▵ Ete éternel

C E R S E Ï

La pouliche arpentait les sentiers rocailleux, avec une certaine habilité déconcertante pour son âge. Ses sabots trottinaient et se posaient au sol comme dans un ballet rondement mené. Ses yeux ne perdaient pas leur temps à regarder là où ses pieds devaient ou ne devaient pas se poser, il arpentait les roches et les collines. L'hiver ne semblait pas toucher cette endroit et les rayons du soleil dansant sur sa robe étaient des plus appréciables.

Cerseï continuait à avancer en trottant, chantonnant un air que elle seule connaissait. Elle inventait souvent des choses, pour avoir des choses rien qu'à elle. Elle était forte pour ça, inventer, créer, sublimer.
Au détour d'un rocher, elle se retrouva face à face avec une jument rousse. Elle s'immobilisa brusquement, toujours avec une parfaite maitrise de ses jeunes sabots. Cerseï la détaille, minutieusement, de haut en bas, avant de river ses yeux chatoyants à ceux de l'inconnue.

L'adulte semble ailleurs. Ses petits yeux se plissent et sa tête se penche légèrement sur le côté, comme si elle pouvait détenir le pouvoir de percer ses secrets, les bons comme les mauvais. Toi d'abord réplique t-elle rapidement, d'une voix fluette et douce, alors qu'elle ne la quitte pas du regard. Que se passe t-il dans l'esprit des adultes ? Tu devrais faire attention à rêvasser ainsi, tu aurais pu tomber sur un puma. Un avertissement bien sage pour une pouliche si jeune. Elle semblait être bienveillance et gentillesse, cette douce enfant.

Entre autre. Vipères, scorpions, et tout un tas d'autre chose. Ma famille, aurait-elle pu s'amuser à dire aussi. Les terres du Sud n'étaient pas les reposantes et accueillantes, même maintenant que sa famille n'en était plus à sa tête. La pouliche ne lâche pas la rouquine du regard, toujours attachée à l'entreprise de découvrir ce qui pouvait bien la rendre imprudente comme ça. Cerseï. lui dévoila t-elle à son tour. Ta maman t'as pas appris à faire plus attention ? S'en était presque une réprimande si le ton n'avait pas été aussi doux.

Cerseï aurait pu afficher une mine horrifiée, glisser un regard compatissant et lui frotter l'épaule avec douceur de ses naseaux duveteux. Mais elle n'en fit rien. Elle se contenta de la regarder droit dans les yeux et d'hausser à son tour les épaules, un peu par mimétisme. Elle apprenait en observant. Moi non plus. dévoile t-elle à son tour, comme si cela n'avait au final pas la moindre importance. Et à quoi tu penses ? finit-elle par demander. Elle n'avait pas encore d'expérience pour le deviner d'elle même, elle devait se rendre à l'évidence.

Mais la petite n'était pas orpheline, elle avait son père, sa grand mère, oncle et tantes. Elle était bien entourée, un peu trop peut être. Alors l'absence d'une mère ne se ressentait pas dans tout ça. Bien qu'elle ait sa manière bien à elle de voir certaines choses.
Cerseï ne se laisse pas démonter par le ton soudainement plus abrupte de la dénommée Jiyuu. J'apprends. rétorque t-elle.

Si je n'apprends pas ça, j'apprendrai d'autres choses de toi, ce n'est pas dépendant de ta volonté. confie t-elle, puis pour appuyer ses propos, elle hausse les épaules avec une certaine nonchalance. Un sourire, à la fois doux et taquin, s'ensuit vite sur ses lèvres enfantines.
Elle avait effectivement grandi trop vite. Mais peut-il en être autrement lorsque l'on meurt avant de vivre ?

( Sorry pour le retard )

Son comportement était étonnant, elle n'avait encore jamais été confronté à ce genre d'individu, aussi méfiant envers ce qui s'apparentait à une simple enfant. Cela la rendait grandement intéressante aux yeux de Cerseï, qui voulait pousser son analyse encore plus loin, voir jusque dans quels retranchements elle était capable de la mener, de la pousser.
La pouliche penche légèrement sa tête de côté, comme si elle pourrait en apprendre plus sous cet angle. Pourquoi ? demande t-elle, avec une certaine once d'innocence.