-il pas essentiel pour éviter que l'ennuie ne nous gagne et que la vie ne devienne monotone ? " Question rhétorique. Elle n'est pas peu fière d'avoir su répondre de la sorte et affiche un léger sourire. " Et toi ? " questionne t-elle à son tour, la jument noire aillant attisée sa curiosité au final.

Un vent léger mais glacial venait de faire son apparition, certes rapide, mais assez marquant, laissant plusieurs frissons à l'ébène. Léïne se contenta d'écouter les paroles d'une jeune adolescente - qui n'avait pas réellement tort, elle acquiesça d'un sourire confiant. On peut éprouver ses habitudes. On peut les varier, les nuancer, les envoyer paître, les perdre, les renouveler mais.... Un court moment de pause, suffisant pour reprendre la suite de sa phrase, l'ennuie sera toujours à nos côtés dans nos pires moments...

Si chaque fois que l'inconnue ouvrait la bouche la conversation devenait de plus en plus coriace, Bee avait peur de se laisser dépasser et de passer pour une idiote. Mais elle était tenace, et c'était une occasion d'apprendre de quelqu'un qui semblait différent de toutes les autres personnes qu'elle avait rencontré ici. Elle allait peut être en chier à se creuser les méninges, mais elle se disait que c'était un mal pour un bien
" Alors que proposes tu pour s'en débarrasser ? " Elle était assez novice sur ce sujet, avait-elle déjà réellement passé un très mauvais moment dans sa jeune et courte vite ? Mis à part sa mésaventure avec Bryséis lorsqu'elles étaient pouliches, elle ne voyait pas trop.

srry du retard

Et cette ténacité impressionnée Léïne, la jeune avait effectivement un bon cerveau bien tenace. La jeune bai semblait être curieuse d'en savoir un peu plus, mais Léïne n'avait pas la science infuse malheureusement. Je pense qu'on ne peut s'en débarrasser... il faut vivre avec finalement. Avoue-t-elle, mais pour elle, c'était la seule solution.

( T'inquiète j'ai pas été très active non plus ces derniers temps )

Bee ne peut masquer sa déception face à sa réponse, elle qui s'attendait à quelque chose de grandiose, quelque chose qui pouvait éventuellement impliquer des sacrifices, quelque chose de difficile à effectuer mais qui en valait la peine. Mais non, il fallait simplement vivre avec. Oh... fit-elle en détournant le regard vers l'eau qui venait lécher leurs sabots. C'était assez dur à enregistrer et assimiler pour elle, ce genre de dénouement. Son caractère impétueux le lui interdisait presque. Elle s'efforce cependant de lui faire un petit sourire en revenant ancrer son regard au sien. Aufaite, j'm'appelle Bailey, et toi ?

on remercie l'internat pour ma part

Elle plongea de nouveau son regard brun dans celui de la dénommé Bailey qui se trouvait en face d'elle. Léïne. Enchantée Bailey, se présenta la demoiselle en retour. Sa nature l'obligeait à être sincère et son attitude ne laissait présager aucune mauvaise surprise. Après, pour tuer l'ennui, tu peux essayer de t'imaginer des choses qui peuvent te faire plaisir... Ou ce que tu veux faire, ça fait fuir l'ennui, lui précisa l'ébène à son tour pour ne pas décevoir l'idée qu'il y ait quelque chose à effectuer pour tuer l'ennui.

Léïne. C’est joli, ça sonne bien au creux de son oreille. Bee lui sourit et incline légèrement la tête, respectueusement et enchantée elle aussi de la rencontrer.
Un éclat curieux pétille dans son regard. Et tu imagines quoi toi ? Il était toujours intéressant de connaître les envies et désirs des autres, ou bien malsain peut être. Qu’importe, elle voulait savoir.

La question de la bai lui décrocha un sourire innocent,et bien... connaitre le bonheur d'avoir une famille qui t'aime... , souffle-t-elle doucement avant de se reprendre, ou même le bonheur tout court. Effectivement pour la noiraude, le bonheur lui était totalement inconnu depuis son enfance rude. Son regard se retourna vers Bailey, curieuse à son tour. Essaye d'imaginer ce que tu veux, ce qui te plait..

La lueur curieuse dans le regard de Bee se transforme peu à peu en une lueur désolée. Elle ne savait pas vraiment ce que pouvait ressentir Léine, elle avait grandi entouré de ses parents, de son frère et sa soeur. Même si au jour d'aujourd'hui, elle ne savait pas trop où tout ce petit monde était passé. Elle n'avait en tout cas pas manqué d'amour et de bonheur.
Mais la jument se tourne à son tour vers elle avec curiosité et lui retourne la question. Bailey se retrouve un peu prise au dépourvu, même si elle aurait du s'en douter. Elle s'intéressait toujours énormément aux autres mais ne les laissait jamais trop s'intéresser à elle. Mais il n'y avait pas de quoi se mettre en danger en rêvant un peu, si ?
Elle se laissa guider par son esprit, fermant un instant les yeux. L'air marin vient caresser son visage et faire légèrement virevolter ses crins ébènes. Lorsqu'elle rouvre les paupières, elle tourne un visage illuminé d'un sourire radieux, une lueur d'excitation pointant dans ses yeux. J'imagine que je peux voler, pour pouvoir explorer le monde sans aucunes barrières, quel qu'elles puissent être. C'était bien entendu impossible, mais c'est ce qu'elle aurait aimé pouvoir faire.

Pour certains, les rêves, c’est fait pour se réaliser et c'est là tout le danger que pouvait avoir le rêve. C'est ça, le problème des rêves : c’est que c’est fait pour être rêvé et non pour être réalisé. Et la réponse de la bai n'avait pas surprit l'ébène, voler était le rêve de nombreux chevaux mais c'était un beau rêve, malgré tout irréalisable. C'est un bon remède, n'est-ce pas ? En ayant vu la réaction de Bailey, ça ne pouvait qu'être qu'un oui à sa question, elle en était revenu souriante et excitée.

Bailey acquiesce vigoureusement de la tête à sa question. Il était vrai que c’était un moyen de se distraire amusant, si on se laissait prendre au jeu. Elle avait par exemple du mal à imaginer son père se projeter ainsi, il était bien trop sérieux.
Elle glisse son regard sur l’horizon. La discussion avec la jument ébène lui en avait fait oublier le lieu plutôt triste dans lequel elles se trouvaient toute deux. Et en parlant de tristesse... Bee glisse un œil curieux en direction de Léine. Elle se mord la lèvre pour se retenir mais finalement les mots finissent par lui échapper. Tu n’as donc pas connu ta famille ?

j'ai horreur du double clique et que le texte s'efface

À l'évocation de ce mot famille, le sourire de l'ébène resta intacte étrangement. Le mental de Léïne a été habitué depuis toute jeune à cette question difficile, et d'y répondre. J'ai été abandonnée, c'est un étalon qui m'a élevée comme un père, murmure-t-elle avec une pointe de sensibilité, un nœud s'était formé au sein de sa gorge, faisant l'effort de ne montrer aucune faiblesse par rapport à ce sujet.